texte ANTON TCHEKHOV [texte français de Pol Quentin]
adaptation et mise en scène CRISTINA IOVITA
avec Marcelo Arroyo, Charles Baillargeon, Charles Bender, Vincent Côté, Marina Egorova, Sharon Ibgui, Brigitte Pogonat, Milane Ricard, Pierre-Étienne Rouillard

Russie, fin du XIXe siècle, dans une ville de province : Platonov et ses amis, aristocrates et intellectuels, se morfondent dans l’oisiveté. Pendant leur jeunesse, ils étaient tous adeptes du socialisme utopique et du progrès social. À présent, flairant la trentaine et déjà courbés sous les échecs de toutes sortes, ils sont moins préoccupés par le salut de l’humanité que par leurs propres ennuis. L’intrigue débute au moment où la jeune veuve Anna Petrovna organise une fête à son domaine. Dans cette atmosphère plutôt décadente, l’instituteur Platonov traîne sa hargne et son désœuvrement existentiels. Tel don Juan, il multiplie les conquêtes, les quiproquos et accumule les trahisons envers tous. Englué dans ce tissu d’inconséquences, Platonov provoque les complots : on veut sa peau !

De cette pièce fleuve, écrite par Tchekhov autour de 1880 et rarement jouée, Cristina Iovita a tiré une adaptation qui met l'accent sur la jeunesse intellectuelle et ses ratages : Je n’ai ressuscité de la pièce originale que les personnages dans la trentaine reléguant les “pères fondateurs” au passé... J’ai cherché le contour archétypal plutôt que la variation psychologique dans les personnages ressuscités, l’universalité du thème plutôt que le drame personnel dans la trame.
Bien sûr, le sujet est tragique, mais l'expression, telle que voulue par Tchekhov, loin de suivre la substance de l'histoire, abonde d'effets comiques qui font penser au vaudeville et à la farce : l'avalanche de tentatives d'assassinat et de suicides ratés, de chantages précédant la mort du fou, enlève à celle-ci la signification majeure de sacrifice.
Tchekhov a toujours affirmé, envers et contre tous, écrire des comédies : ...c'est Stanislavski qui les a rendues larmoyantes… Je voulais seulement dire aux gens, honnêtement : Voulez-vous comprendre combien vous vivez mal, combien votre vie est morne !

Ce fou de Platonov donne la clé pour l’interprétation comique de sa création tout entière : le drame de l’intellectuel incapable d’oublier ses idéaux sociopolitiques, mais également incapable de les affirmer dans le contexte mercantile où il passe sa vie. Ce paradoxe est exprimé dans Platonov comme une immense farce, comme une désertion déguisée en renoncement à la mission fondamentale de l’intelligentsia.

Un siècle plus tard, en 2005, partout dans le monde, l’intelligentsia se retrouve dans la même impuissance d’agir contre les tendances destructrices de l’argent ou des idéologies extrémistes. Ce fou de Platonov est une des pièces les plus vibrantes d’actualité du répertoire moderne, une des tragicomédies les plus représentatives de notre époque. Le Théâtre de l’Utopie abordera cette œuvre à travers son style de jeu unique inspiré de la commedia dell’arte, révélant ainsi le côté comique et philosophique du texte de Tchékhov. Comme dans la commedia traditionnelle, nous souhaitons que du rire naisse la réflexion.

Assistance à la mise en scène, régie Laurie-Anne Sansregret
Décor, costumes, accessoires Fruzsina Lanyi assistée de Mélina Dupin Girod
Lumières Anne-Catherine Simard Deraspe
Musique Benoît Rolland
Source : Théâtre de l’Utopie

Du 29 mars au 6 avril 2005
Billetterie : 526-6582