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1er mars 2008, 19h

Lucidité passagère (refonte)

Texte de Martin Thibaudeau
Co-auteur George Spiridakis
Consultants aux textes Ken Scott, Patrice Coquereau, Érik Duhamel, Marie Turgeon, Maxime Morin, Jérémie Thibaudeau, Julien Knafo
Mise en scène de Patrice Coquereau
Avec Emmanuel Bilodeau, Geneviève Brouillette, Nico Gagnon, Vincent Leclerc, Maxime Morin, Martin Thibaudeau, Catherine-Anne Toupin et Marie Turgeon

Des gens ordinaires qui mènent une vie normale… Véronique ne cache rien en amour. Mathieu est simplement un peu fatigué. Alex peut s’adapter à tous les genres de femmes. Rémi a un nouveau bureau avec une fenêtre. Des histoires naissent en parallèle : des couples se rencontrent, d’autres se laissent, des amis se confrontent… Puis, des croisements surviennent, les quêtes s’opposent. Les destins sont liés. Les petits drames de la vie contemporaine côtoient les grands. Sur un ton réaliste, ce ping-pong relationnel, parfois comique, parfois dramatique, est une incursion dans l’intimité de jeunes adultes urbains qui pataugent dans l’incertitude à un moment charnière de leur existence. Tôt ou tard, ce que l’on fuit finit par nous rattraper et la réalité frappe comme un coup de poing sur la gueule.

Scénographie : Julie Deslauriers
Costumes : Marilyne Garceau
Conception des éclairages : Julie-Anne Parenteau-Comfort
Conception musicale : Julien Knafo
Direction de production : Élyse Vézina
Assistance à la mise en scène et régie : Marie-Andrée Lemire

Une création du Théâtre de la zone grise

PÉRIODE PREMIÈRES
29 novembre au 5 décembre
régulier 25 $
carte premières 12,50 $

Gesù
1200, rue de Bleury
Billetterie : 514-861-4036 ou 514-790-1245

 

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Dates antérieures

Du 28 novembre au 15 décembre 2007 (Th. d'Aujourd'hui)
Supplémentaires les samedis 8 et 15 décembre 15h
Du 7 au 29 avril 2006 à la Balustrade du Monument-National

 

par Aurélie Olivier

Des couples qui se croisent et s’entrecroisent, des histoires d’amour avortées ou mal terminées, d’autres qui débutent et pourraient peut-être durer, des individus paralysés par les séquelles de vilaines ruptures ou de drames de la vie, d’autres qui avancent coûte que coûte…

Lucidité passagère, écrite par Martin Thibodeau et habilement mise en scène par Patrice Coquereau, nous offre quelques tranches de la vie de trentenaires pleins d’incertitudes qui, chacun à leur échelle, vivent une transformation. Alex (Vincent Leclerc) se fait laisser par Roxanne (Geneviève Brouillette) parce qu’il est trop gentil. Qu’à cela ne tienne, il se conduira désormais comme un macho égoïste et ne prendra plus le risque de donner de l’amour. Rémi apprend que sa santé est mauvaise et décide qu’il est grand temps de vivre ses rêves. Faire un enfant? « J’aimerais ça trouver ma place avant de donner le même problème à un autre être humain » argue-t-il à Maggie, qui ne comprend décidément pas pourquoi son chum a lâché sa job pour devenir poète, oui, poète. Véronique quant à elle (Maxime Morin) n’en peut plus de se faire laisser toujours pour la même raison, y compris par Antoine (Nico Gagnon), son voisin pas très sexy. Et Mathieu (Emmanuel Bilodeau) rongé par la culpabilité a presque arrêté de vivre, et consacre névrotiquement son temps aux enfants malades. Des gens ordinaires somme toute, qui traversent la vie vaille que vaille, de coups durs en grands bonheurs.

En dépit des drames vécus par les protagonistes, il se dégage de ce spectacle un certain optimisme et une forme de douceur. Presque tous les comédiens interprètent les personnages avec retenue et justesse, nous laissant subtilement entrevoir leurs failles. Que cherche-t-on chez l’autre? Que trouve-t-on en soi? La solitude est-elle inéluctable? Telles sont les questions que l’on se pose en quittant la salle.

