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Mise en scène de Guillermo De Andrea
Avec Viola Léger
Costumes : François Barbeau
Aglaé contemple, du haut de ses soixante-quinze ans, une vie d’attente, de doute, de tranquille résignation… en fixant son tapis qui dessine son destin de vieille fille.
Barbe, dite Babée, regarde sa vie d’encore plus haut : couchée dans son cercueil, un œil sur ce bas-monde qui escorte ses derniers moments, l’autre dans l’au-delà qui a déjà accueilli son dernier soupir.
Tandis que Marichette, qui reluque avec la même anxiété ses voisins rivaux et ses trente-six cartes de bingo, voit le bonheur de sa vie suspendu à quelques numéros chanceux.
par Geneviève Germain
La Sagouine est une légende. Celle qui, sous sa plume, lui a donné naissance, Antonine Maillet, a réussi à forger un personnage présent sur les planchers de théâtre depuis maintenant 30 ans. Auteure acadienne, elle prête à ses textes des accents tout droit sortis de son patelin. Fidèle au rendez-vous, Viola Léger incarne une fois de plus la Sagouine. Indissociable de ce personnage, puisqu'elle lui a donné vie plus de 2000 fois, l'actrice et sénatrice interprète également, dans La Sagouine et son monde, les personnages d'Aglaé, Babée et Mariette.
C'est dans un espace simple et dénudé qu'elle nous invite. La scène n'est composée que de quelques chaises et de rares accessoires. Seule, mais chaudement accueillie par le public, Viola Léger nous présente, tour à tour, des personnages à la parole franche, aux propos empreints d'humour. Attachante dans son rôle d'Aglaé, une vieille fille au célibat involontaire, et diablement drôle dans la peau de feu Babée, qui du fond de son cercueil commente ses propres funérailles, cette dame lumineuse et pimpante nous transporte dans l'univers de la Sagouine comme on traverse une épopée.
La pièce est constante, ponctuée régulièrement d'éclats de rire du public, composé en majeure partie de quadra et quinquagénaires. Les histoires qui y sont racontées, bien que peu reluisantes en soi, sont rehaussées d'un langage singulier, empruntant des mots pas toujours connus des Montréalais. D'ailleurs, un lexique est offert à l'entrée. Pour des oreilles peu habituées, les textes peuvent devenir déroutants par moments, nuisant quelque peu à l'appréciation de la pièce.
L'on retient principalement la majestueuse interprétation de Viola Léger qui, malgré ses nombreuses décennies à son actif, offre une énergie et une présence inestimables. Je recommande toutefois à ceux et celles qui ne connaissent pas la Sagouine de s'initier quelque peu avant de se présenter au théâtre, sinon de s'armer de patience. Car deux heures peuvent sembler plus longues lorsque l'on tarde à décoder les subtilités et les expressions de l'accent acadien.