La poésie d'un amour fouDans un château en Bavière, une reine veuve, vierge et peut-être déjà morte, rencontre son destin sous la forme d’un jeune poète anarchiste venu pour la tuer. La reine sait qu’ils doivent forcément mourir tous les deux. Mais en attendant, ce jeune assassin ressemble étrangement au roi tant aimé et il reste quelques jours avant qu’il ne soit découvert dans ce coin si reculé. Juste le temps de comprendre que le bonheur peut être
aussi terrible que le malheur : un météore qui flambe et disparaît.« Je voudrais une pièce où je me taise au premier acte, où je pleure de joie au second acte et où je tombe d’un escalier à la renverse au troisième acte.» C’est ainsi que Jean Marais fit la commande de la pièce à Jean Cocteau en 1946. En voulant renouveler le drame
romantique et redonner toute sa place à l’acteur, Cocteau a réveillé le théâtre.En coproduction avec le Théâtre de la Bordée
Texte de
Jean CocteauMise en scène
Marie-Thérèse FortinAvec
Sylvie Drapeau, Hugues Frenette, Robert Lalonde, Vincent Champoux, Édith PaquetteAssistance à la mise en scène
et régie
Stéphanie Capistran-LalondeScénographie
Christian FontaineCostumes
Isabelle LarivièreÉclairages
Éric ChampouxConception sonore
Stéphane CaronDu 16 mars au 7 avril 2005
Billetterie : 253-8974
Lire la critique de Magali Paquin
par Julie Lacasse
Comme si j’avais 16 ans.
J’adore Cocteau, j’ai l’âme romantique et sentimentale. Les sphères où ils osent se promener, celles où l’amour fait mal mais reste droit, me fascinent. Que ce soit l’amour des amants, ou celui des mots, des images, Cocteau sait manier la nuit pour nous ramener au coeur même de ce qui nous pousse à vivre.
Mais je ne dois pas ici faire un discours sur Cocteau mais bien sur la mise en scène d’une de ses pièces, L’Aigle à deux têtes, présentée jusqu’au 2 avril au Théâtre Denise Pelletier. Mise en scène réalisée par Marie-Thérèse Fortin et interprétée par Sylvie Drapeau, Hugues Frenette, Robert Lalonde, Vincent Champoux, Édith Paquette et Kha Nguyen.
Photographe : Robert EtcheverryC’est dans un style féerique, sombre et poétique que Marie-Thérèse Fortin nous offre Cocteau. Et quand je dis qu’elle nous l’offre, il faut le prendre au premier degré puisque la pièce débute par un discours sur la poésie, prononcé par un Cocteau imaginé et interprété par Robert Lalonde. Cette amorce nous transporte immédiatement dans son univers.
Le décor est très impressionnant. Tout semble rigide, stricte, dur mais, au cours de l’histoire, on se rend compte que c’est le contraire, la fluidité des murs qui s’envolent pour faire place à un autre décor, les personnages qui entrent et sortent par les murs en tissus, c’est vraiment fantastique, les lieux semblent animés et nous transportent hors du réel.
La pièce est touchante. Romantisme extrême, illusion, tragédie, fatalisme, le mélange plaît ou déplaît mais secoue inévitablement. Les personnages sont bien campés, il y a de la rigueur dans les caractères. Les dialogues, d’une intelligence fine, n’en sont que plus percutants pour les âmes chevaleresques.
Photographe : Robert EtcheverryLa pièce est un peu longue, malgré les coupures apportées au texte original et la finale est un peu brusquée. Mais tout compte fait, j’ai retrouvé mon coeur de 16 ans et j’ai pleuré...
30/03/2005