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Du 13 septembre au 1er octobre 2011, 19h, du mardi au samedi
Imagination du monde
Dramaturgie et mise en scène : Hanna Abd El Nour
Avec Jérémie Aubry, Danièle Simon, Shawn Cotton, Cynthia Trudel, Edith Patenaude, Jocelyn Pelletier, Mykalle Bielinski, Sarah Chouinard-Poirier, Raphaël Posadas, Amélie Langlais, Tai Wei Foo, Frédéric Gosselin, Maryse Damecour, Annie Gagnon, Isabelle Gagnon, Geneviève Doyon, Joanie Lehoux

Qu'est-ce que Imagination Du Monde ?
C'est le poème de Dante, La Divine Comédie mise en scène pour la première fois à Québec ou plutôt réinterprétée et actualisée librement par l'URD Théâtre : une sorte de voyage initiatique à travers la condition humaine, son enfer, son paradis et son purgatoire, pensé à l'aune des défis des temps présents et présenté sous la forme d'un spectacle multidisciplinaire.

Avec plus de 15 comédiens et danseurs sur scène, plus d'une vingtaine de concepteurs, d'artistes et artisans de la scène, vous vivrez une expérience sensorielle unique dans l'impressionnante architecture de l'église Saint-Coeur-de-Marie de Québec : 10 tableaux vivants, 10 fresques humaines saisissantes, offerts à vos sens comme un rêve éveillé, à la manière d'une compilation d'images et de corps, de textes et de chants, de secrets et de rêves, d'histoires passées, présentes et futures, ne cessant de vous renvoyer à notre monde d'aujourd'hui, à nos vies quotidiennes, à leurs enfers et paradis.


Musique – Katia Makdissi-Warren
Conception sonore – Mériol Lehmann
Scénographie – Guylaine Petitclerc
Lumière – Martin Sirois
Costumes – Geneviève Lapierre
Chorégraphie – Lydia Wagerer
Graphisme – Mario Villeneuve
Assistante à la création : Andrée-Anne Blacutt
Assistance : Scénographie – Daphnée Boivin, Costumes – Marie-Hélène Couture, Huguette Lauzé et Vanessa Archambault
Mise en scène (Stagiaire) – Lucile Bonnin
Musiciens : Direction musicale et chef d'orchestre – Katia Makdissi-Warre
Prise de son – Anne-Marie Sylvestre
Shakuhach, Cabal et Cornemuse – Michel Dubeau
Flûte – Geneviève Savoie
Hautbois – Jean-Luc Côté
Clarinette – Mélanie Bourassa
Basson – Françoise Henri
Cor – Simon Harel
Trompette – Thierry Champs
Trombone – Renaud Gratton
Tuba – Guillaume G. Rousseau
Piano – Marianne Trudel
Violon – Sofia Gentile
Alto – Brian Bacon
Violoncelle – Nicolas Cousineau
Contrebasse – Etienne Lépine-Lafrance
Chanteuse – Ralda Salem

Prix de prévente :
35$ / régulier
33 $ / groupe 8 personnes et + 30 $ / étudiants *
* il n'y a pas de prix spéciaux en prévente pour les étudiants

Une production URD Théâtre


Église Saint-Coeur-de-Marie
530, Grande Allée Est, Québec
Billetterie : 418 440-8597

Dates antérieures

7, 8, 9 juin 2011, 20h

 
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 Critique
Critique

par Odré Simard

Le metteur en scène Hanna Abd El Nour nous présente sa compagnie en ces mots : « un théâtre qui se cherche, qui cherche son public et qui cherche son lieu. » Il s'agit, en effet, d'un théâtre qui nous plonge dans une expérience hors de tout repère, qui bouscule, questionne et façonne ainsi une nouvelle manière de vivre le théâtre. Avec Imagination du monde, il nous est offert cette fois-ci une libre relecture de la divine comédie de Dante tout en s'appropriant un lieu incomparable, l'église de style « romano-byzantine » Saint-Cœur-de-Marie, située à Québec sur Grande-Allée.

Il est difficile de décrire concrètement ce spectacle axé sur des images poétiques et une ambiance de fin du monde.  Des corps, des âmes qui tentent de se libérer de leurs oppressions, de leurs obsessions et des conventions de notre société occidentale contemporaine. Des corps qui luttent, qui s'abandonnent, autant de gens qui nous invitent dans un exorcisme collectif où le tabou n'existe plus. Le théâtre de l'URD nous présente dix grands tableaux vivants, fresques vibrantes et frissonnantes où la libération du corps importe davantage que les quelques mots proférés, où l'abandon de l'esprit au profit des sens est mis de l'avant. Pendant près de 4 heures de spectacle, se révèlent à nous des danses grotesques, des gestes répétitifs devenant frénétiques, des chants parfois mélodieux et empreints d'espoir, parfois troublants et nous plongeant au plus profond de nous-mêmes. Devant un tel spectacle où nous sommes confrontés à tant d'images grandioses et à tant d'intensité venant des artistes, mais dans un contexte où notre esprit ne peut nous aider à mettre en place une compréhension rationnelle, nous n'avons d'autre choix que de s'abandonner également et de trouver en nous une résonance parfois libératrice, parfois douloureuse à ce sentiment d'urgence perpétré tout au long de la représentation.

Force est d'admettre que nous avons rarement accès à un théâtre de recherche aussi pur et expérimental que ce que nous offre URD Théâtre et son Imagination du monde. Un lieu privilégié ou l'artiste s'expose dans toute sa fragilité et dans l'expression viscérale de son individualité. Par contre, pour un spectateur plus ou moins initié aux arts de la scène, la démarche peut être difficile à cerner et même à apprécier, et il se peut qu'il ne demeure qu'un fâcheux hermétisme et une frustration de ne pouvoir accéder à une compréhension un tant soit peu familière. Pour profiter pleinement de cette expérience, il faut y être préparé en quelque sorte, et trop de gens ont peut-être de la difficulté à exercer un lâcher-prise sur leur rationalité pour s'abandonner véritablement.

Bien que la plupart des images soient très riches et évocatrices, nous finissions par ressentir des longueurs quelque peu regrettables, surtout à cause du confort inexistant des chaises en plastique sur lesquelles nous sommes assis. La troupe a travaillé des constructions scénographiques tout à fait spectaculaires avec leurs innombrables grandes croix de bois, leurs échafaudages remplis de branches,  les dizaines de casseroles, les blocs de glace, les petits tapis rouges et noirs, les amoncellements de vêtements et de souliers, piètres possessions que tout corps doit abandonner dans son passage vers l'inconnu... mais le choix de mise en scène qui emmène les acteurs à constamment construire et déconstruire l'espace environnant devient quelque peu pénible lorsque nous en sommes à l'énième tentative de recouvrir pour ensuite dégager le sol entier de cette imposante église. Il est clair que la pièce se voulait articulée sur l'éternel recommencement, sur l'étourdissement, le tourbillon incessant des âmes quant à leur destin inévitable, mais nous aurions peut-être souhaité une progression, une tension qui se propage ; au lieu de quoi nous avons près de 4 heures d'intensité qui finit par plafonner.

Imagination du monde est une expérience à vivre, une rencontre improbable, un électrochoc tentant de nous faire prendre un recul sur notre marasme quotidien pour en ressortir plus léger, apaisé.

15-09-2011