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Du 13 au 30 décembre 2010
Glouglou
(2 à 5 ans)
Texte de Louis-Dominique Lavigne
Conception du spectacle et mise en scène de Lise Gionet
Avec Jean-Sébastien Lavoie, Annie Ranger, Caroline Tremblay

Un spectacle plein de cachettes, ponctué de premières fois. De coucous et de glouglous ! Deux tout-petits, un papa, une maman, une maison, les saisons, les rêves, les odeurs et les sons. Quelques larmes et beaucoup de rires. Une histoire qui goûte bon. Qui se raconte tout en douceur, comme une berceuse. Dans une mise en espace englobante, le dispositif scénique entoure les bambins qui n’en sont qu’au début de leur éveil au monde et au théâtre. Cette confortable intimité est soutenue par la lumière, l’environnement musical et sonore ainsi que par de nombreux éléments qui font appel à tous les sens.

Durée du spectacle : 40 minutes

Conception visuelle et scénographique : Nicolas Descôteaux
Costumes : Nadia Bellefeuille
Musique originale : Vincent Beaulne
Musique sur scène : Femke Bergsma
Collaboration au mouvement : Hélène Blackburn
Accessoires : Alain Jenkins

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 27 au 30 décembre 2010 (le 30 déc. à 11h seulement)
Régulier : 18,80$
Carte premières : 9,40$

Une production du Théâtre de quartier

Théâtre d'Aujourd'hui

3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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Dates antérieures (entre autres)

Ce spectacle a été créé en 2004. Il a été présenté en événement de Noël à la salle Jean-Claude-Germain lors des saisons 2007-2008, 2008-2009, 2009-2010 et 2010-2011.

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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas

À l’automne 2003, un petit miracle théâtral voit le jour. Le Théâtre de quartier crée à Longueuil une pièce de théâtre pour les enfants de deux à cinq ans intitulée Glouglou. Mis en scène par Lise Gionet et écrit par Louis-Dominique Lavigne, le spectacle provoque toujours le même émerveillement, près de deux cents représentations plus tard.

Dans une atmosphère qualifiée de « réalisme poétique » par ses concepteurs, la pièce raconte, ou plutôt éveille son public aux « premières fois », aux premières expériences de la vie, aux premiers baisers, aux premiers chagrins, aux premiers départs d’un petit garçon prénommé Fred (Jean-Sébastien Lavoie). Ce petit bout d’homme prend contact avec son univers, son papa, sa maman et sa voisine sympathique.

Expérience initiatrice aux arts de la scène, la représentation se déroule pendant quarante minutes dans une atmosphère à la fois dynamique et intime. Les parents et les enfants s’assoient par terre en demi-cercle, alors que l’espace scénique est recouvert d’un drap blanc. Un mélodieux air de guitare se fait entendre en arrière-fond. Apparaît une flutiste (Caroline Tremblay) à l’allure angélique.

La première réussite de Glouglou demeure la qualité du texte de Louis-Dominique Lavigne. Cet auteur chevronné du théâtre jeune public parvient à une écriture qui jongle entre la simplicité jamais simpliste et la poésie, pour conjuguer le réel à l’imaginaire. Dans ce théâtre qui accorde une place prédominante aux sons et aux onomatopées, les enfants ont été souvent interpellés par les mots de l’œuvre, conférant ainsi sa puissance évocatrice.

Dans le rôle du petit Fred, Jean-Sébastien Lavoie est fabuleux par son regard expressif, sa gestuelle spontanéité et ses éclats de rire. Même avec son physique assez costaud, il trouve toujours le ton juste pour incarner un bébé, sans tomber dans la caricature, souvent tentante dans ce type d’expérience. Sa partenaire Annie Ranger incarne également avec brio plusieurs rôles du récit, entre l’amusement et la surprise. Chacun de ses coucous est accueilli par des éclats de rire. Plus discrète, Caroline Tremblay apporte une douceur apaisante qui ponctue l’action d’une dimension ludique grâce à la musique de Vincent Beaulne.

Dans la version publiée de la pièce, la metteure en scène Lise Gionet exprimait son désir de proposer un théâtre incarné dans un esprit festif et joyeux, sachant rejoindre l’univers sensoriel et le vécu des nourrissons. À voir et à entendre les réactions des enfants, c’est mission accomplie.

