![]()
« Une vengeance peut-elle être un crime ? »
Janvier 1789. André-Louis Moreau entrevoit sa vie avec confiance et enthousiasme : avocat fraîchement émoulu d’un des collèges les plus réputés de Paris, il rêve d’une vie paisible auprès de la jeune fille qu’il aime. En 24 heures, sa vie bascule. Il doit fuir. De son village breton à Paris, en passant par Rennes et Nantes, Moreau adoptera l’anonymat et se cachera derrière le personnage de Scaramouche. D’une intelligence vive et ironique, désinvolte, habile escrimeur, il évolue au rythme de la Révolution française, se fait le défenseur du peuple mais poursuit un seul but : venger la mort de son ami Philippe de Valmorin.
Ayant vécu de 1875 à 1950, Sabatini s’inscrit dans la lignée d’Alexandre Dumas, père, et est davantage connu pour les adaptations cinématographiques tirées de ses romans que pour ses romans eux-mêmes. Dans Scaramouche, publié en 1921, il a esquissé un héros de cape et d’épée jeune, invincible, frondeur et léger malgré la gravité des événements qui déferlent.
L’adaptation de Pierre-Yves Lemieux et la mise en scène signée par Jean Leclerc rehaussent les aspects dramatiques des aventures imaginées par Sabatini : indignation, révolte, rivalités, affrontements, amour… et triomphe du jeune intrépide...D'après
Rafael Sabatini
Adaptation
Pierre-Yves LemieuxMise en scène
Jean LeclercAvec
Carl Poliquin, dans le rôle de Scaramouche, entouré de Maxime Allard, Émilie Bibeau, Catherine de Sève, Martin Desgagné, Daniel Desparois, Sophie Faucher, Alain Fournier, Alexandre Frenette, Jean-François Gagnon, Pierre Gendron, Hélène Grégoire, Raymond Legault et Marc St-MartinCollaborateurs
Michel Robidas, Claude Accolas, Paul Baillargeon, Jean-François GagnonDu 22 septembre au 14 octobre 2006 (représentations scolaires du 19 septembre au 12 octobre)
Billetterie : 514-253-8974_____________________________________________________
Photo couleur : Carl Poliquin, crédit Josée Lambert
Photo noir et blanc : metteur en scène Jean Leclerc, crédit : Gordan Dumka
![]()
par David Lefebvre
He was born with the gift of laughter, and a sense that the world was mad.
- Épitaphe de Sabatini et première ligne du roman de Scaramouche
La saison 2006-2007 du Théâtre Denise-Pelletier part littéralement en lion avec la pièce de cape et d'épée Scaramouche. Écrit par le prolifique écrivain italo-anglais Rafael Sabatini, Scaramouche fut, en 1921, son premier bestseller. Suivirent Captain Blood et Seahawk, qui furent tous trois brillamment adaptés au cinéma ; Scaramouche par George Sidney et les deux autres par Michael Curtiz.
C'est dans le contexte historique de la révolution française que Scaramouche débute. André-Louis-Moreau, jeune aristocrate et avocat, ne connaît pas ses parents et vit avec un parrain, M. de Kercadieu et sa jolie fille Constance. Un jour, son meilleur ami, Philippe, qui a à coeur les droits bafoués de la population française, meurt injustement en duel contre le Marquis de la Tour d'Azyr, un maître à l'épée. André-Louis, témoin, accuse le Marquis de meurtre. En voulant avertir du délit le lieutenant du roi, qui refuse de l'écouter, il délivre au peuple une rhétorique persuasive, menant à de futures protestations de la part d'étudiants et de la populace dans le pays. Recherché pour trahison, André-Louis se cache dans une troupe de théâtre. Il prend l'apparence de Scaramouche, personnage masqué célèbre dans la commedia dell'arte. Il devient malgré lui célèbre, et il doit encore s'enfuir. Pendant tout ce temps, la fille de son parrain, doit épouser le Marquis de la Tour d'Azyr, ce qu'André-Louis juge abject et tente de l'en dissuader. Il se cache finalement dans une école d'escrime, développe ses propres coups, et devient député au congrès. Il y tue un par un les sénateurs de la noblesse qui le mettent au défi. La révolution éclate. Il retrouve enfin le Marquis de la Tour d'Azyr, et le combat dévoile l'une des plus grandes surprises qu'a pu connaître Moreau.
crédit photo : Robert EtcheverryL'adaptation du roman par Pierre-Yves Lemieux est juste, rend le texte tout aussi passionnant que le bouquin. On y perçoit même quelques liens avec notre époque, soit dans les explications de la politique, les états généraux et les étudiants qui manifestent. Pour ceux et celles qui auront vu le film, l'adaptation théâtrale est tout aussi romanesque mais moins romantique, et prend beaucoup moins de raccourcis. La mise en scène de Jean Leclerc est tout aussi captivante est la pièce est un véritable marathon pour les comédiens. Malgré ses trois heures et quelques rares longueurs, l'histoire est si dense, avec les multiples aventures de Moreau, ses amours, la recherche indirecte de ses parents, ses relations politiques, sa quête de vengeance, tout ceci dans le contexte historique de la révolution française, que notre attention ne décroche pas une seconde de la scène. L'action n'arrête jamais, et certaines cascades sont même épatantes. Les combats à l'épée, qui sont parfois au théâtre trop "mous" ou trop simples, sont, ici, convaincants et stylisés. Le jeu de Carl Poliquin est un véritable bonbon, nous offrant un André-Louis Moreau/Scaramouche à la hauteur des ambitions du texte et de la mise en scène, jouant le ténébreux, le vengeur, l'amoureux, le séducteur, l'apprenti, l'orateur de génie et le talentueux et très drôle comédien masqué. Tous les autres acteurs qui gravitent autour de lui l'aident à soutenir la pièce sur leurs épaules grâce à leur grand talent, et offrent tour à tour de très bons moments.
crédit photo : Robert EtcheverryComme l'histoire se déroule dans différents endroits, la troupe aurait pu rencontrer un problème majeur de changement de décor. Pourtant non ; ces changements sont simples et ingénieux, se servant de panneaux qui glissent et de colonnes qui pivotent pour offrir différents éléments de scénographie. La musique de Paul Baillargeon est classique, solennel, et sied parfaitement bien à ce genre de spectacle.
Pièce à grand déploiement, avec projections, grands décors, cascades, combats d'épée, costumes d'époque, texte sur fond de révolution et de prise de conscience, Scaramouche est un succès hautement divertissant, dans la veine des Comte de Monte Cristo et des Trois mousquetaires. Un hit assuré chez les adolescents et les adultes. Chapeau!
24-09-2006