En reprise le 1er mai 2005 à la Salle Jean Grimaldi (1111, rue Lapierre, porte #6 LaSalle (514) 367-1412)
et le 11 mai 2005 à la Salle Albert-Rousseau à Québec (2410, ch. Ste-Foy (418) 659-6710)Les bonbons qui sauvent la vie racontent l’histoire de Francine, 35 ans, maniaco-dépressive, qui se retrouve en prison après avoir tué – meurtre non prémédité – sa colocataire.
Les bonbons qui sauvent la vie, c’est l’histoire d’une impossible réconciliation familiale. Par la force des choses, le drame de Francine ramène la famille au centre de sa vie. Elle revoit sa sœur avec qui elle avait coupé tous les ponts : Lucie la parfaite, à qui tout réussit. Lors d’une rencontre avec sa mère, Francine cherche en vain à exister au-delà de la Floride, du golf, bref des apparences. À quelques jours de sa sortie, elle reçoit une visite éclair de son père qui la somme de rentrer dans le rang, de marcher dans le droit chemin, il ne veut qu’une chose : la paix. À défaut de cela, il la reniera à tout jamais.
Lorsque Francine se retrouve dans la maison de ses parents, c’est toute la dynamique familiale, les rapports ambigus, complexes et les liens que le temps a tissés entre les membres de cette famille qui se dessinent devant le spectateur. Comment vivre quand ça fait trop mal? La famille de Francine se retrouve aux prises avec un drame qu’elle voudrait voir relégué en arrière-plan, refusant toute responsabilité.
Les bonbons qui sauvent la vie, une œuvre forte sur le rejet, l’indifférence des autres et la ferme volonté de se débarrasser de tout ce qui peut ternir l’image que l’on tient à se donner face au monde, de tout ce qui peut déranger « la paix des cimetières ».
Texte de
Serge Bouchermise en scène de
René Richard Cyravec
Michel Dumont
Maude Guérin
Véronique Le Flaguais
Hélène Loiselle
Adèle Reinhardt
Denis Roy
Isabelle Vincent
Alexandrine Agostini23 novembre 2004 - Dû à l'incapacité d'un comédien de jouer ce soir pour cause de maladie, la représentation des Bonbons qui sauvent la vie a été annulée.
Les abonnés pourront communiquer avec la Compagnie Jean Duceppe dès demain pour l'échange ou le remboursement de leurs billets. Les spectateurs qui ont acheté leurs billets aux guichets de la Place des Arts sont invités à s'y présenter pour un échange ou un remboursement.
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par David Lefebvre
Après Motel Hélène, 24 poses, puis Norm, le duo Serge Boucher-René Richard Cyr frappe fort encore une fois avec Les bonbons qui sauvent la vie.
Nous faisons la connaissance de France (Maude Guérin), 35 ans, ex-toxicomane et maniaco-dépressive. Elle se retrouve en prison à l’automne 1999 après le meurtre de sa colocataire, crime qui devient rapidement accessoire pour que l'on puisse se concentrer davantage sur l’effet du crime chez les proches de France. Un effet dévastateur qui se résume en l’exclusion totale. La pièce se passe donc entre les premières semaines de son incarcération jusqu’à sa libération conditionnelle, deux ans et demi plus tard. Il y a cinq scènes, dont trois en prisons et deux en permission à la maison de ses parents. Par la force des choses, le drame de France la ramène au centre de sa famille. Elle tente alors de se (re)faire une place, entre la Floride, le golf et la pseudo-perfection de Brigitte à la belle maison, aux deux enfants, avec le mari et le gros salaire.
Brillamment mis en scène, René Richard Cyr a décidé de séparer la scène en deux : au bas, nous avons la salle de la prison où discutent France et ses invités, des rencontres impossibles de part leurs vies, leurs personnalités, des tête à tête qui ne mènent nulle part. En haut, la cuisine et le salon des parents de Brigitte et de France. Le tout débute avec la discussion au pénitencier de France avec Brigitte, qui renouent après plusieurs années, puis sa mère et son père viennent la visiter, entrecoupés de deux scènes au foyer familial. Ce qui frappe, c’est l’étonnante banalité des propos de chaque personnage, qui font pourtant partie des sujets de discussion qu’on retrouve dans chaque famille : la température, le golf, les automobiles, le revenu familial, le 11 septembre, l’affaire Bernardo, les voyages et le condo en Floride… Mais avec les soucis et la douleur de France, on ne peut que grincer des dents en assistant à ces scènes, en voyant comment la famille laisse de côté France qui tente de s’en sortir et de démontrer qu’elle a encore sa place. Le règne de l’individualisme est à son paroxysme, l’indifférence envers l’autre et la volonté de se débarrasser de ce qui ne tourne pas rond dans leur vie prévalent à toute aide ou écoute. La scène finale, tout à fait réussie, entre France et son père (Michel Dumont) est frappante. Il lui demande la paix et de rentrer dans le rang, quand elle ne veut que se faire comprendre. Il est le seul à lui dire vraiment le fond de sa pensée. Malgré le choc violent, les mensonges qu’il lui conte (à elle et à lui-même), c’est le moment le plus intense et le plus important de la pièce.
À noter : admirable trouvaille de mise en scène que sont ces deux caméras qui diffusent en gros plan et en direct, sur deux écrans, les visages des deux interlocuteurs lors des discussions à la prison. En plus de pouvoir distinguer les émotions dans les visages des acteurs, les images apportent un réalisme et donnent un dynamisme intéressant à la pièce. Tous les comédiens sont excellents et Maude Guérin attire tous les regards de par son jeu fascinant et sa présence, même quand elle ne fait rien. Style caméra à l’épaule, hyperréaliste, l’écriture est saississante et intelligente (de par sa forme et ses sous-entendus) et la mise en scène, bien orchestrée, sert le texte admirablement bien. Mais le style est tellement direct qu’on a l’impression d’assister au premier épisode d’une série. À la fin, qui arrive rapidement, on se demande de quelle façon tout cela va vraiment se terminer, et on avale le bonbon qui ne satisfait pas tout à fait notre appétit.
Regardons-nous, semble dire la pièce, à quel point nous vivons dans un monde nombriliste. C’est un miroir qui nous est proposé, et le spectateur est laissé à lui-même, à son jugement. Une pièce forte, qui fait exploser un cri de l’essentiel, le désarroi des âmes perdues dans un monde tout aussi perdu. Est-ce qu’un bonbon, donné au bon moment, peut sauver la vie ?