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Du 27 mai au 14 juin 2008

Persée

Mise en scène, jeu scénique et manipulation : Olivier Ducas, Mathieu Gosselin et Francis Monty

À partir des artefacts trouvés sur un site de fouilles, trois archéologues du début du siècle tentent de prouver l’existence du héros mythologique Persée, mais leur reconstitution historique se heurte sans cesse à des éléments fabuleux. L’enquête scientifique se transforme peu à peu en quête existentielle. À travers Persée, c’est leur propre visage que les savants tenteront de déterrer. Transfigurés par les objets qu’ils animent, ils deviendront, sous nos yeux, les protagonistes du célèbre mythe. Rejetés par la communauté scientifique, ils poursuivent leurs fouilles, attirés par l’étrange magnétisme qui émane de certains artefacts. Ainsi se développe une étrange cérémonie, tragique et burlesque à la fois.

Scénographie et éclairages : Jonas Bouchard
Conception sonore : Simon Cloutier
Conseiller en spatialisation : Éric Gautron

les mardis à 19h
du mercredi au samedi à 20h

27 mai, à 14 h, aura lieu une représentation « parent-bébé »

Une production du Théâtre de la Pire Espèce

PÉRIODE PREMIÈRES
toutes les représentations
régulier 23 $
carte premières 11,50 $

Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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Dates antérieures

Théâtre d'Aujourd'hui
Du 18 janvier au 5 février 2005
Supplémentaire samedi 5 février à 15h
Reprise 29 novembre au 3 décembre 2005
Supplémentaire samedi 3 décembre 2005 à 15h

Théâtre Outremont - 9 mars 2007

 

par David Lefebvre

Attention, c'est du sérieux...

L'équipe de la Pire Espèce occupe doublement la Salle Jean-Claude Germain ces temps-ci. En plus de la nouvelle production Roland, ils nous présentent, pour une dernière fois à Montréal, la version supposément «définitive» (parce que, vous savez, qui connaît la Pire Espèce sait pertinemment que leurs spectacles sont toujours en mode évolution) de leur création archéo-mythologique, Persée.

Retravaillée, améliorée, éprouvée, la pièce du trio dynamique Monty, Gosselin et Ducas? Absolument. La trame de fond est toujours présente, soit celle de ces archéologues qui tentent de percer le mystère de ces masques de pierre inoculés de vie, qu'on leur envoie dans des boîtes de bois directement de Grèce (archéologie par correspondance), puis en marchant dans les pas du mythe de Persée, de la Gorgone et du roi Acrisios. Mais plus ils avancent, plus on pénètre dans leurs mondes intimes, où amours fugaces, départ du nid familial et dépassement de la réputation paternelle règnent. Leur quête se fait aussi intérieurement, réglant leurs problèmes et leurs peurs - une quête universelle qui devient personnelle. Le texte a été peaufiné, la mise en scène dépouillée, et heureusement, la plupart des idées géniales ont été conservées. La pièce fait toujours preuve d'une imagination débordante, débridée, au pouvoir visuel évocateur, empruntant au clown son côté «tragédique», et à la manipulation d'objets sa magie. Manipulateurs de talent, les trois comédiens réussissent à s'effacer derrière les pots et les vases qui servent de tête aux personnages et à les animer d'une vie à eux, faisant réagir la foule qui s'attendrit devant le petit Persée ou qui s'émerveille devant le roi Acrisios et sa barbe de fortune. Il y a un côté poétique, parfois, qui s'installe lors de quelques scènes avec les marionnettes, quand, par exemple, notre héros mythique devient adulte. Les objets usuels prennent toujours une autre dimension, une utilité différente, au fur et à mesure du spectacle : une pelle rappelle les roues motrices d'une locomotive, une roue de vélo, la manivelle d'une caméra, des boîtes de bois empilées, des modules interactifs comme dans un musée (on a droit à de drôles de commentaires audio muséologiques au cours du spectacle), etc. Malgré l'effet de flottement qu'on a pu ressentir quelques fois entre deux scènes, le rythme est soutenu, sans véritable temps mort. L'humour, sous plusieurs formes, est bien entendu encore au rendez-vous, et l'équipe ne se fait pas trop prier pour en donner au public, qui apprécie le spectacle à sa juste valeur.

