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Le Schpountz
Du 7 mai au 8 juin 2019

Dans un petit village éloigné du Québec, un jeune homme veut s’évader à tout prix de sa vie monotone dans l’épicerie familiale.

Malgré le scepticisme de son entourage, il est persuadé d’avoir un grand talent caché de comédien tragique. Lorsqu’une équipe de cinéma débarque dans la région pour un tournage, il se précipite à leur rencontre. C’est alors que la chance lui sourit. Contre toute attente, on voit en lui un immense potentiel et on lui fait signer un contrat pour jouer dans un grand film le rôle du « schpountz » ! Il part alors pour la grande ville, valise en main, prêt pour la brillante carrière à laquelle il se croit destiné. Mais si c’était trop beau pour être vrai…

Scénario du grand auteur Marcel Pagnol (Marius, Fanny, César, La femme du boulanger), Le Schpountz a été écrit suite à ses expériences dans le merveilleux monde du cinéma. En plus d’une satire sur ce milieu et ses artisans, la pièce offre une réflexion touchante sur le travail de l’acteur comique. Adaptée au goût du jour par Emmanuel Reichenbach (Intouchables, Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?), c’est Denise Filiatrault qui en fera la mise en scène.


D'après un scénario de Marcel Pagnon
Adaptation Emmanuel Reichenbach
Mise en scène Denise Filiatrault
Avec Rémi-Pierre Paquin, Stéphan Allard, Raymond Bouchard, Marilyse Bourke, Normand Carrière, Alexandra Cyr, Mathieu Lorain Dignard, Philippe Robert, Linda Sorgini


Crédits supplémentaires et autres informations

Décors Jean Bard
Costumes Pierre-Guy Lapointe
Accessoires Pierre-Luc Boudreau
Éclairages Martin Sirois
Musique Guillaume St-Laurent
Maquillages et coiffures Jean Bégin

Les mardis et mercredis 19h30, jeudis et vendredi 20h, samedis 16h - samedis 11 mai et 25 mai 16h et 20h, dimanche 26 mai 15h
Pas de représentation le mardi 28 et mercredi 29 mai, le mardi 4 et mercredi 5 juin

Tarifs :
Régulier 55$
30 ans et moins 38,50$
65 ans et plus 49,50$

Une coproduction Encore Spectacles et 9207-7569 Québec Inc.


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Critique disponible
            
Critique

Dans la présente mode d’adaptation de succès cinématographiques sur les planches montréalaises, le Théâtre du Rideau Vert constitue certainement l’un des chefs de file. Après une relecture toute québécoise sous la gouverne de Denise Filiatrault de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?, d’après le film qui a « cartonné » au box-office, et une autre d’Intouchables par René Richard Cyr, un classique de Marcel Pagnol à la sauce 2019 foule les planches du théâtre de la rue Saint-Denis. L’action du Schpountz, qui avait été au départ scénarisé et réalisé à la fin des années 1930 par l'auteur du Château de ma mère, se retrouve transposée au Québec à notre époque. Sympathique et prévisible, l’exécution scénique s’avère néanmoins distrayante.

Mise en scène par Filiatrault, la production compte sur des valeurs sûres, dont Emmanuel Reichenbach à l’adaptation, comme pour les deux spectacles mentionnés plus haut. La distribution comprend des artistes appréciés du grand public comme Rémi-Pierre Paquin, Raymond Bouchard, Marilyse Bourke et Linda Sorgini. Dans le programme de soirée, le Rideau Vert précise son souhait d’offrir quelques effluves du « printemps avec cette histoire engageante d’un homme qui part en quête de l’inaccessible étoile ». Les destins des honnêtes âmes qui triomphent des échecs et du cynisme touchent toujours une corde sensible.






