Du 3 au 13 février 2010
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Tante TTante T

(de 7 à 12 ans)

Texte Érika Tremblay-Roy
Mise en scène Isabelle Cauchy
Interprétation France Arbour, André Gauvreau, Pascale C. Tremblay, Érika Tremblay-Roy

Tante T parle tout le temps. En marchant. En mangeant. En dormant. Depuis son arrivée dans la famille, elle chamboule les habitudes de tout le monde. En particulier celles de l'Enfant, de qui elle a accaparé la chambre et, surtout, la place. Le discours effréné de Tante T rythme les activités de la maisonnée, transformant le couple en une « mèrépuisée » et un « pèrirrité ». L'Enfant rêve de faire taire cette vieille tante... Et voilà qu'un matin, l'Enfant y parvient. Mais, ô surprise, le silence tant espéré plonge la famille dans un grand désarroi...

Tout en musique et en chansons, Tante T raconte les difficultés de cohabitation de trois générations. Le texte, livré comme une partition musicale, explore les sons et le rythme des mots pour nous parler de la mémoire. Intégrant aussi bien les scènes chorégraphiées que mimées, le spectacle nous fait vivre avec humour et intelligence les hauts et les bas d'une famille qui accueille une tante en perte d'autonomie.

ACTIVITÉS D'ANIMATION THÉÂTRALE

Le 7 février 2010, 16 h
Rencontrez les artistes du spectacle après la représentation. Gratuit.

Musique Laurier Rajotte
Scénographie et costumes Louis Hudon
Chorégraphie Catherine Tardif
Éclairages Thomas Godefroid
Direction de production Patrice Daigneault
Assistance à la production Amélie Bergeron

Durée : environ 55 minutes

Crédit photo : Martin Blache

Une création du Petit Théâtre de Sherbrooke

Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

par David Lefebvre

Tante T habite la maison familiale depuis deux ans maintenant. Si ce n'était que ça... mais elle parle, elle babille, elle papote, sans arrêt. La famille, exténuée, ne rêve que de tranquillité et de silence. Mais lorsque l’Enfant se débarrasse du trésor orangé de la grande tante - un chat empaillé -, la vieille dame se tait, totalement. Le silence, soudain, passe de «plaisant à paralysant». On s'inquiète, on s'affole, mais que se passe-t-il avec Tante T ?

Le texte d'Érika Tremblay-Roy est d'une grande richesse, tant au niveau du vocabulaire que de la recherche des sons, principalement avec la lettre T. Le langage utilisé est imagé, ou au contraire reflète, dans l'absence des mots, une situation bien précise. Mais la pièce est d'abord une comédie musicale, dans sa forme classique. Peut-être que l'un des seuls reproches que l'on pourrait faire est justement ce ton plus convenu, l'utilisation d'un seul piano pour la trame musicale et l'absence de refrains accrocheurs. Mais les chansons sont totalement au service du texte, se concentrant sur la sonorité et la mélodie des mots et sur le message qu'il porte. Certains effets sonores sont trop présents, créant un effet d'exagération qui ne donne que peu de choses, en fin de compte.

Aborder les thèmes de la cohabitation intergénérationnelle et de maladies tel l'Alzeimer n'est pas chose aisée. Mais l'auteure parvient, avec beaucoup de doigté, à faire comprendre au jeune public que Tante T est loin d’être une sorcière, comme le pense l’Enfant dans la pièce, mais qu'elle perd la mémoire, doucement, et qu'elle en est consciente. «Faut pas les laisser s'échapper» répète-t-elle souvent, en parlant de ses souvenirs qui se font la malle.

La mise en scène d'Isabelle Cauchy jongle entre la pantomime, le réalisme et le surréalisme. Les déplacements, ainsi que les petits matins, sont chorégraphiés dans les moindres détails: les parents ressemblent étrangement à ces horloges suisses à deux personnages, qui répètent les gestes, ou alors font penser à deux travailleurs d'usine épuisés. Les costumes, disparates, réunissant plusieurs morceaux d'uniformes différents, en font état.

France Arbour interprète une Tante T magnifique, attachante. André Gauvreau, lunettes sur le nez et couettes en l'air, éblouit par son sens de la mélodie et sa jolie voix grave. Pascale C. Tremblay fait une Maman tout aussi au bout du rouleau que son mari, angoissée par ce silence nouveau. Érika Tremblay-Roy interprète l’Enfant, qui, au départ, veut à tout prix reprendre sa place dans la maison, et retrouver toute l'attention et l'affection de ses parents. Mais dès qu'elle prend conscience de l'état véritable de Tante T, c'est une touchante jeune fille qui nous apparait, et qui veut devenir la mémoire vivante de la vieille dame.

Tante T réussit, avec intelligence et humour, à capter l'attention du jeune public, à enrichir son vocabulaire et à aborder des sujets plutôt terre-à-terre. Comme une partition de musique, le texte mélodique nous permet d’entrer facilement dans cet univers original et sympathique. La finale, en crescendo, est tout aussi touchante que réjouissante.

06-02-2010

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