Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 4 au 22 mars 2014
L'architecture de la paix
Texte : Evelyne de la Chenelière
Mise en scène et chorégraphie : Paula de Vasconcelos
Avec Ana Brandão (Portugal), Pascale Montpetit, Daniel Parent et Philippe Thibault-Denis

Il y a eu catastrophe et destruction.

On ne sait pas quelle guerre.

On ne sait pas exactement à quelle époque nous sommes, ni à quel endroit du globe exactement, car l'imaginaire et la réalité se côtoient et s'entremêlent, à l'image d'un enchevêtrement géopolitique qui aurait brouillé la carte du monde.

Après le désordre. Après le chaos. Dans les ruines du monde, un couple tente de construire sa propre mémoire.

Par l'invention de souvenirs, par la création d'un passé revisité, reformulé, réordonné, ils tentent de retrouver cette mémoire perdue.

Veulent-ils réellement se rappeler? Se souvenir?

Reconvoquer le passé, ce serait forcément faire resurgir la peur, la perte, la douleur.

À travers les ruines, ils ont retrouvé leur maison bancale, effritée, ébréchée, mais toujours debout.

Avec pour seuls guides les principes auxquels recourent les architectes pour rebâtir les lieux dévastés par la calamité, arriveront-ils à reconstruire leurs vies et trouver la paix?

Evelyne de la Chenelière et Paula de Vasconcelos unissent leurs forces créatives dans une œuvre dédiée à la paix. Une collaboration qui découle d’un désir d’ouverture à l’autre et de celui de transcender la noirceur qui veille sur l’Humanité. Amoureuses autant de la parole que du corps, toutes deux s’immiscent dans l’univers des architectes et du rôle qu’ils peuvent jouer comme humbles artisans de la reconstruction du monde.


Scénographie : Paula de Vasconcelos
Éclairages : Stéphane Ménigot
Musicien : Carlos Mil-Homens (Portugal)

Tarif :
Régulier 35$
30 ans et moins 27$
65 ans et plus 28$

Une création de Pigeons International
En coproduction avec le Teatro São Luiz (Lisbonne)


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

Vimeo Youtube Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Anne-Flore Rochambeau

L’idée de L’architecture de la paix est venue à la directrice de Pigeons International, Paula de Vasconcelos, alors qu’elle feuilletait une revue sur la Biennale de Venise, il y a quatre ans. Elle s’est sentie interpellée par le sujet de la revue : la reconstruction en temps de paix. La pièce qui en a découlé pose la question de la reconstruction après un conflit ou une catastrophe naturelle : comment rebâtit-on les infrastructures et les bâtiments, mais surtout les vies dévastées et les ponts entre les individus?

Après avoir présenté quelques spectacles qui accordaient une large place à la danse ces dernières années, Pigeons International (en coproduction avec le Teatro São Luiz, de Lisbonne) revient avec une proposition plus théâtrale, pour laquelle les mots d’Évelyne de la Chenelière servent de matière première à la reconstruction d’un couple marqué par la tragédie. Écrite à quatre mains, de la Chenelière pour le texte et Paula de Vasconcelos pour la scène, la pièce se révèle une œuvre au message ambigu, dont on ne sait finalement si elle pousse vraiment à la réflexion ou se contente de proposer une image idéalisée d’une humanité capable de retrouver bien facilement la paix après avoir connu la guerre.

Évelyne de la Chenelière présente avec L’architecture de la paix de jolies perles poétiques, qui se perdent malheureusement dans les formulations trop propres et posées. Le texte n’a pas la charge d’autres œuvres de l’auteure ou celle qu’on attendrait d’une pièce aux prémisses post-catastrophiques. Quant au dialogue des corps dans l’espace, il n’offre bien souvent que des mouvements conventionnels qui n’inspirent pas d’émotion particulière. Les corps s’enlacent et se repoussent à répétition, au gré du processus de reconstruction des individus et de leurs relations amoureuses, familiales ou fraternelles. Le jeu est pourtant très physique et les comédiens s’y investissent sans compter, mais ils ne sont pas danseurs, et l’ensemble texte et mouvements n’atteint jamais vraiment le souffle qui pourrait transporter le public.

Tout d’or et de lumière, le décor fait de paille tressée donne une atmosphère particulière au spectacle et baigne les acteurs d’une lumière très douce, aux antipodes de celle, froide, souvent proposée dans les pièces post-apocalyptiques. Signé de Vasconcelos, ce décor se construit, lui aussi, au fil de la représentation tandis que le couple de parents, interprétés par Pascale Montpetit et Daniel Parent, se rebâtit au lendemain d’une catastrophe jamais clairement nommée. Il se transforme peu à peu, laissant apparaître des fenêtres, un toit, et se déployant aussi au sol. Étonnant décor, paisible ou apaisé — on ne saurait dire — qui paraît aussi lumineux et rafraîchissant que le jeune couple formé par le fils et sa copine (incarnée par l’actrice portugaise Ana Brandão, également narratrice, à l’accent absolument charmant). Le son de la paille tressée vient peupler le paysage sonore de la pièce au même titre que la musique de Carlos Mil-Homens, réalisée sur scène. Une exploration sonore franchement réussie.

Visuellement magnifique, cette nouvelle production de Pigeons International perd malheureusement pied dans son discours presque trop optimiste sur les débuts balbutiants d’une ère nouvelle.  

08-03-2014