Crédit photos : Françcois Laplante Delagrave

La référence cinématographique de deux heures (et en noir et blanc) reposait en grande partie sur la performance magistrale de Fernandel dans le rôle-titre, en plus des réparties savoureuses et truculentes de Pagnol. Sans en posséder autant de charme et de candeur, la présente transposition garde tout de même les grandes lignes du récit et les principaux personnages. Écourtée à une heure et demie sans entracte, l’intrigue de cette version de « chez nous » s’amorce dans un petit village de la Côte-Nord. Théo, commis à l’épicerie « fine » de son oncle bourru (Bouchard) qui l’a recueilli avec son frère (Philippe Robert) lors du décès de son père, s’ennuie et souhaite quitter son milieu peu stimulant. Comme la Louise Tétrault de la comédie musicale Demain matin, Montréal m’attend de Michel Tremblay, ce campagnard aspire à la gloire et la richesse. Il projette ses ambitions en relatant à son entourage sceptique de ses idéaux les potins sur nos vedettes locales (comme Francis Reddy, supposément allergique au quinoa). Au commerce, débarque un jour une équipe de cinéma, composée d’une réalisatrice (Bourke) et de deux assistants (Stéphan Allard et Alexandra Cyr), en tournage dans la région. Théo croit à un signe du destin et leur propose de passer une audition. Pour rire de sa naïveté, le trio lui fait signer un faux contrat lui promettant le rôle principal du film Le Schpountz (d’où le titre) qui dort sur les tablettes, faute d’avoir trouvé la perle rare. Notre héros part alors pour Montréal en quête de cette « inaccessible étoile ».

Sans briller par son audace, la mise en scène de Denise Filiatrault reste efficace et sans flafla. À entendre les nombreux rires lors de la représentation, l’auditoire ne s’ennuie pas. Par contre, il manque à cette production une dose de folie, ou une tendresse prégnante comme dans l’univers reconnaissable de Pagnol, pour créer un plaisir qui perdure longtemps après avoir quitté la salle.

Si Reichenbach a grandement modifié le contexte pour l’apprêter au goût du jour, il a laissé quelques-unes des phrases célèbres, entre autres l’indémodable « Tout condamné à mort aura la tête tranchée », que décline un Théo fier sur divers tons au grand plaisir de l’équipe de cinéma. La progression dramatique ne change pas, tout comme la dichotomie entre les individus (les ambitieux urbains en opposition aux ruraux au cœur pur et aux valeurs simples).

L’une des qualités de ce Schpountz demeure son rythme qui ne perd jamais de sa cadence. Entre les scènes, les comédiennes et comédiens effectuent les changements de décors et d’accessoires à la vue du public, accompagnés des arrangements musicaux réussis de Guillaume St-Laurent. Sans briller par son audace, la mise en scène de Denise Filiatrault reste efficace et sans flafla. À entendre les nombreux rires lors de la représentation, l’auditoire ne s’ennuie pas. Par contre, il manque à cette production une dose de folie, ou une tendresse prégnante comme dans l’univers reconnaissable de Pagnol, pour créer un plaisir qui perdure longtemps après avoir quitté la salle.

Heureusement comme dans de nombreuses réalisations de Mme Filiatrault, les interprètes se révèlent à la hauteur des attentes. Le Théo de Rémi-Pierre Paquin démontre autant une effronterie sympathique au cours des premières scènes qu’une résilience de plus en plus attendrissante devant les revers qui parsèment sa route. En tonton grincheux, Raymond Bouchard dévoile un formidable sens du comique. Linda Sorgini s’illustre quant à elle une fois de plus dans sa composition d'une productrice redoutable et aguicheuse. Mentionnons aussi le double emploi de Philippe Robert dans des rôles aux antipodes, soit en frère attentionné et en réalisateur français des plus chiants (apparition assez loufoque). Crédibles, leurs partenaires de scène ne bénéficient toutefois pas de partitions aussi fortes, même s’il aurait été amusant de voir le tandem Marilyse Bourke et Stéphan Allard montrer plus d'arrogance et d’hypocrisie au moment où il se moque des illusions du protagoniste.

Juste avant la saison estivale de théâtre bientôt à nos portes, le Rideau Vert ajoute sa touche de légèreté avec un Schpountz sage, mais rempli de bons sentiments.

14-05-2019


 
Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793

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