Mes collègues de MonTheatre.qc.ca avaient écrit des comptes-rendus très élogieux de Glouglou par le passé. En cette fin d’année 2010, l’enthousiasme est toujours au rendez-vous. Pour le Théâtre de quartier, il s’agissait d’une première incursion dans l’art pour les bébés. Espérons, pour les spectateurs de tous âges, d’autres naissances aussi fructueuses.

17-04-2005
 Critique

par David Lefebvre (2005)

Un jour je suis né. C’était la première fois…

Vous rappelez-vous de votre première fois? Celle du premier boire, du premier « maman », du premier bol de carottes pilées… Ces premières questions du pourquoi, du comment? Glouglou raconte ces premières fois, premières rencontres, premiers bisous.

L’espace scénique, dans ce genre de création, est fort important. Pour bien rejoindre le public, qui est très jeune, soit deux ans et plus, on se doit d’être tout près d’eux, de les regarder droit dans les yeux pour qu’ils se sentent touchés, intégrés dans l’action. La metteure en scène Lise Gionet et le Théâtre de Quartier ont donc débuté la création par cet espace. Puis s’est greffé la lumière, les sons, les gestes.

Les enfants et les parents s’assoient en demi-lune tout autour d’un rideau blanc, qui s’ouvrira et se fermera lors de la pièce. Puis apparaît la fée musicale, interprétée par Femke Bergsma, qui joue de deux flûtes différentes. C’est Fred (Jean-Sébastien Lavoie) qui se pointe le nez, ce petit garçon qui vient de naître et qui nous raconte ses premières fois. Il y a aussi sa maman, son papa et sa voisine (Simone Chevalot) qui arrivent comme ça, avec des coucous et des grognements. Le papa porte un chapeau avec des plumes vertes, la maman des talons hauts et un foulard rouge et la petite voisine un toutou style marsupilami… L’identification est donc simple et rapide. Leur jeu est d’une grande générosité et d’une belle disponibilité. Les costumes sont tout de blanc, soyeux, simples (pantalons et camisole) et complexes en même temps (corset, robes et crinoline). Le texte de Louis-Dominique Lavigne nous plonge dans l’univers de la petite enfance, tout au “je” et aux premières expériences, joyeuses comme malheureuses. La musique de Vincent Beaulne est d’une douceur et rappelle quelques mouvements de classique. Hélène Blackburn a collaboré à la mise en mouvement, particulièrement importante dans ce genre de spectacle ; parfois drôle, ou ludique, les enfants s’associent à eux quand Fred joue ou quand la voisine tente de monter sur le comptoir…

Courte pièce, elle captive les petits par sa réalité, sa proximité et son ton rigolo. La musique a une grande part dans la pièce et elle est magnifique, donnant même un thème au mot glouglou qui revient quelques fois, pour exprimer le boire, les gouttes d’eau dans la fenêtre ou le bain… Glouglou est donc une belle première expérience pour les enfants, qui en redemanderont…

17-04-2005
 Critique

par Magali Paquin (Québec - sept. 2004)

S’adressant au public extrêmement jeune que sont les 2 à 5 ans, la pièce « Glouglou » du Théâtre de quartier, présentée au Théâtre des Gros Becs du 22 septembre au 3 octobre 2004, a pur but d’initier les enfants à l’art théâtral en leur parlant d’eux, dans leurs mots. Accompagnée de Jérémy, 4 ans, et de sa maman, m’appuyant également sur ma propre expérience de mère, j’ai tenté de revenir quelques années en arrière…

Axé sur la découverte du monde par l’enfant, les mots « aujourd’hui, c’est la première fois… » constituent la trame par laquelle on rappelle la première tétée, la purée, les coucous de maman, les vilaines peurs, la conscience des autres et du monde extérieur ; bref, toutes ces petites choses qui constitueront désormais l’univers des bambins, mais qui sont à chaque première fois une grande révélation sur la vie. Évoluant dans une atmosphère tout en tendresse, le petit Fred (Jean-Sébastien Lavoie) prend peu à peu conscience de ses sens, de lui, des autres, est transporté par toutes sortes d’émotions et sort vainqueur de grands défis. Sa maman, son papa et sa petite voisine (tous joués par Simone Chevalot) sont quant à eux auprès de lui au cours de ces étapes marquantes.

