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Habibi's Angels: Commission Impossible
23, 24, 30 novembre, 1er décembre 2020 19h, 27, 28 novembre et
3 décembre 20h, 5 décembre 15h et 20h
Présenté en anglais
Surtitres en français les 27 novembre et 4 décembre
Captation du spectacle disponible sur le web dès le 2 et 6 décembre
SUPPLÉMENTAIRES EN LIGNE
Dimanche 27 décembre à 15h Billets
Samedi 2 Janvier à 19hBillets

Profond, poétique et délicieusement décalé. La pièce de Kalale Dalton-Lutale et Hoda Adra est une radiographie vivante de Montréal qui met à nu ses fondations, anciennes et modernes. Mais peut-on vraiment révéler l'invisible ? Le spectacle se veut une méta-expérience de visions féminines contrastées, celle d'une écrivaine bloquée luttant contre la procrastination avec du café et des cigarettes, celles des Habibi’s Angels tenant un rituel marocain de thé à la menthe et celle d'un esprit aquatique ludique aux multiples soins. C’est l’image d’un Montréal moderne peuplé d'anciennes dynasties qui se déploie. L'intégration signifie-t-elle l'hospitalité du Vieux monde ou bien l'isolation du Nouveau monde?


Mise en scène Sophie Gee
Chorégraphie Claudia Chan Tak
Texte Hoda Adra et Kalale Dalton
Traduction Gabrielle Chapdelaine et Simon Brown
Avec Chadia Kikondjo, Aida Sabra, Lesly Velazquez, Emilee Veluz et France Rolland (voix)


Crédits supplémentaires et autres informations

Scénographe Lyne Paquette
Conception costume Sophie El Assaad
Conception lumière Leticia Hamaoui
Conception sonore Maria Elena Stoodley
Conception vidéo Amelia Scott
Régie Alessandra Tom
Dramaturge Josiane Dulong Sauvignac
Assistance scénographie Zoe Roux

Le 2 décembre à 19h - suivie d’une discussion en direct avec les artistes.
Billets : https://talisman-theatre.com/habibisangels-billets-2ieme.html
Gratuit - dons bienvenus en guise de soutien

Et le dimanche 6 décembre à 15h
Billets : https://talisman-theatre.com/habibisangels-billets-6ieme.html
Gratuit - dons bienvenus en guise de soutien

Tarifs
24 novembre : jour de fête : 15$
Régulier 30$
12 ans et moins 15 $
Étudiant art vivant* 20 $
Étudiant* 25 $
30 ans et moins* 25 $
65 ans et plus* 25 $
Professionnel art* 25 $
Organisme partenaire 25 $
Voisinage* 25 $
Forfait 5 | 5 entrées à 20$ chaque, 100$
* Détails et conditions sur le site http://lachapelle.org/fr/billetterie

Production Sophie Gee + Claudia Chan Tak + Kalale Dalton-Lutale + Hoda Adra / Talisman Theatre


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Critique disponible
            
Critique

Deux artistes non binaires, l’une francophone (Hoda Adra), l’autre anglophone (Kalale Dalton-Lutale), toutes deux issues de ce qu’on appelle désormais la « diversité », sont mandatées par le Conseil de l’assimilation naturelle de la diversité artistique pour écrire une pièce sur le Québec, le féminisme et l’immigration. Vaste mandat!

La plus récente création du Talisman Théâtre devait être présentée en salle ce mois-ci, mais a dû se tourner vers la diffusion numérique pour les raisons que l’on sait. C’est donc à une captation généralement en plans larges, avec quelques changements de caméra, et au niveau sonore hélas parfois déficient que les spectateurs ont pu assister.




Crédit photos : Maxime Côté

Habibi’s Angel : Commission impossible explore notamment les thèmes du multiculturalisme, de l’intégration, de l’Autre qu’on connaît si peu de l’autre côté du mur, à travers le prisme d’une féminité qui se cherche une voix, le tout saupoudré de parcelles d’histoire des femmes au Québec. Le moins qu’on puisse dire est que la production s’attaque à un gros morceau. Malheureusement, la bouchée paraît presque trop grosse, même pour un spectacle de près de deux heures.

À la mise en scène, Sophie Gee déjoue les difficultés liées à une distanciation imposée; sa direction artistique est bien servie par les costumes à la conception originale signés Sophie El Assaad et ponctuée par les chorégraphies dynamiques de Claudia Chan Tak. La production peut aussi compter sur les interprètes Chadia Kikondjo, Aida Sabra, Lesly Velazquez et Emilee Veluz, qui démontrent une énergie débordante, particulièrement Sabra dans le rôle de la vieille voisine arabophone.

Le moins qu’on puisse dire est que la production s’attaque à un gros morceau. Malheureusement, la bouchée paraît presque trop grosse, même pour un spectacle de près de deux heures.

La pièce s’ouvre sur les échanges épistolaires des autrices, en projection vidéo, puis sur les monologues de Beth (Veluz), une autrice en manque d’inspiration pour son oeuvre sur les Filles du Roy, et Tamara (Velazquez), une joueuse de basketball qui ne sait pas comment s’y prendre pour faire la connaissance de sa voisine. Le propos s’éparpille ensuite rapidement dans de nombreuses directions. La première heure se reçoit comme un long préambule tempéré où les niveaux de lecture s’enchevêtrent. Il faut un bon moment pour que la pièce décolle, trouve son rythme et nous entraîne à sa suite… dans un canot volant. C’est en effet le conte de la chasse-galerie qui, bien qu’un peu surgi de nulle part, semble libérer la parole. Échappant aux ramifications tentaculaires et au contrôle éditorial de la mystérieuse commanditaire du spectacle, la Habibi du titre, la pensée s’émancipe enfin. La dernière partie du spectacle se révèle remplie de répliques bien plus incisives et bien envoyées.

L’humour (mention spéciale au message publicitaire sur le hummus) et le caractère coloré des personnages captent notre attention, mais c’est la rébellion des artistes qui donne le sel à la production. Lorsque les personnages, et leurs créatrices à travers elles, s’enflamment contre l’image de la good woman of color, contre l’image d’une « bonne diversité » qui montre son amour pour le Québec sans prendre parti, sans (surtout!) parler de souveraineté ou de racisme, la production parvient à s’extirper de ses nombreux fils narratifs pour nous présenter la célébration grinçante de Montréal annoncée par le programme.

Sans être tout à fait à la hauteur de ses ambitions, Habibi’s Angels couvre plusieurs enjeux pertinents et nécessaires, surtout dans le contexte actuel, avec les luttes pour la reconnaissance des préjugés et préjudices subis par ceux qui ne sont pas issus de la majorité, qu’ils viennent d’ailleurs ou aient été ici bien avant l’arrivée du colon européen.

05-12-2020

La Chapelle scènes contemporaines
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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