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du 28 novembre au 14 décembre
UBU, compagnie de création, présente à l'Usine C une nouvelle oeuvre coproduite avec le Théâtre Français du Centre National des Arts: Quelqu'un va venir du dramaturge norvégien Jon Fosse, dans une mise en scène de Denis Marleau. Dans une langue simple, minimaliste, qui s'enfonce comme une vrille pour toucher les couches insoupçonnables de la psyché humaine, Fosse déploie une effrayante et quotidienne histoire de jalousie.Avec Pascale Montpetit, Pierre Lebeau et Alexis Martin.
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par David Lefebvre
On en parlait depuis plusieurs semaines; la pièce Quelqu'un va venir allait réunir Pierre Lebeau, Pascale Montpetit, Alexis Martin (déjà là un cadeau spectaculaire!) et le metteur en scène Denis Marleau. Tout était réuni pour une soirée inoubliable; mais qu'est-il donc arrivé?
Un homme et une femme semblent vouloir fuir pour se retrouver seuls, ensemble. Ils achètent une maison loin de tout pour s'y installer. Puis, la femme sent que quelqu'un va venir. Et l'inévitable survient. L'histoire se résume ainsi. On plonge dans le désespoir de ce couple, dans la solitude, dans le mécanisme de la vie et le destin qui frappe. C'est une pièce qui aurait pu être un succès mémorable. Mais quelque chose a cloché. Pourtant, le décor est stylisé (le cadre d'une maison, sans toît ni murs, sur un quai, qui tourne pour nous donner toutes les perspectives voulues) avec une table, des chaises et un banc, tout de bois. Nu, simple, frappant. Le jeu de lumière est subtil, adéquat à l'ensemble du tableau, masquant parfaitement les zones d'ombre mais alimentant les parties sobrement éclairées . Les comédiens jouent très bien un texte écrit sans ponctuation, y mettant du coeur et de la vie, respectant les moments de silence. Pierre Lebeau joue l'homme fragile, qui sent que tout peut se briser; Pascale Montpetit acte sous des airs, au départ, de poupée qui répète, puis qui se sent mieux rendue dans son immense maison de jouets, et Alexis Martin, en voisin, en bon garçon qui ne veut que fraterniser (et qui semble avoir le béguin pour Elle) est crédible à souhait et apporte le rire qui manque à cette pièce. Le texte est un exercice de style : on y prend une cinquantaine de mots clés et on les répète (toi et moi, seuls, seul ensemble, toi et moi, dans cette maison, seuls, ensemble...) ; ce qui, chez Beckett, donne un sens profond au texte et au personnages. Mais ici, la répétition hypnotise et endort, détruit la subtilité qu'elle aurait pu apporter. Et la lenteur... la mise en scène, d'une lenteur époustouflante, ralentit les temps de réaction et alourdit tout le spectacle. Avec un rythme plus rapide, les phrases auraient pris leur sens, les mots inlassablement dictés par Elle (Quelqu'un va venir, je le sens, quelqu'un va venir) aurait créé un certain suspense, on aurait même pu aller beaucoup plus loin entre les personnages de l'Autre (Alexis Martin) et Elle (Pascale Montpetit) en augmentant l'intensité sexuelle, du moins la rendant plus palpable que ce qu'on nous présente dans la pièce.
Une soirée qui aurait pu être un grand succès, mais l'ennui est si frappant qu'on en sort déçu, désolé pour ces si bons comédiens.