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Du 1er au 19 avril 2008 - COMPLET
Mardis 19h - mercredi au samedi 20h

Couples

Texte et mise en scène de Frédéric Blanchette
Avec Denis Bernard, Steve Laplante, Marie-Hélène Thibault, Catherine-Anne Toupin

Couples offrent une soirée de courtes pièces qui dépeignent avec humour et absurdité quelques moments charnières de la relation amoureuse. La pièce commence par une rupture : un homme annonce à sa compagne de vie qu’il n’est plus heureux. Elle ne sait quoi répondre. Elle ne peut rien répondre. La pièce se termine par une rupture, une autre : un homme finit de faire ses boîtes, la femme le rejoint sur le bord de la porte pour lui dire au revoir. Ils se regardent dans les yeux, la tension monte, ils se déshabillent et font l’amour… à plusieurs reprises. Mais malgré l’ardeur incroyable de leurs ébats, malgré leur communion d’esprit évidente, malgré leur regard identique sur la vie, ils restent persuadés qu’ils ne sont pas « faits l’un pour l’autre ». Entre les deux amants, des moments absurdes de la vie amoureuse d’un chanteur populaire, d’un soldat au front, d’un homme ayant développé un tic de langage au contact de sa nouvelle copine, d’un vendeur automobile et de son client, d’un homme infidèle à l’imagination débordante, d’un mélomane, d’un couple de « colleux » excessifs…


Conception : Patricia Ruel

Une création du Théâtre Ni plus ni moins

PÉRIODE PREMIÈRES
1er au 5 avril
régulier 23 $
carte premières 11,50 $

Théâtre d'Aujourd'hui, salle Jean-Claude Germain
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

par David Lefebvre

Occupé, Frédéric Blanchette, en 2007-2008? Absolument! L’homme mettait en scène deux pièces (À présent, à La Licorne, et Les grandes occasions, au Rideau Vert) et reprenait récemment les rails de son spectacle solo, Trains fantômes. Le voici, occupant la petite salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui, avec ses complices Catherine-Anne Toupin, Steve Laplante, Marie-Hélène Thibault et Denis Bernard, pour nous présenter son tout nouveau projet, Couples.

Couples est une suite de courtes pièces, une douzaine au total, d’une longueur se situant entre 45 secondes et 20 minutes, qui ont comme point central les relations amoureuses. Mais il serait trompeur d’y voir une énième pièce sur les rapports conjugaux. Même si Blanchette préconise ici le ton de la “comédie franche”, comme il l’a répété dans plusieurs médias, il aborde des thèmes assez précis, lors d’étapes et de moments particuliers. Y passent l’affirmation de soi dans une relation, les désirs soudains, l’amour à distance, les amis, la manipulation, les couples “colleux”, le jardin secret des partenaires, l’infidélité, les relations dysfonctionnelles, les malentendus, la rupture, mais surtout le mensonge, sous toutes ses formes. Celui que l’on monte, comme un bateau, pour ne pas blesser, pour cacher la vérité que l’on altère, pour vendre ;  celui dirigé contre l’autre, et celui que l’on se fait accroire. Il y a aussi cet étrange sentiment de vouloir voir ailleurs si c’est mieux, la peur absolue de l’engagement;  en ces temps d’amours complices, d’amitiés amoureuses et de libre choix du partenaire, nos couples sont peut-être plus difficiles à suivre que jadis, mais quelle source d’inspiration ils deviennent!

Plus près de Pour une faire une histoire courte… que de Périmètre, l’écriture de Blanchette est efficace et rafraîchissante. Car, malgré quelques situations qui pourraient sombrer dans un pathétisme désolant, l’humour parfois burlesque de celles-ci prend alors le dessus. On ne peut s’empêcher de rire de ce vendeur de voitures aux procédés louches, ou de ces subites et étonnantes révélations, ou encore des mensonges farfelus d’un homme qui cache sa relation extraconjugale à sa femme. Les situations, au premier abord assez réalistes, sont de légèrement à fortement poussées au-delà de leurs propres réalités, et ouvrent des portes où l’absurde prend le dessus : une jeune fille tranquille lors d’une soirée dansante à l’école devient la proie d’une gang de filles qui ont la langue trop pendue à propos de leur “premier choix masculin”, l’amour à distance par lettre interposé lors d’une guerre, où le soldat perd quelques membres et tente de trouver des avantages à sa situation, une chicane entre deux amis à cause d’un tic agaçant, un couple en rupture qui ne peut s’empêcher de faire l’amour à répétition en se disant qu’ils ne sont pas faits l’un pour l’autre…

Crédit photos : André Rioux

Les quatre comédiens semblent éprouver beaucoup de plaisir à entrer dans l’univers de l’auteur. Et c’est contagieux. Les deux heures et des poussières que dure la pièce passent très rapidement. Le jeu, dans l’ensemble, reste dans la sincérité et dans la simplicité. Même si on reste quelque peu perplexe devant les motivations de certains personnages lors d’une saynète ou deux, la plupart des situations nous font beaucoup rigoler. On étire jamais la sauce trop longtemps - l’avantage des courtes pièces -  l’effet est concentré et on ne perd personne en cours de route.

Le lien commun aux histoires est un espace de rangement, un amalgame d’entrepôt/garage/sous-sol, où sont empilées différentes babioles (lampes, tapis, télé, meubles, accessoires qu’on utilise dans chaque courte pièce) laissées là, après une rupture. La forte connexion qui aurait pu exister entre ces objets et les différents personnages (souvenirs, appartenance…) aurait été intéressante à exploiter, à approfondir, mais il n’en est malheureusement rien.

Soulignons la «qualité» de la trame sonore du spectacle, aux multiples chansons des années 80 qui, au mieux, font franchement sourire, ou du moins ravivent quelques souvenirs – boule miroir incluse.

Couples est un spectacle simple, sans prétention, qui n’a comme but que d’amuser et de faire rire, sans tomber dans la facilité et le déjà vu. Et ça fonctionne.

03-04-2008