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Du 18 janvier au 5 février 2011
Kukipik (Doikipu)
Création, composition et interprétation Mathieu Campagna, Catherine Dorion. Philip Larouche , Nicola-Frank Vachon
Mise en scène Marc Doré  

Un show de clowns trash d’une délicatesse de début du monde.

Pour déconner à partir de ce dont on s’est fait rabattre les oreilles toute la semaine au-téléjournal-à-la-radio-sur-Facebook-dans-la-bouche-de-tout-le-monde.

Pour jouer... sur la corde sensible, sur les mots, de la musique, à la roulette russe, avec le feu.

Pour faire des choses qui ne se font pas, brasser de la marde parce que c’est le fun et, deux minutes après, inventer des images et des sons délicieux pour faire oublier l’odeur.

Pour chercher le petit point G en équilibre entre le rire et la profondeur philosophique douloureuse, entre l’exaspération désespérée et l’amour infini pour les singes que nous sommes, entre l’envie de tout détruire et celle d’être d’une absolue délicatesse pour toutes les choses de ce monde.

Pour aboutir à un monde tout nu, celui de l’individu tout enveloppé de sa solitude et de sa recherche d’un peu de chaleur au milieu des épidémies d’A(H1N1), des obsessions économistes, des terroristes qui pètent dans le métro (ça pue), des tremblements de terre, du gouvernement fédéral et autres plaies d’Égypte.

Ce que vous y trouverez ?... Sûrement une délicate, palpitante et résistante humanité, cette émouvante petite chose qui se fait écrapoutir de tous bords mais qui, au détour d’une musique tellurique ou d’un rai de lumière silencieux, nous laisse voir son refus de disparaître… et nous assure avec une tranquillité maternelle qu’elle ne nous laissera jamais tout seuls. Parce que le trash s’arrête là où le cœur humain commence.

 

Décor et accessoires : Virginie Leclerc
Costumes : Vanessa Cadrin
Éclairages : Félix Bernier-Guimond

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 21, 22, 28 et 29 janvier, 4 et 5 février 2011
Régulier 26$
Carte premières : 13$

Billetech: 23$

Une production Le Soucide collectif

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
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 Critique
Critique
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par Sylvie Isabelle

Quatre ans après nous avoir offert le savoureux Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, les attachants clowns du Soucide collectif installent à nouveau leurs pénates chez Premier Acte, toujours sous la gouverne de Marc Doré, avec Kukipik Doikipu. Fidèle à l’esprit du Soucide collectif, le titre, de prime abord provocateur, traduit l’habileté des créateurs à jouer avec les mots et à créer des images qui dérangent, qui font rire, qui surprennent, mais surtout, qui ne laissent jamais indifférent.

Il faut dire que lorsqu’il est question de clowns, Marc Doré est un incontournable. Déjà par le passé, il a contribué à la création de l’inoubliable Mammouth et Maggie, des Productions Préhistoriques, et il fait également partie de l’équipe de création de Moi aussi! présenté ces jours-ci au Périscope. Ces quatre créations sont d’une qualité incontestable et d’une originalité entière.

Tout comme dans le cas de Quand le sage pointe la lune, le fou regarde le doigt, il faut mentionner que Kukipik Doikipu s’adresse à un public averti. Avec nos deux clowns, l’humour est caustique, parfois même acide, et la pièce tient un rythme infernal d’un bout à l’autre. Le spectateur est en haleine, l’attention est sollicitée à tout moment. Les références culturelles abondent : les médias sociaux, le star-system, la société de consommation et le fanatisme passent tour à tour dans le tordeur du Soucide collectif. Le vocabulaire de Facebook et de Twitter est mis à profit de brillante façon. Les courtes scènes s’enchaînent sans perdre une seconde et le spectateur a fort à faire pour suivre nos deux lurons, Catherine Dorion et Nicola-Frank Vachon, qui offrent une performance d’une rare énergie.

Accompagnés sur scène par deux musiciens, Mathieu Campagna et Philip Larouche, le Soucide collectif va jusqu’à pousser la chansonnette, et les mots qui composent les paroles de ces chansons sont tout aussi mordants que celles des textes. Musique et bruitage font partie intégrante de l’action. Mais ce qui capte l’attention de la première à la toute dernière seconde, ce sont nos deux protagonistes : tant par leurs textes que par leurs mimiques, ils créent un univers absolument unique.

Kukipik Doikipu s’attarde aux relations humaines, amoureuses ou autres, dans notre société actuelle. Sommes-nous trop connectés pour vraiment connecter? Et si on devait débrancher pour mieux communiquer? Paradoxalement, le personnage du clown permet une réflexion sérieuse sur le sujet : ce n’est pas parce qu’on rit que c’est drôle. Et si on rit franchement aux éclats à plusieurs moments pendant la pièce, c’est peut-être justement parce qu’on s’y reconnaît, parce que nos deux clowns nous retournent une image déformée de nous-mêmes… Mais justement, cette image, est-elle si exagérée?

Le Soucide collectif nous offre donc une deuxième création réussie, à la mise en scène efficace, résolument contemporaine et d’une folie intelligente qui n’est pas à une contradiction près : poésie et burlesque s’y côtoient pour créer un univers qui devient sa signature. Avec toute cette imagination clownesque à Québec, on peut se surprendre à rêver à un volet clown au cours d’un prochain Carrefour de théâtre. Dans un monde où la rectitude politique domine de plus en plus, l’énergie du Soucide collectif est un vent de fraîcheur qui réveille.

19-01-2011

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