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Du 20 au 23 décembre 2011, 21h
DindeDinde et farces : le cabaret de Noël
Idées : François Bernier et Jean-Philippe Durand
Textes : Collectif d’auteurs
Mise en scène : François Bernier, Jean-Philippe Durand, Patrick Dupuis, Guillaume Girard
Distribution : Gilbert Turp, Patricia Nolin, François Bernier, Patrick Dupuis, Carl-Eric Hudon et autres compagnies de théâtre et comédiens à déterminer

Dindes et farces est un cabaret où s’enchaînent les numéros concoctés par des artistes de multiples disciplines dans l’unique but de vous offrir une soirée conviviale et décapante.
C’est une savante alchimie de la messe de minuit et de la fête de famille totalement déjantée. Sous le signe de l’humour, mais dans un esprit fondamentalement théâtral, on y traite avec dérision et fantaisie de la fête religieuse la plus commerciale : Noël. Au menu de cette deuxième édition, de la dinde, bien entendu, une bonne quantité de farces grasses et vitriolées, et une soirée sans tabous et sans limites dans l’absurdité. On y retrouve le réconfort et la violence de tout bon party du temps des fêtes.

Au Théâtre du Party Chinois, le personnage principal, c’est le spectateur. Les membres du TPC se font un plaisir de vous recevoir. Vous venez chez eux comme dans un ami; au cœur d’une faste réception qui passe du grotesque au grandiose et du disgracieux au sublime.

Le Théâtre du Party Chinois prend parole et le fait de façon festive. Du théâtre sérieux, réalisé avec un grand esprit ludique. Le TPC vise à faire des spectacles interdisciplinaires chaleureux, conviviaux, comme peut l’être le bon pâté chinois des lundis d’hiver.

Après le vif succès de la première édition du Cabaret sous le toit d’Espace Libre, la jeune compagnie décide, à la demande générale, de renouveler l’agréable expérience. Dormez bien d’ici décembre, car le TPC vous prépare toute une fin d’année.


Régulier : 33$
Étudiant : 26$

Production Théâtre du Party Chinois


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas

Au lancement de son plus récent recueil de textes, L’art presque perdu de ne rien faire, Dany Laferrière expliquait que les livres ne convenaient pas à tous les lecteurs. Malgré leurs qualités soi-disant intrinsèques, il demeure possible qu’un individu reste insensible au charme de certains ouvrages. Pour le ou la critique de théâtre, le même pronostic se pose. Des productions qui risquent de plaire à un public ciblé laissent de glace la personne envoyée par un média pour en écrire un compte-rendu «objectif». Et c’est le verdict de l’auteur de ces lignes pour cette édition 2011 de Dinde et farces concoctée par le Théâtre du Party Chinois à l'Espace Libre. Malgré la ferveur de ses créateurs et de quelques segments plus relevés, l’ensemble relève plutôt de la facilité et des lieux communs bien que l’auditoire a semblé beaucoup apprécier.

Contrairement aux revues de fin d’année sur un ton plutôt badin du Rideau Vert ou les rétrospectives corrosives de Zapartistes, la formule cabaret du Party Chinois se veut irrespectueuse et impertinente avec d’innombrables gags à portée scatologique, sans oublier les sacres et autres railleries grivoises. L’influence de RBO se fait sentir dans cet humour qui se rapproche plus des spectacles d’école secondaire que de la voltige d’un André Sauvé pour donner un exemple actuel.

Durant la soirée aux allures volontairement décousues qui s’étire pendant près de trois heures, entracte inclus, les différents animateurs et invités prennent tout de même plaisir à rappeler une fin du monde qui arriverait en décembre 2012 selon les Mayas. Sous les allures festives de défouloir se pointent quelques notes grinçantes sur le cynisme de nos sociétés mercantilistes. Quelques événements marquants de la dernière année sont évoqués tout comme des allusions à la symbolique de Noël sans devenir pour autant un spectacle thématique sur le temps des Fêtes.

Après une version volontairement massacrée du classique All I Want For Christmas Is You de Mariah Carey en ouverture, Emmanuel Bilodeau propose l’un des moments les plus réussis de la soirée. Son monologue raconte les déboires d’un jeune indigné qui ne possède pas un vocabulaire très relevé pour exprimer son dégoût du système. Bien que la voix ne porte pas toujours très bien, le comédien excelle dans sa critique virulente autant de la société néocapitaliste qui engendre certaines inégalités que des mouvements «spontanés» parfois en manque d’arguments articulés pour des solutions alternatives crédibles. La prestation de Véronique Dallaire se démarque quant à elle par sa présence scénique rafraîchissante, même si son récit sur les manières et positions de faire ses adieux traîne légèrement en longueur. De rapides performances de karaté acrobatique sont très réussies. En deuxième partie, Gilbert Turp compose de manière touchante un homme malchanceux en amour dans ce qui se révèle probablement le moment le plus sensible de la veillée. Par ailleurs, Guillaume Beauregard, le chanteur du groupe Les Vulgaires Machins, fait preuve d’aisance dans un contre-emploi d’acteur malgré un texte qui ne vole pas très haut.  Interminable est le dernier numéro sur une émission de théâtre radiophonique avec, entre autres, le metteur en scène Michel Monty, un Simon Boulerice en danseur-justicier et des répliques sexuellement explicites qui ne laissent aucune place à l’imagination.

Dans un décor qui rappelle l’esprit des cabarets enfumés, avec en arrière-scène un rideau de paillettes rouges, le défilé de prestations est entrecoupé de chansonnettes humoristiques, qui, sans être mémorables ou de grande portée littéraire, contribuent à l’atmosphère festive du spectacle aux contours éclectiques. Sous la direction de Carl-Éric Hudon, les musiciens s’acquittent fort honorablement de leurs tâches d’accompagnateurs.

L’aspect le plus réjouissant de ce Dinde et farces demeure sans contredit la performance de ses quatre concepteurs. François Bernier, Guillaume Girard, Jean-Philippe Durand et Patrick Dupuis s’illustrent à la perfection en maître de cérémonie. Par leur ferveur et leur énergie, ils ont mis rapidement le public dans leur poche. Cette connexion, qualifiée de rare sur ce site pour l’édition précédente, réunit toutes les composantes disparates d’un événement qui gagnerait pour les années subséquentes à couper dans la vulgarité facile et le gras (sans jeu de mots). Avec des textes plus corrosifs et substantiels pour mieux s’harmoniser avec ses prétentions «trash», ce cabaret de Noël du Théâtre du Party Chinois pourrait devenir un événement incontournable.

22-12-2011