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Du 28 octobre au 14 novembre 2015
Spécialités féminines
Maîtrise d'oeuvre Jean Asselin, Réal Bossé, Sylvie Moreau
Avec Laurence Castonguay Emery, Sylvie Chartrand, Marie Lefebvre

De belles créatures se baignent dans nos yeux. Derrière trois vitrines, autant de femmes ; propriétaires des lieux… aussi libres en dedans d’elles-mêmes que dans leurs ébats. Exhibition  ? Non ! Exposition. Au demeurant, qui regarde  ? Et qui est regardé  ? Voyeurs avides de prêt-à-porter, de tout-aller, de rapide à consommer, s’abstenir ! Les corps traversés par tant de territoires mentaux, Spécialités féminines magnifie ce « Deuxième Sexe » pour en débusquer l’aléatoire, le somatique, l’insaisissable… pas là pour qu’on les comprenne, mais bien pour en être touchés ! Et honni soit qui mal y pense !

Le corps. Encore et toujours chez Omnibus. Cette fois, celui de femmes. Comment on fait ici, en 2015, pour grandir, pour aimer, pour vieillir  ? De la petite fille à la mère en passant par l’adolescente, c’est sous plusieurs coutures que nous est donné à voir, et aimer, le genre féminin.


Section vidéo

    

    

    


Musique Ludovic Bonnier
Lumière Mathieu Marcil
Costumes Charlotte Rouleau
Scénographie Jean Asselin, Réal Bossé, Sylvie Moreau
Photo Pascale Gauthier-D.

Une production OMNIBUS, le corps du théâtre


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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Dates antérieures (entre autres)

Du 22 janvier au 7 février 2015, Espace Libre

 
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Critique

Crédit photo : Catherine Asselin-Boulanger

Que ce soit au théâtre, dans la littérature, au cinéma, dans la peinture ou la photographie, la femme - et la féminité - a toujours été une source inépuisable d’inspiration. Plusieurs thématiques sont récurrentes, que ce soit le rapport au corps ou à la sexualité, à l’image ou à la maternité, la relation mère-fille ou l’amitié entre femmes. Spécialités féminines, c’est un peu tout ça, à travers le regard de trois maîtres d’œuvres et de trois interprètes.

Présentée sous forme de tableaux (trois solos, trois duos et trois trios), la pièce place dans une vitrine trois femmes aux allures plastiques de mannequins. Chacun des tableaux explore différents stéréotypes de la féminité à travers la gestuelle, les interactions et le monologue intérieur rendu possible grâce à la bande sonore. Ainsi, la triade débute avec une démonstration de force en montrant leurs muscles et en se comparant sur fond de musique de foire et de sons de rings de boxe. On passe ensuite à une femme qui prend une douche, traversée par toutes sortes de pensées, puis les trois interprètes passent à travers le fil de la vie en quelques minutes. On explore l’hypocrisie de l’amitié entre deux femmes qui s’admirent en surface, mais se poignardent dans le dos par en dessous, puis les fluctuations hormonales et leurs conséquences qui poussent parfois à la limite de la folie, suivi du rapport à l’éducation des jeunes filles en passant de l’enfance à l’adolescence jusqu’à l’âge adulte, et des représentations féminines dans l’histoire de l’art. 

La pièce a été montée de telle sorte que chacun des maîtres d’œuvre travaillait sa propre partie sans voir les autres avant la générale. Si l’exercice est original et amusant, le résultat laisse tout de même transparaître un manque de cohésion et une inégalité d’un bloc à l’autre. Par exemple, le début effleure les idées préconçues et s’étire inutilement sur une analyse de surface, alors qu’au deuxième bloc l’autodérision démontre divers agissements et réactions féminines pour finalement arriver au troisième bloc où l’analyse est poussée sur la condition de la femme et ce qui a mené à cet état moderne, et enfin toucher à l’essence même de la féminité.

Les trois interprètes, Laurence Castonguay Emery, Sylvie Chartrand et Marie Lefebvre, sont absolument fabuleuses. Leur performance est précise et agile et elles laissent transparaître à la fois une force et une fragilité qui font d’elles des femmes magnifiques.

Si la bande sonore de Ludovic Bonnier plonge efficacement dans différents univers et permet un accès intéressant à la conscience des personnages, le texte y est parfois superflu, soulignant sans raison ce qui se déroule sur scène. Il devient toutefois percutant lorsqu’il agit en opposition avec ce qui est démontré. Les costumes, signés par Charlotte Rouleau, soulignent grossièrement les divers attributs féminins, mettant ainsi l’accent sur le côté objet de la femme.

Spécialités féminines explore les mêmes thématiques clichées liées à la femme et contient certaines longueurs, mais le talent indéniable des interprètes et certaines scènes touchantes qui permettent le passage du rire aux larmes viennent compenser les inégalités du spectacle.

27-01-2015