Du 20 septembre au 20 octobre 2009
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Et je sais que cela doit être le paradisEt je sais que cela doit être le paradis

Texte et mise en scène de Marie-Ève Gagnon
Avec : Enrica Boucher et Mélanie Pilon

Enrica est gérante dans un Centre du Rasoir et Mélanie, une alcoolique qui embête tout le monde. Ensemble, elles retracent l’histoire de leur amitié en se demandant ce qu’elles se sont mutuellement apporté. Mais comment évaluer les liens qui unissent les êtres : par les mots prononcés, par les gestes posés? Et si finalement leur rencontre leur avait fait plus de mal que de bien ?

Est-ce important de comprendre pourquoi quelqu’un est dans notre vie ? Comment évaluer l’échec ou la réussite d’une relation qu’elle soit amicale ou amoureuse ? C’est ce que Mélanie et Enrica tentent de comprendre en retraçant les hauts et les bas de leur relation. Un texte déjanté à l’humour cru et… cute !

Équipe de conception : Marie-Ève Gagnon et Martine Girard

20 ,21, 27, 28 et 29 septembre, 4, 5, 6, 11, 13, 18, 19 et 20 octobre 2009
Dimanche 15h, lundi 19h et mardi 21h

Carte Premières
Date Premières : du 20 au 29 septembre 2009
Régulier 20$
Abonné 10$

Une production Les Perverties

La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

par David Lefebvre

Histoires de filles

Deux amies par la faute du destin, Enrica (Boucher) et Mélanie (Pilon), tentent de jouer les dernières années de leur vie commune pour comprendre comment elles, si différentes, si éloignées, sont pourtant attirées l'une vers l'autre. Elles entreprennent un voyage où la fiction et la réalité flirtent ensemble. C'est un retour aux sources, au «big bang», elles veulent recréer la genèse de leur histoire pour en comprendre le sens. Pourtant, de prime abord, elles n'étaient pas faites pour s'entendre. L'une, Enrica, gérante dans un Centre du Rasoir, rêve de l'homme parfait sans jamais faire de premier pas - et profite de Hubert, son dildo, avec qui elle discute -, écoute du classique et du Abba et se perd dans son catalogue Sears tous les soirs. Son rêve le plus cher : sauver le monde, un Africain à la fois. De l'autre côté du corridor, habite Mélanie, une grande et jolie blonde, qui occupe un emploi important ; elle est impatiente, embêtante, prompte, elle consomme beaucoup d'hommes et encore plus de vin et de spiritueux. Alcoolique finie, elle tente des suicides aux pilules et appelle les services d'urgence pour qu'on la sauve. Une âme de sauveur, une âme en détresse. Une amitié qui naît, dans un ascenseur.

Le texte de Marie-Ève Gagnon peut susciter quelques réflexions sur l'engagement et l'amitié entre filles. Principalement du "girl talk", la pièce nous plonge dans le quotidien un peu pathétique de ces deux jeunes femmes qui se jasent d'hommes, de sexe, d'estime de soi, de boutons, d'argent. Puis elles reprennent quelques scènes, affirmant que cela ne c'était pas tout à fait passé comme ça... Le texte, comme l'indique le synopsis, est cru par moments, mignon, aussi, et nous fait sourire. Même si on utilise l'absurde ou l'humour au féminin, le ton est plutôt réaliste, ou du moins plausible, jusqu'à un certain degré. Marie-Ève Gagnon s’occupe aussi de la mise en scène ; celle-ci laisse place à ses deux personnages pas aussi stéréotypés qu’elles en ont l’air. La scène n'a aucune séparation, mais on sent ce mur, parfois, entre elles, quand elles sont dans leurs condos respectifs. Fermé derrière par un grand rideau jaune, le décor n'est meublé que de deux chaises, de bacs à rangement, de deux lampes et d'un énorme aquarium, duquel on se sert assez ingénieusement : lorsque Mélanie s'enivre, Enrica y verse de l'eau. Et parfois, beaucoup d'eau. L'espace exigu qu’offre la Petite Licorne est donc utilisé à bon escient. Mélanie joue l'emmerdeuse avec un plaisir certain, et passe facilement de femme sans pitié à femme à faire pitié. Du côté d'Enrica, sa douce folie, sa nature particulière et son dévouement font d'elle un personnage très attachant.

Par contre, l'intention de réfléchir sur les liens unissant les êtres par d'étranges circonstances est louable, certes, mais le tout peut laisser sous l'impression de manque de profondeur, de mordant. On se balade plutôt dans une histoire théâtralisée. Qui sont-elles réellement? Que des personnages laissés à elles-mêmes qui s’inventent une vie et une finalité, ou des idées précises, des métaphores de la vie relationnelle et sociale des femmes du 21e siècle?

La signification de certaines scènes est parfois nébuleuse, difficile à saisir : une en particulier, répétitive, muette, qui nous présente un Jésus Christ souffrant (on comprend possiblement un lien ironique de la douleur de vivre de Mélanie, sans le poids des péchés du monde sur le dos) et un chihuahua qui cherche l'attention (petit chien suppliant, comme Enrica), incarnés tous deux par les comédiennes qui portent des masques représentant les visages en noir et blanc du Saint Homme et de l’animal domestique. À nous, spectateurs, de leur donner un sens.

Bref, Et je sais que cela doit être le paradis est un spectacle sans rebondissement majeur, mais qui se laisse doucement apprécier, comme un souper entre ami(e)s, un soir de semaine, un verre de vin à la main : discussions, rires, questions, suspicion... et soupir d'aise. Happy end.

23-09-2009

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