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8 décembre 2015, 20 h - supplémentaire le 9 décembre 2015 à 20 h
BagneBagne
Danse - recréation
Conception originale (1998) : Pierre-Paul Savoie et Jeff Hall
Ré-création (2015) : Pierre-Paul Savoie, en collaboration avec Jeff Hall
Avec Lael Stellick et Milan Panet-Gigon ou Jonathan Fortin

Plus de 20 ans après sa création originelle, les co-­créateurs et interprètes Pierre­-Paul Savoie et Jeff Hall entreprennent de revisiter l’un de leurs plus grands succès, Bagne. Confinés dans une monumentale structure métallique, deux hommes s’embrasent sous les yeux captivés des spectateurs. Dans cette œuvre au croisement de la danse et du théâtre, la force brutale des interprètes vient se mêler à une tendresse universelle. Emprisonnés, les corps s’éreintent autant qu’ils s’entrelacent dans un mouvement brut et sensible, créant ainsi un hymne à la liberté et à l’amour puissant et magistral.

En faisant appel à une nouvelle génération d’interprètes masculins et en invitant les collaborateurs de la première heure à revisiter leur travail, les créateurs actualisent le propos et rendent l’œuvre intemporelle. Ancrée sur une base solide cette recréation saura assurément, grâce à son universalité, toucher à nouveau l’âme des spectateurs tout en étant découvert par un nouveau public et de nouvelles générations.

À propos des chorégraphes

Fondée en 1989 par Pierre-Paul Savoie, PPS Danse propose des pièces marquées par l’interdisciplinarité dans leur forme et par l’humanité dans leur contenu. S'investissant dans les champs de la création, de la production et de l’action culturelle, PPS Danse assure sa position de pilier dans la communauté de la danse au Québec. Partageant le même goût du risque et de l’humour, Pierre-Paul Savoie et Jeff Hall deviendront partenaires de création et remporteront, en 1996, le Prix Jacqueline-Lemieux du Conseil des arts du Canada pour Bagne.


Section vidéo


Musique et conception sonore: Michel F. Côté
Scénographie: Bernard Lagacé
Éclairages: Marc Parent
Conception des costumes: Linda Brunelle
Conseiller dramaturgique: Guy Cools
Crédit photo : Rolline Laporte

Prix des billets 50 $ (régulier)
41,10 $ (étudiants)
41,10 $ (65 ans et +)
* taxes et frais de service inclus.

Sera aussi présenté à Montréal à la Place des Arts du 21 au 31 octobre 2015

Une coproduction de PPS Danse et Danse Danse, coprésentation La Rotonde


Grand Théâtre de Québec, Salle Louis-Fréchette
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie 418 643-8131 ou 1 877 643-8131

 
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Critique

Crédit photo : Rolline Laporte

En 1993, les chorégraphes Pierre-Paul Savoie et Jeff Hall créaient le spectacle Bagne, provoquant une réelle commotion dans le domaine artistique. À cette époque, les deux artistes avaient d’ailleurs remporté le Prix Jacqueline-Lemieux pour cette œuvre. Afin de souligner les 25 ans d’existence de la compagnie PPS Danse, Savoie et Hall ont choisi de recréer le spectacle, en confiant cette fois l’interprétation de ce duo acrobatique à deux jeunes danseurs, Lael Stellick et Milan Panet-Grignon.

Rarement la danse exploite un filon narratif aussi clair que dans Bagne, où les artistes comptent essentiellement sur l’expressivité des corps pour raconter une histoire pourtant assez explicite. Dans le décor d’une prison qui rappelle celle d’Abou Ghraib, Bagne exploite la thématique de l’emprisonnement pour montrer ce que produit un tel enfermement sur le corps et sur l’esprit.

Grâce à une structure métallique conçue par Bernard Lagacé, le décor évoque l’exigüité et la froideur de l’établissement pénitencier de manière symbolique, évitant ainsi les clichés ou les effets pervers qui auraient pu ressortir d’une scénographie trop réaliste. La cage de métal agit comme un troisième partenaire de jeu pour Stellick et Panet-Grignon, qui investissent la structure architecturale en y grimpant, en s’y fracassant ou en s’y collant, dans un rapport à la fois sensuel et violent avec elle. Grâce au travail avec de nouveaux interprètes, Savoie et Hall ont poussé davantage les possibilités physiques et architecturales du décor que lors de la création du spectacle.

L’environnement sonore a aussi été réinventé par Bernard Falaise pour la recréation, notamment par l’ajout de micros dans le décor, faisant davantage résonner l’entrechoquement des corps avec le métal. À la musique martelante déjà présente à la création s’ajoutent des cris étranges, angoissants et suppliants poussés par Lael Stellick.


Crédit photo : Rolline Laporte

L’interprétation de Bagne demande aux danseurs une forme physique exemplaire, afin d’être en mesure d’exécuter les nombreux sauts, suspensions et portés que commande le spectacle. Non seulement Lael Stellick et Milan Panet-Grigon ont une force impressionnante, mais ils arrivent à la mettre au service de mouvements excessivement lents et soutenus. Stellick transporte par exemple longuement son partenaire étendu sur une plateforme constituée de métal et de bandes élastiques, restant en parfaite maîtrise tout au long de la scène, et le faisant même tournoyer dans l’espace dans une transe qui se rapproche du rêve. Les deux interprètes arrivent à rendre la grande sensualité de la chorégraphie qui propose un jeu d’attraction/répulsion poignant où les mouvements furtifs côtoient les contacts prolongés. Bagne pousse l’évocation très loin, jusqu’au saut final dans le vide de Panet-Grignon, en laissant toutefois au public le soin de bâtir sa propre histoire.

Dans cette nouvelle mouture, Bagne atteint un nouveau degré de raffinement esthétique, tous les éléments du spectacle étant en parfaite cohésion les uns avec les autres. Pierre-Paul Savoie et Jeff Hall réussissent ici un coup de maître en adaptant leur œuvre pour le public contemporain tout en conservant l’essence de la création. Avec ses scènes intenses, mais jamais lourdes, Bagne a l’effet d’un coup de poing en plein visage. Les spectateurs sortent complètement bouleversés à la fin de la représentation.

22-10-2015