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                      Le plan américain 
                      
                      De  Daniel Brière et Evelyne de la Chenelière.
                        Avec : Daniel Brière, Anne-Marie Cadieux,
                        Normand D’Amour, Evelyne de la Chenelière
Une comédie satirique sur le Sens de la Vie. Quatre individus liés par le sang coexistent, et tentent
désespérément de justifier leur existence. Leur quête de sens se transforme en quête de sensations,
d’images fortes, d’exaltation, d’extase. Ils s’exposeront sous tous leurs angles, comme autant de
photos provocantes, poétiques, scandaleuses.
                       Précédant toutes les tendances et renommant le moderne, le couple de créateurs va encore une
                        fois là où on ne les attend pas :  « Nous créerons un happening théâtral en suivant 7 règles de créations impitoyables, imaginées
                        par nous, pour notre plus grand plaisir masochiste.
                      - Renoncer une fois pour toutes à raconter une histoire plausible.
                        - Résister à l’écueil du théâtre dit contemporain, qui ne fait que répéter une suite de variations
                        autour du sexe, de la violence, et de la société de consommation.
                        - Ne céder à aucune figure de la mélancolie ou à son éloge, qui n’est que la vanité d’aimer
                        sa propre tristesse.
                        - En revanche, s’opposer farouchement au culte de la joie.
  - Éviter à tout prix les dérives de la danse quand elle se greffe au théâtre dit contemporain,
                        cautionnant ainsi l’impuissance du théâtre à devenir moderne par lui-même.
                        - Ne jamais glorifier l’individualité ou la subjectivité, qui revient à démocratiser l’exceptionnel
                        et à transfigurer le banal : refuser de participer à cette tromperie collective.
                        - Mépriser toutes nos oeuvres précédentes, sans exception. »
                      Réussiront-ils ce prodige avec Le plan américain ?                      
                      Décor et accessoires : Michel Ostaszewski 
Éclairages :  Nicolas Descôteaux
                        Costumes : Catherine Gauthier 
                        Vidéo : Yves Labelle 
                        Environnement sonore : 
                        Danny Braün 
                        Régie : Colette Drouin 
                        Directeur technique : Jean-François Landry
                      
Une production Nouveau Théâtre Expérimental
                      
                      Du mardi au samedi à 20h30, jeudi 17 janvier à 19h, samedi 2 février à 16h et 20h30
                        Entrée 23$ 
                        Prévente 30$ la paire
                      Espace Libre   
                        1945, rue Fullum 
Billetterie : 514-521-4191
                       
                      
                      par David Lefebvre
                      Évelyne de la Chenelière et son complice de vie, Daniel  Brière, nous proposent, après Henri et  Margaux et Nicht retour, Mademoiselle,  la création satirique Le Plan américain,  en compagnie des comédiens Anne-Marie Cadieux et Normand D'Amour.
                      Elle et Lui sont frère et soeur, une fusion illogique, mais  pourtant réelle, incestueuse. Ils font tous les deux partie d'une famille en  apparence fonctionnelle, un peu bourgeoise, intellectuelle, avec un papa  photographe de guerre, qui sent le besoin de tout montrer à la face du monde,  et une mère noyée dans l'art contemporain, qui devient presque une oeuvre en  soi. Repliés sur eux-mêmes, en marge d'une réalité, les enfants se piègent dans  leur enfance, se révoltent, s'agitent, et forment un plan pour faire entendre leur  mécontentement sur la condition animale - puisque celle qui est humaine est  peine perdue. 
                      
                      Crédit photos : Gilbert Duclos                      
                      Le mot « perception » est probablement le mot-clé de ce Plan américain. La pièce évoque une  série de tableaux, comme des photographies qui bougent ; parfois on assiste à  du croqué sur le vif, parfois on modifie la réalité pour la rendre plus  attirante. Parfois encore, on modifie l'angle, recréant deux, trois fois la  même scène, élaborant à chaque fois le point de vue des protagonistes. La  famille représente alors un microcosme de la société contemporaine, dans lequel  chaque membre est en quête : d'épanouissement, d'amour, de sensations fortes,  d'extase. On attaque les vices et les côtés ridicules d'aujourd'hui avec un  humour parfois absurde, sinon ironique ou cynique. On fait un parallèle entre  les propos des enfants et ceux des adultes, on compare l'humanisme à un culte  désespéré, on s'attaque à l'obsession de l'image, on s'affranchit, et pourtant, un  lien fort réunit ses quatre personnes, fatale union de la différence.
                      Le traitement est atypique, hors norme, éclaté. Le lien vers  l'image est omniprésent : par exemple, les projections de photos (celles de  guerre, de James Nachtwey, sont parfois dures et cruelles, tout aussi terribles  que magnifiques), l'utilisation d'une caméra, prenant des clichés des poses  artistiques de la mère faussement torturée ou, encore, l'usage habile de deux  caméras vidéo, l'une pointée vers des toilettes, pour quelques confessions,  clopes clandestines aux lèvres des enfants, et l'autre avec « écran bleu »,  permettant des «effets spéciaux» (un décor extérieur, pour simuler une balade en  moto, par exemple). Ces procédés dans la mise en scène et l'intrigue du plan  qui se monte entre les tableaux familiaux donnent, au final, un spectacle  presque onirique, cinématographique, gratifié de multiples clins d'oeil au théâtre  moderne.
                      Les nombreux discours - dont sur l'art (sa signification, sa  nécessité), la famille (la protection des enfants au monde réel versus tout  leur montrer, entre autres), la recherche de soi dans un «nous» et du nous dans  «soi», la souffrante réalité déformée par la perception du monde extérieur - créent  autant l'ambiguïté au niveau de la compréhension du spectacle qu'une  fascination pour les personnages et ce qu'ils vivent. Le plan américain ne s'attarde pas qu'au fameux trois quart  habituel de sa définition photographique : il décrit la fin des idéaux, la  démesure et le pouvoir de l'image. Étrange comédie tragique et satirique,  incisive, créée originalement à partir de sept règles que s'étaient fixées les  deux auteurs et comédiens, Le plan  américain renonce à une certaine  plausibilité, mais qui ne sabote décidément pas notre plaisir d'y assister.
                      11-01-2008