Les enfants constituent un public exigeant, surtout lorsqu’ils sont en si bas âge : difficile de ne pas se tortiller sur son siège et de rester silencieux aussi longtemps. Après une demi-heure de spectacle, l’attention s’était déjà relâchée de beaucoup. Quelques surprises et scènes amusantes ont toutefois permis de les concentrer de nouveau sur l’action pour une quinzaine de minutes qui n’aurait pas pu être étirée plus longtemps. La chose est d’autant plus difficile qu’il s’agit d’une pièce qui ne fait pas directement interagir les enfants avec les acteurs. Ici, pas d’animation de foule, pas de spectacle de clown, ni de tours de magie. Si les bambins participent, c’est d’eux que provient l’élan : en nommant les animaux imités, en répétant des mots, en rigolant des simagrées des personnages. Une première incursion dans le théâtre traditionnel qui peut être ardue pour certains, tous les enfants ne supportant pas aussi aisément d’être sur le mode contemplatif pendant 45 minutes. Mais une première incitation à réfléchir, aussi, sur des sous-entendus qui ont soulevé les interrogations de mon jeune invité : pourquoi les parents pleuraient ? Voilà une bonne amorce pour expliquer à son enfant les chagrins incompris des adultes…

Pour leur rendre l’expérience plus agréable, on a amassé le jeune public sur la scène, en demi-cercle autour de l’espace scénique. En plus de favoriser leur intégration au spectacle, on renforce par là l’atmosphère de cocon tout chaud tout rond dans lequel baignent les personnages. La qualité de la mise en scène de Lise Gionet témoigne d’un respect envers les bambins : c’est pas parce qu’on est petit qu’on ne pas voir de grandes choses ! En utilisant un voile diaphane monté sur une tringle circulaire, en exploitant l’éclairage pour jouer avec les transparences ou simuler un arc-en-ciel, en extirpant d’une structure de bois des trouvailles de toutes sortes, on leur fait cadeau d’une belle expérience théâtrale. La rythmique gestuelle prend aussi une grande importance et a d’ailleurs retenu l’attention de mon petit invité, de même que la répétition des mots « glou glou », qui, en plus de l’amuser, le ramenait à des images connues (boire de l’eau, la douche, etc.). Pour ajouter à la douce ambiance qui règne sur scène, une flûtiste (Femke Bergsma) se fond dans le jeu tout en demeurant hors de l’action et assure une bonne partie de la trame sonore. Tous sont de blanc ou de beige vêtus, avec superposition de tissus leur donnant un air angélique et quasi aérien. Par contre, pour aider les bambins à mieux départager les différents personnages, des accessoires plus caricaturaux qu’esthétiques auraient pu être favorisés pour minimiser les incompréhensions.

« Glouglou » comporte aussi une part d’audace, que ne pourront s’empêcher de noter les spectateurs adultes. Les interactions entre personnages ont le mérite d’être extrêmement proches de la réalité ; maman fait des prouts sur la bedaine de fiston, elle le touche et le cajole avec tendresse. Mais si les adultes comprennent que l’homme assez costaud que voilà joue le rôle d’un bébé, les bambins, eux, ne peuvent le considérer comme un des leurs. « Qu’est-ce qu’il fait, le monsieur ? », ais-je entendu dans la salle. Un acteur au corps plus chétif aurait peut-être permis de mieux rendre cette personnification aux yeux du jeune public. L’audace, pour le regard adulte, vient de cette proximité du corps entre les acteurs, entre autres dans la scène où l’enfant/homme tète véritablement le sein de sa mère. On ne peut s’empêcher d’y voir ce que je me permets de qualifier comme un « érotisme naïf », touchant beaucoup plus que choquant, mais qui laisse tout de même surpris par sa témérité.

Très belle initiation au théâtre traitant de sujets que connaissent tous les enfants, « Glouglou » relève bien le défi que se sont lancé les membres du Théâtre de quartier. Et pour l’adulte que je suis, il m’est maintenant possible d’affirmer : « aujourd’hui, c’est la première fois »… que j’assiste à une pièce d’une aussi belle qualité pour un aussi jeune public!

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