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Du 9 au 30 mars 2013
Clara dans les boisClara dans les bois
pour les jeunes de 4 à 8 ans
Texte : Pier-Luc Lasalle
Mise en scène : Hélène Blanchard
Avec Valérie Boutin, Chantal Dupuis et Maxime Perron

Convaincue que son papa a oublié de venir la chercher après son cours de violon, Clara s’inquiète. Au même moment, Mélodie, chanteuse d’opéra, arrive en coup de vent : elle n’a plus de voix. Sa voix se serait-elle égarée là-bas, dans la forêt ? Clara pourrait peut-être l’aider à la retrouver... mais elle ne doit pas s’éloigner ; il faut qu’elle attende sagement son papa. Elle n’aurait pourtant qu’à faire un pas à l’orée du bois pour voir si la voix y est. Un pas, deux pas, trois pas, et voilà Clara dans les bois ! Seule, elle doit faire preuve de courage, de détermination et même de panache pour vaincre ses peurs et devenir un peu plus grande.

Une création du Théâtre des Confettis
Fondé à Québec en 1977, le Théâtre des Confettis est reconnu pour l’audace de ses choix et son apport important au développement de la dramaturgie enfance-jeunesse. La compagnie, dont le désir de collaboration artistique n’a pas de frontière, a à son actif vingt-quatre productions. Onze de ces spectacles, ou les artistes qui y ont été associés, ont été fi nalistes ou lauréats pour diff érents prix à Québec, Montréal et Toronto, dont six Masques décernés par l’Académie québécoise du théâtre. Dans chacune de ses réalisations, le Théâtre des Confettis cherche à conjuguer réalité et imaginaire, humour et fantaisie, veut émerveiller, séduire et émouvoir et tente aussi de susciter des questions, d’inciter à la réfl exion et de favoriser un rapprochement entre enfants et adultes.


Assistance à la mise en scène : Claudia Gendreau
Conception des décors et des jeux d'ombres : Marie-France Thibault
Musique et environnement sonore : Jean-Frédéric Messier
Éclairages : Sonoyo Nishikawa
Costumes : Erica Schmitz
Voix chantée Sarah Albu
Photo Vincent Champoux

Une rencontre avec les artistes aura lieu le dimanche 10 mars, après la représentation de 15 h.

Une création du Théâtre des Confettis


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Louise Leblanc

Clara dans les bois est la troisième et dernière création originale présentée cette année à la Maison Théâtre, et la 25e en 35 ans d'activité du Théâtre des Confettis. La compagnie de Québec nous a offert par le passé de petits bijoux théâtraux, tels que Les mécaniques célestes, Conte de la lune, Wigwam et Amour, délices et ogre. Cette nouvelle production, signée par le jeune auteur Pier-Luc Lasalle (L'anatomie du chien, La fête à Jean, ou pour les plus petits, La vie des tamagotchis) et mise en scène par la codirectrice artistique et générale de la compagnie, Hélène Blackburn, ne convainc malheureusement pas.

Clara attend son papa, assise sur un banc, après son cours de violon. Comptant jusqu'à 10, elle espère qu'il arrivera avant qu'elle ne rouvre les yeux. Surgit de nulle part Mélodie, une chanteuse d'opéra qui a perdu la voix. Elle demande l’aide de la petite musicienne, et ensemble cherchent aux alentours. Mélodie propose alors qu'elles se séparent. Clara, réticente, ne voulant pas manquer l'arrivée de son père, s'aventure tout de même dans les bois et s’y perd, en suivant le vent.

Si la prémisse est intéressante, voire intrigante, le corps de la pièce est très décevant. Les aventures de la petite, si l’on peut les nommer ainsi, sont tout sauf excitants ou effrayants, alors que la majorité du texte repose sur le courage d'affronter ses peurs. La trame prend une tangente doucereuse et n'offre que de rares et trop minces péripéties. L'écriture de Lasalle s'avère répétitive, boiteuse ; on retient davantage les moments autocritiques de Clara, qui se dénigre souvent et dit n'être qu'une enfant après tout, plutôt que les efforts qu’elle déploie et invente pour s’encourager, en s’inspirant des animaux qu'elle rencontre. L'exploration de certains sujets plus profonds, comme la peur de l'oubli qui revient souvent dans le discours de Clara, demeure en surface. Les plus petits finissent ainsi par s’ennuyer, et les plus vieux perdent rapidement intérêt.

Par contre, les comédiens s'en sortent relativement bien. Valérie Boutin propose une petite Clara charmante, allumée, malgré la redondance des répliques. Elle porte littéralement le spectacle sur ses épaules, étant seule sur scène une grande partie de la représentation ; on ne peut lui reprocher que bien peu de choses. En chanteuse d'opéra à la voix en fugue, Chantal Dupuis est juste et colorée, mais n'apparaît qu’à deux courtes reprises ; dommage. Maxime Perron joue le rôle du narrateur, présentant Clara au public : de sa voix trop formelle et souvent sèche, il impose un personnage manquant de chaleur, alors qu’il pourrait être source de connivence. À l’instar de Mélodie, il n’occupe la scène que quelques minutes en début de spectacle. Sa présence suscite ainsi quelques interrogations, et pas seulement chez les adultes ; certains enfants se demandaient bien, lors de la première, qui il était et ce qu’il faisait là. Par contre, le comédien, en fin de course, incarne un père aimant, attentionné malgré son retard, expliquant à sa fille qu'il lui serait impossible de l'oublier, elle qui vit toujours en lui. La scène finale s'avère ainsi la plus réussie de la production, sans pour autant sauver les meubles.

Le décor (Marie-France Thibault) nous transporte dans un univers de contes, avec ces immenses feuilles suspendues, cet arbre et ces arbustes opaques qui se déplacent doucement. En fond de scène, des ombres projetées sur un écran beige tentent de dynamiser des moments plus statiques, mais sans grand succès. Le procédé est sous-employé : on perçoit un loup ici, des lignes pour représenter un orignal, des formes abstraites là, sans que cela apporte une réelle contribution au spectacle. Sous la forme d’une marionnette, un écureuil éveille la curiosité : on se surprend à espérer qu’il est source de découverte, d’humour, de situations fantastiques, mais ne sert finalement qu’à peu de choses. À force de vouloir être trop réaliste dans un monde fantaisiste, on perd toute la magie et la créativité qui pourraient s’en dégager.

Sur le plan visuel, le plateau est donc joli, grâce aux éclairages de Sonoyo Nishikawa, mais il paraît malgré tout figé, plaqué, et trop éloigné du public – une immense bande noire de scène inutilisée sépare la salle de l’espace de jeu. Créer une certaine proximité avec les spectateurs aurait pu accroitre l’effet de projection et d'association : se perdre avec Clara, avoir peur et vaincre l’angoisse avec elle, au lieu de sentir en retrait et de n’assister qu’à une fable.

Les costumes (Erica Schmitz), pour les personnages de Clara et de Mélodie, sont d'une belle confection : Clara nous apparaît comme un Chaperon rouge moderne, alors que Mélodie, avec sa robe jaune serin et son jupon à volants multicolores, en diva plutôt sympathique.

Même si l’on peut entrevoir un certain potentiel à la pièce, il manque à Clara dans les bois beaucoup d’éléments pour qu’elle puisse réellement se démarquer, divertir les petits tout en leur inculquant les notions de courage, de résilience et de détermination. Si Clara grandit grâce à cette expérience angoissante, il faudra que cette création s’en inspire, évolue et grandisse pour se révéler complètement.

14-03-2013