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Du 11 au 29 septembre 2007

Écume

Un matin de novembre. Morgane est enceinte : Émile est content. Morgane n’a qu’une idée en tête: se rendre dans son village natal, au loin, sur le bord de la mer, pour annoncer en personne la grande nouvelle à sa mère. Un détail, toutefois, important pour Émile et négligeable pour Morgane: tous deux savent fort bien que la mère repose six pieds sous terre, dans le cimetière du village. Émile se résigne et les voilà à bord d’un train, chargés d’eau, de fleurs et de bleuets, pour rendre visite à maman. Ce qui s’annonçait l’occasion d’un petit rituel innocent se transforme en une plongée au cœur de l’essence même de la vie. Écume résulte d’une aventure humaine rare : douze créateurs du milieu de la danse et du théâtre se sont réunis, au gré de nombreux laboratoires, dans un minuscule village agricole, afin de créer une forme chorégraphique et théâtrale qui témoigne à elle seule de la violence du vent, de la grisaille des flots et du vertige de vivre. Un spectacle où les mots, les corps et la musique vont et viennent, formant des vagues qui heurtent le récit et dont l’impact crée, au fil du temps, l’écume.

Assistance à la mise en scène, régie et direction de production : Manon Claveau
Accompagnement chorégraphique : Catherine Tardif
Musique : Louise Beaudoin
Espace et objets : Jasmine Catudal
Habillage des corps : Romain Fabre
Lumières : Martin Sirois
Conseils dramaturgique et artistique : Reynald Robinson
Direction technique : Guy-Alexandre Morand

Une production du Théâtre de la Cabane Bleue
avec l'appui du Théâtre français du Centre national des Arts

PÉRIODE PREMIÈRES
11 au 22 septembre
régulier 23 $
carte premières 11,50 $

Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

 

 

par David Lefebvre

La mer séduit et repousse, fascine et fout la frousse tout à la fois. Aussi belle et calme peut-elle être de loin, aussi profonde, noire et froide elle peut se révéler de l’intérieur. D’une manière ou d’une autre, elle est toujours inspirante. L’auteure et metteure en scène Anne-Marie White, d’origine acadienne, s’est inspirée de certains faits de sa propre vie, tout près de l’Atlantique, pour écrire Écume.

Morgane est enceinte. Elle ne pense qu’à une chose, annoncer l’heureuse nouvelle à sa mère, qui repose dans le cimetière de son village natal, sur le bord de la mer. Émile, le copain, qui n’aime pas trop l’avion, se résigne quand même à la suivre. Cette petite visite se transforme en une plongée au cœur de la vie passée de Morgane et celle de sa mère, par l’entremise du croque-mort, M. Momo, mi-homme mi-femme, mi-bête mi-dieu, qui entend les morts dans leur supposé dernier sommeil.

À travers la mère et ses nombreuses histoires fantastiques de voyages, de Morgane, d’Émile et de M. Momo, l’auteure nous parle de la peur d’être englouti, de la violence de la vie, du rêve comme arme de survie, de la différence entre ces rêves et le mensonge, du choix de croire en ce que nous voulons, de la foi et de l’acte naturel et nécessaire de créer. La mise en scène s’est voulue à l’écoute de ce texte mignon, certes, mais parfois lourd : sans aucun langage scénique précis, on ressent plus qu’on assiste. Hyper symbolique, poétique dans les moindres mouvements (grâce, entre autres, à la chorégraphe Catherine Tardif), le spectacle, qui emprunte mille chemins, reste imparfait dans sa forme et le rythme en souffre beaucoup. Mais le tout est organique et dégage une grande tendresse. La mère (Ginette Chevalier) joue de dos pratiquement tout le spectacle, une valise à ses côtés, mais on ressent toujours, avec force, sa présence angoissée. Le couple Morgane (Anie Richer) et Émile (François Bernier) dégage l’amour jeune et beau, l’innocence et la sensibilité. Le personnage de M. Momo, campé par Marc-André Charrette, a beaucoup de potentiel, mais, malheureusement, on en effleure à peine les multiples possibilités.

Le décor de Catherine Catudal se compose d’une circonvolution de quelques cadres de fenêtres suspendus ; un peu de sable est répandu par terre et un muret de ciment repose au fond de la scène. L’éclairage de Martin Sirois complète la scéno, avec quelques effets simples, mais réussis. La partition musicale au piano, de la compositrice Louise Beaudoin, rappelant par moment le travail de Tiersen, sied parfaitement bien à l’histoire et s’y intègre à merveille.

Écume est une tendre histoire, sincère, prise dans la tourmente d’une vie où réaliser ses rêves n’est plus un caprice, mais une nécessité. Tout aussi lumineux qu’obscur, comme l’océan, le récit est houleux et change sa méthode narrative sans préavis. On nage en eau tout aussi limpide que troublée. 

14-09-2007