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Du 30 avril au 17 mai 2015
Garde-robeGarde-robe
pour les 4 à 8 ans
Texte et mise en scène : Joël da Silva
Avec Francis Colpron et Marie-Hélène da Silva

C’est un jour de printemps, le jour du grand ménage. Pauline étend son drap sur la corde. Le vent s’y engouffre, et hop, Pauline le capture! Ravie d’avoir ce nouvel ami, elle le cache vite dans sa garde-robe. C’est dans cet espace réduit, confortable et bien organisé qu’elle apprivoise l’espiègle vent, qui s’engouffre partout et ébouriffe tout. Avec lui, Pauline affronte ses peurs et libère son fou. Ensemble, dans cet espace intime chargé de symboles et de souvenirs, ils chantent, dansent et font de la musique. Du fond de la mystérieuse garde-robe, ils réinventent les quatre saisons au gré des jeux et des vêtements qu’ils enfilent.

Un harmonica de verre? Des imperméables qui se transforment en épouvantails? Ce sont quelques-uns des cadeaux qu’offre aux enfants ce spectacle musical jubilatoire, à la mise en scène totalement inspirée. La musique, intégrée à chaque scène avec beaucoup d’inventivité, rythme le passage des saisons et les échanges des interprètes. Habitant la scène avec générosité, ces derniers s’interpellent et se répondent, jouant avec finesse de leurs instruments tout autant qu’avec le rythme et la sonorité du langage. Sur des rails, glissent des cintres qui leur permettent d’endosser un vêtement, puis un autre. Ainsi, à travers le temps qui défile, ils guident les enfants sur le parcours d’une amitié qui se joue sous leurs yeux. Garde-robe est un spectacle frais et aérien comme un vent d’été!


Section vidéo


Éclairages : Mathieu Ferdais
Décors et costumes : Patrick Martel
Conception sonore : Francis Colpron
Direction artistique : Marie-Hélène da Silva
Photos : Claudine Larocque

Rencontre avec les artistes : dimanche 3 mai, 15 h

Durée 50 minutes

Une production Le Moulin à Musique


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Claudine Larocque

Près d’une décennie depuis sa création en 2006, la production Garde-robe continue de séduire petits et grands avec son aura de mystère et de découvertes ludiques.

Sur la scène de la Maison Théâtre, le joli spectacle, concocté avec grand soin et délicatesse par la compagnie Le Moulin à Musique et l’ensemble Les Boréades de Montréal, se démarque par sa facture visuelle simple, néanmoins très efficace et métaphorique. Il constitue également une incursion musicale riche et foisonnante pour les jeunes spectatrices et spectateurs grâce à l’utilisation de divers instruments comme la flûte à bec, le violon, des percussions, le xylophone, ou encore des objets de la vie courante comme des verres de vitre qui émettent aussi des sons harmonieux.

Pendant les cinquante minutes de la représentation, nous assistons à une rencontre entre un individu et un élément de la nature. Le visible et l’invisible se côtoient. L’histoire s’amorce sur un plateau scénique où trône au centre un écran carré blanc et sur les côtés, deux patères recouvertes de vêtements. La garde-robe devient dans la pièce le lieu des secrets que l’on veut préserver précieusement, pour ne pas les altérer au gré du temps qui passe.

Un jour de printemps, Pauline (Marie-Hélène da Silva) étend un drap sur la corde à linge. Soudain, le vent surgit sans qu’elle s’y attende. Pauline attrape le vent au vol et le range chez elle dans sa penderie. Cette rencontre lui permet de s’affranchir de ses peurs et du monde extérieur. À tour de rôle se succèdent les quatre saisons dans toutes leurs splendeurs et leurs caractéristiques propres. Les différentes tenues deviennent également des protagonistes à part entière qui se métamorphosent sous nos yeux.


Crédit photo : Claudine Larocque

Lors des vacances d’été, Pauline se retrouve à la plage alors que défilent sur l’écran une multitude d’images colorées comme le générique d’une chaîne télévisée. Une chanson yéyé se fait entendre, le vent tourne les pages de son livre. À l’opposé de cette atmosphère drôle, pétillante et légère, l’hiver est symbolisé plus tard, quant à lui, par ses images féériques, ses éclairages plus tamisés, notamment une superbe lumière mauve. La comédienne joue alors du violon, vêtue d’un habit vert, de bottes, de sa tuque et de son foulard. Des flocons de neige, comme des confettis, tombent sur elle. L’image évoque le Slava Snow Show ou l’une des plus belles séquences d’Alegria du Cirque du Soleil. Entre les deux saisons contraires, apparait à l’automne Paulette, la sœur de Pauline habillée comme une sorcière endiablée et joueuse frénétique de violon sous des teintes rouges vives.

Le vent prend les traits du flûtiste Francis Colpron, très à l’aise dans sa personnification en chair et en os d’une matière invisible. Avec sa salopette grise, le musicien ressemble à un grand enfant au sourire moqueur, toujours en quête d’une surprise pour sa nouvelle amie.

Le texte écrit par Joël da Silva traduit bien cet état d’esprit d’ingénuité et d’émerveillement face aux imprévus et changements. Les mots constituent aussi une matière vivant dans lesquels mordent les interprètes. À un moment précis, l’héroïne s’amuse à décliner une série d’onomatopées pour le plus grand plaisir du public. Dans la peau de Pauline (et également de Paulette) Marie-Hélène da Silva possède une sensibilité enfantine, curieuse et intrépide qui colle parfaitement à la personnalité du rôle. L’auditoire embarque d’emblée avec elle, dans ses découvertes et aventures, ses joies, ses peines et ses frayeurs. Elle compte heureusement sur la complicité de son partenaire toujours en symbiose et en écoute dans cette valse de saisons toujours frémissantes comme le cycle de la vie.

Les années passent, mais n’altèrent en rien le plaisir de regarder une Garde-robe toujours aussi truffée de plaisir, de sensibilité et de rigolade.

04-05-2015