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Du 19 au 30 octobre 2010
Profils atypiquesProfils atypiques
Textes de Koffi Kwahulé, Louis-Dominique Lavigne et Nadège Prugnard
Mise en scène Khalid Tamer et Julien Favart
Avec Angélique Boulay, Annick Fontaine, Zakariae Heddouchi, Olivier Parisis et Jean-Léon Rondeau

Trois auteurs,
Trois cultures
Trois continents.

Quelle est la place du travail dans le cœur de l’homme ? En quoi ne pas en avoir est-il un drame qui pousse certains à prendre des décisions extrêmes, d’autres à accepter aujourd’hui ce qu’hier ils refusaient ? Et pourquoi le sens même de nos vies en dépend-il à ce point ?

Aucun héros dans ce spectacle, que des hommes et des femmes qui se débattent dans un univers où l’être humain n’est souvent qu’une ressource jetable.

Avec humour et cruauté, dans un engagement social avoué, Profils Atypiques expose le monde qui nous entoure. Il donne parole à ces gens qui, parce qu’ils sont trop vieux, trop jeunes, pas assez diplômés, d’origines ethniques diverses, n’entrent pas dans les cases très stéréotypées des recruteurs d’emplois.

Profils Atypiques s’est construit autour d’un problème universel vécu dans toutes nos sociétés. Le spectacle réunit des auteurs et des artistes en provenance de trois continents, de trois territoires culturels différents, mais partageant des expériences qui les rassemblent.

Lumières Antoine Cherix 
Scénographie Virginie Chevalier
Création sonore Samuel Favart

Une production Coopérative les ViVaces, Cie Graines de Soleil (France), Collectif éclats de Lune (Maroc)
www.profilsatypiques.com

Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas

Le spectacle théâtral Profils atypiques porte bien son nom. Cette coproduction de la Coopérative les ViVaces (Québec), de la compagnie Graines de Soleil (France) et du Collectif éclats de Lune (Maroc) réussit le double pari de nous émouvoir et de nous interroger sur les réalités aliénantes du monde du travail dans nos sociétés contemporaines.

En mêlant leurs six mains, les auteurs Louis-Dominique Lavigne, Nadège Prugnard et  Koffi Kwahulé ont créé un univers éclaté dans sa forme, mais cohérent et clair dans son contenu. Plusieurs spectateurs québécois avaient découvert l’écriture de Kwahulé avec le remarquable Big Shoot il y a quelques années. Durant l’heure et des poussières de la représentation (peut-être un peu trop courte), différents protagonistes s’expriment sur l’univers impitoyable de l’emploi et de sa précarité grandissante à mesure que s’accroit le capitalisme le plus sauvage. Patrons sans scrupules entre deux balles de golf, chômeur désabusé par le système, employée harcelée sexuellement, nous avons sous les yeux un portrait peu reluisant du monde professionnel, entre confidences choquantes et complaintes à la guitare qui évoquent Brassens. Ces hommes et ces femmes de tous âges se démènent dans un monde où l’humain ne représente souvent qu’une ressource jetable.

Les cinq comédiens sont tous très doués ; Angélique Boulay, Annick Fontaine, Zakariae Heddouchi, Olivier Parisis et Jean-Léon Rondeau endossent à tour de rôle les victimes et les bourreaux sans verser dans la caricature. La proie ingénue et le chômeur incarnés respectivement par Annick Fontaine et Jean-Luc Rondeau se démarquent par leur discours particulièrement émouvant. Par ailleurs, le mariage interculturel de la pièce évite heureusement les clichés souvent apparents dans ce genre de collaboration. Les différences dans les accents québécois, européens et africains confèrent ici une dimension actuelle à un fléau qui transcende les cultures, langues et continents pour atteindre l’universel.

Dans un espace dépouillé, Khalid Tamer et Julien Favart proposent une mise en scène aussi énergique que sensible, représentative autant de la course effrénée des acteurs au début du spectacle que des passages plus introspectifs. Sans se démarquer, les chansons interprétées à la guitare par l’un des protagonistes, qui refuse d’abdiquer malgré les revers de fortune, traduisent bien la douleur et l’espoir.

Production rassembleuse et socialement engagée, Profils atypiques a recueilli des applaudissements nourris et enthousiastes lors de la première médiatique, palpable illustration de la pertinence et de l’acuité de son message essentiel comme jamais. Une parole humaniste qui atteint ainsi pleinement sa cible.

22-10-2010

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