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Du 26 octobre au 3 décembre 2011
Dans l'ombreDans l'ombre d'Hemingway
Texte et mise en scène de Stéphane Brulotte
Avec Bénédicte Décary, Linda Sorgini, Marc Legault, Marie Michaud, Michel Dumont

La Havane, 1950.
Accompagnée de sa mère, Adriana Ivancich débarque au domaine d'Ernest Hemingway à Cuba.

Diminué, abattu, éreinté par la critique pour son dernier roman, celui-ci tente vainement de se remettre à écrire. Dans la tour blanche qui surplombe le jardin, il se retirera en compagnie de cette jeune aristocrate. Au vu et au su de Mary, la femme d'Ernest, ils s'enferment pour bavarder pendant des jours. Tout y passera : la Bible, la guerre, la littérature, la corrida, l'Afrique…

De ces conversations naîtra un amour aussi étrange qu'impossible entre cette jeune Vénitienne pleine de vie et ce vieil homme brisé, possédé par l'alcool et hanté par la mort. Sur les ruines de sa vie foisonnante, Hemingway a construit l'ultime héritage : une œuvre puisée à même le sang et les tripes.

Dans l'ombre d'Hemingway parle d'amour, mais aussi de la relation intime entre l'artiste et l'art. D'où vient l'inspiration? Qu'est-ce que la beauté? Quel sens celle-ci donne-t-elle à la vie? Stéphane Brulotte nous fait vivre les tourments et les déchirements de l'un des plus grands romanciers des temps modernes.


Section vidéo
deux vidéos disponibles

 

Décor : Richard Lacroix
Costumes : Françoise St-Aubin
Éclairages : Luc Prairie
Vidéo : Yves Labelle
Musique : Christian Thomas
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort


Causerie DUCEPPE en temps réel
Le mercredi 2 novembre, de 16 h 30 à 17 h 30
Retrouvez notre directeur artistique Michel Dumont ainsi que l'auteur et metteur en scène de la pièce Dans l'ombre d'Hemingway, Stéphane Brulotte. Échangez, commentez, participez! Une manière exceptionnelle d'en savoir plus sur l'envers du décor chez DUCEPPE.
Où? Devant l'entrée du Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts.
GRATUIT

Visite des coulisses, en compagnie de Michel Dumont
Jeudi 3 novembre, de 17 h à 18 h 30
Cette rencontre en toute intimité est réservée aux abonnés de DUCEPPE.
Avec : le directeur artistique Michel Dumont et le directeur technique Vincent Rousselle.
Où? Théâtre Jean-Duceppe
Réservations : par téléphone, à compter de 10 h le mardi 25 octobre, au 514 842-8194 (places limitées)

Soirée-rencontre
Le jeudi 10 novembre, immédiatement après la représentation
Pour chacun des 5 spectacles de la saison 2011-2012, DUCEPPE propose à ses spectateurs d'échanger avec le directeur artistique Michel Dumont, le metteur en scène, les comédiens et les concepteurs du spectacle. Tout détenteur d'un billet pour cette production peut assister à la soirée-rencontre. Un moment privilégié à ne pas manquer.
Où? Théâtre Jean-Duceppe

Conférence : Hemingway, le Havanais
Le lundi 14 novembre, de 19 h 30 à 21 h 30
DUCEPPE et Les Belles Soirées de l'Université de Montréal vous proposent de découvrir les liens entre l'écrivain, son œuvre et Cuba.
Avec : Jean Fugère, chroniqueur littéraire à Radio-Canada et Stéphane Brulotte, auteur de la pièce Dans l'ombre d'Hemingway
Où? Pavillon 3200, rue Jean-Brillant à Montréal
En savoir plus


Une production - Duceppe


DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : François Brunelle

Auteur et metteur en scène de la pièce Dans l’ombre d’Hemingway, Stéphane Brulotte propose une œuvre dramatique d’une grande intensité. D’une cruelle lucidité, son portrait sur l’un des plus marquants auteurs états-uniens du 20e siècle demeure l’une des plus belles réalisations de DUCEPPE ces dernières années.

D’abord reconnu comme comédien, Stéphane Brulotte s’est aussi fait remarquer comme dramaturge avec Fou de dieu et Une partie avec l’empereur. Sa toute nouvelle partition se démarque des précédentes par une plus grande clarté de sa trame narrative, des personnages encore mieux dessinés et certaines répliques acérées comme des lames de couteaux.

L’histoire d’une heure quarante s’amorce dans un magnifique éclairage, qui laisse présager un climat feutré. La figure meurtrie d’Ernest Hemingway apparaît. L’égocentrique écrivain qui a refusé toute sa vie les étiquettes et écoles littéraires se retrouve en panne d’inspiration sous le soleil de Cuba. Noyé dans l’alcool, jaloux du prix Nobel décerné à son rival William Faulkner et mal marié à sa quatrième épouse Mary, il y rencontre Adriana qui deviendra sa muse. Accompagnée par sa mère telle une louve surprotectrice, la jeune aristocrate vénitienne apporte une douce brise au créateur qui servira d’inspiration pour son prochain bouquin, Le vieil homme et la mer, son chef d’oeuvre.

Bien que plusieurs faits s’avèrent véridiques, Stéphane Brulotte s’est plu à imaginer l’atmosphère tourmentée d’une passion impossible entre deux êtres que tout sépare. On se croirait presque par moment dans un Tchekhov qui aurait été transposé sous les tropiques dans les années 1950. L’ombre de l’univers de Marguerite Duras plane également sur ces protagonistes qui se complaisent dans leurs malheurs entre le sable chaud de la plage et le luxe de la villa. Mais c’est surtout l’esprit de l’immense Ernest Miller Hemingway qui domine, celui d’un écrivain qui a frappé l’imaginaire par la sincérité et la simplicité de sa prose, malgré sa peur d’affronter la réalité. Il est ainsi remarquable de constater l’approfondissement, la rigueur et le travail effectué par Stéphane Brulotte qui maitrise ici parfaitement son sujet.


Crédit photo : François Brunelle

Pour porter un rôle aussi colossal sur ses épaules, Michel Dumont paraissait de prime abord le comédien idéal, notamment sa ressemblance physique frappante avec celle de l’auteur de Paris est une fête. Il sait rendre poignant cet homme de lettres au tempérament autodestructeur. Tragédienne l’an dernier dans À toi pour toujours, ta Mari-Lou, Marie Michaud se démarque encore une fois par l’intensité qu’elle confère à une épouse meurtrie reléguée au second plan. Objet de tentation et de désir, Bénédith Décary dégage de tous les pores de sa peau la grâce, l’assurance et la sensualité nécessaire à la dernière inspiratrice d’Hemingway. Dans des rôles secondaires, Linda Sorgini et Marc Legault s’intègrent parfaitement au reste de la distribution.

Classique et sans véritable surprise, la mise en scène de Stéphane Brulotte compte quelques trouvailles intéressantes, comme cette illustration d’un lion qui traverse la toile de fond (une référence directe à la vie d’Hemingway qui adorait la chasse) ou encore cette célèbre citation de l’auteur inscrite à la tombée du rideau : « L’homme peut être détruit, mais pas vaincu ». Troublante est cette affirmation, lorsque surgit tout de suite après l’annonce de son suicide dans les années 1960 et celui de sa muse vingt ans plus tard.

Pièce émouvante sur la difficulté de concilier les exigences de l’art avec celles de la vie, Dans l’ombre d’Hemingway s’inscrit d’emblée parmi les bonnes productions de l’automne grâce à la plume inspirée de Stéphane Brulotte et son quintette d’acteurs chevronnés.

31-10-2011