Intelligent, inventif, festif, le Théâtre de la Pire Espèce se bâtit au fil des ans une réputation de béton grâce aux Ubu sur (et sourd) la table, M. Ratichon, Léon le nul, Roland et Persée. Ils traduisent même leurs créations pour l'Espagne et le Mexique. Malgré l'effervescence du monde théâtral ces jours-ci, Persée est à inscrire absolument à votre liste, aussi longue soit-elle.

31-05-2008

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par David Lefebvre (2005)

L'archéologie : une science moderne résolument tourné vers l'avenir!

Après l'énooorme succès qu'a remporté Ubu sur la table à travers le monde, le Théâtre de la Pire Espèce creuse encore plus loin pour nous proposer une fable archéo-mythologique : Persée. Une pièce dédiée au maître marionnettiste Félix Mirbt.

Trois archéologues (Olivier Ducas, Mathieu Gosselin et Francis Monty) découvrent de la vie dans des masques de pierre, qu'ils retrouvent dans des boîtes pleines de terre qu'on leur expédie (oui, ils préfèrent l'archéologie par correspondance...). Accumulant d'autres indices, ils tentent de reconstituer la vie du héros Persée, de l'exil forcé de sa mère, qui fut jetée dans une boîte à la mer, jusqu'à la décapitation de Méduse, la Gorgone, qui transformait en pierre tout être qui la regardait droit dans les yeux. L'enquête se transforme peu à peu en quête existentielle pour chaque membre de l'équipe. L'un est attaché à sa mère, l'autre tente d'impressionner son père et de ne pas être la risée de la famille (et ça le tourmente tellement qu'il glisse l'onomatopée "papa" papartout). Le dernier, le chef de l'équipe, écrit à mille prétendantes... S'enfonçant de plus en plus dans le mythe en faisant parler les artefacts, la légende se transforme peu à peu en récit personnel. Pendant ce temps, ils s'efforcent de prouver à la communauté scientifique qu'ils ont raison qui doute beaucoup du résultat. Mais ils continuent de fouiller, attirés par l'étrange magnétisme de certains objets...

Plus porté vers le jeu d'acteur clownesque que sur la manipulation d'objets, la pièce est un petit bijou d'imagination. Avec quelques caisses en bois, un peu de cordes, une table, un éclairage minimal et mobile, une roue de vélo, des vases, ils arrivent à nous faire entrer dans leur monde avec tant de facilité et de simplicité que ça en est presque surprenant. Avec un vase renversé, on fait apparaître Acrisios, le vieux roi et grand-père de Persée. Utilisant un entonnoir avec le bout dans un gant, on assiste aux premiers pas du héros. Des masques font aussi leur apparition tout au long de la pièce, des visages de pierre contenant des molécules de vie. La première partie est terriblement drôle, on découvre les personnages, on assiste à leur quête de gloire, on est fasciné par leur enquête et par ces flashes d'imagination et de manipulation. La deuxième nous présente les moments creux de leur vie, la communauté scientifique et les médias (représentés par des caméras de cinéma, comme dans les années '30, imaginaires) qui commencent à ne plus croire en leurs recherches, les réflexions qu'ils ont, les questionnements personnels. Un côté plus dramatique auquel on est moins habitué mais qui est fort intéressant et bien mené.

Le jeu des comédiens est excellent, chacun se démarquant des autres par leur propre façon de jouer, soit par la voix, la gestuelle ou la manipulation d'objets. Le rythme est bon et n'ira qu'en s'améliorant, misant sur les nombreux «punch» du texte. Beaucoup de blagues visuelles (je vous laisse le soin de les démasquer), de petites scènes hilarantes (Persée qui rencontre un guide mytho-touristique et lui demande comment devenir un homme...) et quelques blagues hors-texte (comme au tout début, la présentation de leur programme dit écologique, projeté sur un drap blanc) sont au rendez-vous. Une heure et quart de folie, d'imagination, de rires, de questionnements, de bons et jolis moments et une finale absurde à souhait... À ne pas rater!