La scénographie conçue par Julie Deslauriers repose sur 4 panneaux modulables, ressemblant à des pièces de Tetris. Entre chaque scène, sur un fond musical, les comédiens les déplacent et les remboîtent différemment, tandis que certains des personnages demeurent à l’avant de la scène. Aucune précipitation dans ces changements de décors, pleinement intégrés à la mise en scène, et par lesquels on finit par se laisser bercer. On est ainsi transporté de Montréal à Paris, d’un appartement à un hôpital, d’un restaurant à une place publique. Et le temps passe, et les personnages évoluent sous nos yeux et nous partageons leurs souffrances et leurs joies, et nous nous identifions à eux, forcément.

Une pièce touchante, drôle et bien construite, qui ne restera peut-être pas dans les annales de la dramaturgie québécoise, mais qui permettra certainement aux spectateurs de passer un bon moment et de se poser quelques questions sur leur propre existence.

01-12-2007

 

par David Lefebvre (2006)

Le collectif d’acteurs du Théâtre de la Zone grise, qui nous avait déjà proposé Je ris… moi non plus et, sous d’autres noms, Névrose à la carte (Tunnel Théâtre) et Urbanités (Théâtre urbain), consolide son élan créatif du paradoxe et du “ni noir ni blanc” avec Lucidité passagère, présentée dans la minuscule Balustrade du Monument-National.

Quatre histoires, quatre personnes à la croisée des chemins, quatre coups de poing sur la gueule. Véronique voit ses conquêtes la quitter un à un, à cause d’un petit bobo. Blessée, elle décide de se fermer au jeu de l’amour jusqu’à ce que la réalité lui explose en pleine face ; un bénévole dans un hôpital s’acharne à vouloir sauver les enfants jusqu’à en oublier sa propre vie ; un homme a de la difficulté à bien saisir ce que les femmes veulent et attendent de lui : l’une le quitte parce qu’il est trop prévoyant, l’autre parce qu’il est trop macho, il doit finalement tenter de trouver qui il est vraiment ; un homme désabusé de sa vie personnelle et professionnelle décide de réaliser son rêve d’écrire et de créer, pour s’accomplir pleinement, quitte à abaisser son niveau de vie, ce qui ne fait pas nécessairement le bonheur de sa copine…


Crédit photo:  Dominique Lafond
Martin Thibaudeau et Marie Turgeon

Définitivement actuel, urbain, poignant sans être dérangeant ou intimidant (malgré parfois la gravité des événements), le texte de Martin Thibaudeau n’a rien de lumineux. Même si l’espoir est permis, le tunnel dans lequel ils ont perdu leur chemin est encore noir. Il aborde une vérité crue, véridique, de plusieurs problèmes qui accablent la génération 25-35 ans : l’incertitude, le rejet, l’auto punition, l’interdiction au bonheur pour purger une peine sévère qu’on s’inflige, l’adaptation, les conséquences de ne pas être soi, la recherche de soi par les yeux des autres, la quête et l’aboutissement de nos rêves mais surtout le prix à payer et l’acceptation de ce prix. Les récits ne sont cependant pas dénués d’humour : quelques personnages sont rigolos, mais l’humour vient surtout alléger certains moments dans un univers qui est imprégné d’une tristesse infinie.

L’excellent comédien Patrice Coquereau signe ici sa première mise en scène qu’il veut près de la réalité. Les comédiens (Martin Thibaudeau, qui agit aussi en tant que narrateur-présentateur des trois premiers textes, Érik Duhamel, Marie Turgeon et Maxime Morin) offrent leur talent pour porter le texte à l’avant-plan. Les comédiens, jouant avec naturel, profitent d’un moment d’hébétude du personnage ou de la fin d’une scène pour déplacer quelques meubles et ainsi changer le décor car, grâce à la scéno de la comédienne Julie Deslauriers, aux murs qui se rabattent et s’ouvrent, on se retrouve ingénieusement (car l’espace scénique est très restreint) dans un appartement, une chambre d’hôtel à Paris (ou près de Notre-Dame) ou encore dans un hôpital.


Crédit photo:  Dominique Lafond
Martin Thibaudeau et Érik Duhamel

Lucidité passagère propose des moments durs, tristes, pessimistes, pour des personnages percutés de plein front, en quête d’amour, de pardon et d’eux-mêmes. Des personnages qui, dans un monde au bonheur perpétuel et commercial, ont un moment de lucidité passager.

12-04-06