Du 28 août au 13 septembre 2008, 20h (sauf 6 et 13 sept., 16h et 20h)
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King LearKing Lear contre-attaque

Texte : Collectif d’auteurs d’après Shakespeare
Mise en scène : Jacques Laroche
Avec : Alexia Bürger, Catherine Larochelle, Véronika Makdissi-Warren, Sophie Martin, Francis Marineau, Alexandre Morais

En octobre 2002, Les Productions Préhistoriques ont donné naissance à un laboratoire théâtral où six zigotos, en quête d’une raison pour rester sur scène, se sont enfargés dans l’oeuvre de Shakespeare. Après un deuxième passage au Théâtre Périscope en 2004, l’équipe de King Lear contre-attaque se réunit dans la métropole afin de s’attaquer à nouveau et sans retenue aux classiques de ce cher Will. Une expérience théâtrale spontanée dans laquelle l’acteur et sa folie sont au coeur de l’action. Une création dans laquelle Othello, Desdémone, Iago, Hamlet et, bien sûr, King Lear passent dans la moulinette de six clowns hétéroclites.

Un chat, un matelot, un cuisinier, une princesse, un cow-boy et un Cro-Magnon dépeignent les mésaventures d’un innoncent mouchoir qui déclenche, bien malgré lui, les foudres d’un mari jaloux. Dans ce chassé-croisé naïf et rafraîchissant, cette bande de joyeux lurons transforme les classiques du grand Shakespeare en un délire théâtral fantaisiste. Tout ça, pour le plus grand bonheur du spectateur qui a droit à une bonne dose de rire et à une puissante démonstration d’inventivité.

« Être ou ne pas être ? Des questions ? »

Équipe de production
Jean-François Labbé
Julie Morel

Production Les Productions Préhistoriques
En codiffusion avec l'Espace Libre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

par Daphné Bathalon

King Lear contre-attaque, qu’est-ce que c’est? C’est la folie du grand roi Lear remise en forme et en mots par l’esprit de six clowns réunis : un homme de Cro-Magnon, un chat, un matelot, un cuistot, un cow-boy et une princesse. C’est Shakespeare transformé en plus d’une heure de franche rigolade. C’est la reprise d’une pièce des Productions Préhistoriques, déjà présentée en 2002 et 2004, au Périscope, à Québec. Elle y avait connu un bon succès et même récolté une nomination au Gala des Masques en 2005.

L’absurdité de l’univers clownesque surgit dans la salle du Théâtre Espace libre alors que les comédiens prennent place sur scène. Ils y viennent pour livrer la contre-attaque du King. Grâce à leur chœur dirigé par la princesse, ils font entendre au public la terrible tempête qui balaie les landes traversées par le roi Lear. Dès lors, le spectateur charmé se laisse prendre au jeu et encourage ce délire en riant de bon cœur.

Le titre de la pièce et son introduction laissent croire qu’on assistera à une nouvelle version d’un des plus célèbres textes de Shakespeare. Pourtant, la princesse qui sert le prologue perd pied dans sa présentation des trop nombreux personnages et de cette histoire trop pleine d’intrigues. Le récit des déboires du roi Lear se complique à tel point que la princesse interrompt sa lecture pour déclarer que finalement, la troupe jouera Othello.

Puis, les clowns se lancent à l’attaque et déboulonnent le mythe du théâtre élisabéthain. Dans un décor reproduisant en miniature la scène du Globe (une construction très efficace de Jean-François Labbé), les comédiens s’échangent les rôles et les accessoires au fil de la représentation. Intouchables, les textes du grand Will? Rien de plus faux, à voir le joyeux pot-pourri mis en scène par Jacques Laroche. Passée au tordeur de la troupe déjantée, la pièce conserve néanmoins sa trame principale. On y retrouve le fameux mouchoir, élément déclencheur de la jalousie d’Othello, les machinations de Iago, la terrible méprise du Maure et le meurtre final. Mais chacun des clowns réinterprète les évènements à sa manière, ce qui métamorphose à tout coup le drame en légèreté.

King Lear 2

Car ils sont naïfs ces interprètes clownesques. Comme des enfants, ils ne comprennent pas tout ce qu’ils jouent et s’énervent quand quelque chose ne fonctionne pas. De plus, ils ne se gênent pas pour répéter plusieurs fois un acte comique ou un mot, tout simplement parce qu’il leur plaît. Fidèle à la tradition de la commedia dell’arte, chaque personnage possède sa propre gestuelle, ses mimiques et ses tics inspirés par le physique du comédien, le nez de clown faisant office de masque. Quant à la candeur des personnages, elle contamine l’aspect tragique des pièces shakespeariennes. Ainsi, Iago, incarné par un chat, tente-t-il de se dissimuler aux yeux des autres personnages en leur tournant le dos. Quand on le questionne, il précise : « je m’avais caché ».

On peut toutefois déplorer les fréquentes références aux autres pièces de Shakespeare qu’un public non initié saisira difficilement. Qu’à cela ne tienne, opéra, chant choral, ballet, marionnettes et mime, tout est parfaitement bien utilisé pour faire rire et sourire. Un retour sur les planches auquel il faut absolument participer pour respirer une bonne bouffée de légèreté avant l’arrivée de l’automne.

31-08-2008

 

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