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Du 16 au 20 novembre 2010
Extrémités
Texte William Mastrosimone
Traduction David Laurin
Mise en scène Bernard Lavoie
Avec Stéphanie Dawson, Marie-Claude Guérin, Martin Plouffe, Isabel Rancier 

Trois colocataires partagent une maison éloignée. Un agresseur survient alors que l’une d’entre elles est seule à la maison. Malgré sa fâcheuse position, elle réussit à prendre le dessus sur son assaillant. C’est alors que les rôles s’inversent. Les deux autres occupantes de la maison arrivent tour à tour et les trois femmes tentent désespérément de sortir de cette impasse.

Extrémités amène le spectateur à se questionner sur les limites de la justice et les rapports de séduction entre hommes et femmes. Dans une société où la femme s’émancipe de plus en plus, jusqu’où peut-elle utiliser ses charmes? Peut-elle se faire justice ?

Pour mettre en scène ce huis clos réaliste, Bernard Lavoie tente de combattre l’évidence en empruntant des chemins inexplorés. Il place l’individu au centre de sa vision en explorant diverses facettes de la complexité humaine où l’homme est parfois victime de réactions animales très étranges.

Assistance mise en scène, éclairage et régie : Joannie Campagna
Scénographie : Camille Hébert-Boisclair
Costumes : Christelle Deforceville
Musique : Steve Lalonde

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 19-20 novembre 2010
Régulier 26$
Carte premières : 13$

Une production Le théâtre Le Foyer

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
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 Critique
Critique
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par Gabrielle Brassard

D’abord une pièce musicale sur off Broadway (1982), puis un film mettant en vedette Farrah Fawcett (1987), et une mise en scène de Louison Danis au Théâtre de Quat’Sous (1987), la troupe du Théâtre Le Foyer (créé pour l’occasion) ne s’attaquait pas à petit en décidant de monter Extrémités, signée par l’auteur américain William Mastrosimone.

Dans la petite salle intime et bondée du Théâtre Premier Acte, le public est confronté dès les premières minutes de l’histoire à une violence inouïe. C’en est même trop pour certains. Une femme est attaquée chez elle, en plein jour, par un inconnu qui dit la connaître. Pourtant, les rôles s’inversent rapidement entre le dominant et la dominée. On sait que d’autres arriveront dans l’appartement où se déroule l’action. Qu’arrivera-t-il alors? Est-ce que les colocataires croiront Stéphanie quand elle leur expliquera qu’un malade s’est introduit chez elle pour tenter de la violer, alors que Catherine et Sophie retrouvent le «fucké» attaché dans le foyer, les yeux brûlés? Stéphanie, qui ne rêve que de vengeance et de mort, ira-t-elle jusqu’au bout?

Un jeu psychologique, après le jeu physique aux «extrémités» du supportable, s’enclenche alors entre les jeunes femmes, le vilain de l’histoire et le public. Le jeu est puissant, mais très efficace, dans la mise en scène sobre de Bernard Lavoie. On imagine aisément les différentes pièces de l’appartement et le foyer ; pas besoin de plus. Le spectateur peut aisément se concentrer sur l’intensité de l’action.

Les quatre jeunes acteurs, tous de l’Option Théâtre du Collège Lionel-Groulx (à quelques années près), sont justes, crédibles et criants de vérité. Daniel (Martin Plouffe) est un salaud de la pire espèce. Stéphanie (excellente Isabel Rancier) est une antihéroïne que n’importe qui souhaiterait être dans ce genre de situation. Les colocataires, Stéphanie Dawson, plutôt timide, et Marie-Claude Guérin, à la forte présence, apportent un changement de la donne, tout aussi nécessaire qu’allégeant.

Cette pièce est extrême dans tous les sens du terme, autant dans le jeu des acteurs qu’aux limites du public qui sont ici testées, en passant par la trame narrative elle-même. Cœurs sensibles s’abstenir, amateurs de sensations fortes et d'objet théâtral intense, vous avez jusqu’au 20 novembre.

16-11--2010

par David Lefebvre (2010, Espace 4001, Mtl)

Le théâtre réaliste propose toujours un défi intéressant de mise en scène et de jeu. Le Théâtre du Foyer s'attaque ces jours-ci au texte de William Mastrosimone, In Extremis/Extremities, qui avait connu un grand succès off Broadway au début des années 80. La pièce a même bénéficié d'une adaptation cinématographique en 1986, de Robert M. Young, en plus d'être nommée aux Golden Globes. Le Quat'Sous avait aussi présenté, l'année suivante, une version de cette pièce, avec Isabelle Miquelon, Robert Léger, Marie Charlebois et Adèle Reinhardt.

Stéphanie, jolie jeune femme, occupe une grande maison avec deux de ses amies. Un matin, alors qu'elle est seule, Stéphanie reçoit la visite impromptue d'un homme qu'elle trouve, à priori, pas mal. Mais celui-ci s'incruste, cherchant un certain Mike. Elle lui demande de quitter les lieux à plusieurs reprises, mais il s'entête. Débute alors la pire journée de sa vie : elle est coincée par l'inconnu qui devient de plus en plus menaçant. Il s'amuse avec elle et tente de la violer. Pourtant, elle réussit à le maîtriser et à le confiner, attaché, les yeux aveuglés par un produit chimique, dans le foyer de la cheminée. S'ensuit une journée de discussion et de manipulations diverses, surtout lors de l'arrivée des colocataires qui voient de façon différente les circonstances du drame. Que feront-elles, le livrer à la police, blessé, sans preuve, sans confession, et courir la chance qu'il revienne se venger, ou le tuer et cacher le cadavre?

Extrémités, traduite pour l'occasion par David Laurin, est une pièce assurément coup de poing. Imprégnée d'une violence inouïe, nous assistons, impuissants, à cette double prise d'otage. La mise en scène de Bernard Lavoie plonge les comédiens et le public dans une ambiance troublante et des plus réalistes. Isabel Rancier et Martin Plouffe (absolument angoissant) forment un duo étonnant, les deux occupant l'une ou l'autre des extrémités du spectre victime-bourreau. Gabrielle Néron incarne une Sophie agitée, en proie à un dilemme moral; son personnage offre possiblement les éléments les plus comiques de cette affreuse situation. Marie-Claude Guérin, excellente dans le rôle de Catherine, l'amie la plus détachée de tout ce branle-bas, tente de relativiser les choses, tout en les envenimant. Par contre, certaines de ses répliques, à l'humour un peu facile, écrites pour faire respirer un peu le spectateur, fait malheureusement décrocher celui-ci pendant quelques secondes de ce suspens tout aussi frustrant que jouissif - ne boudons pas notre plaisir. De plus, il est utile de se questionner sur la pertinence d'un entracte après 45 minutes, qui rompt momentanément notre attention gagnée depuis le tout début de la représentation.

L'ambiance sonore, concoctée par Steve Lalonde, colle parfaitement, malgré qu’elle ait été composée, étonnamment, à distance des lieux de répétition. Le décor, simple, de Camille Hébert-Boisclair, joue très bien son rôle. Le foyer, suggéré, ressemble plutôt à une prison aux barres de fer croisées. Christelle Deforceville aux costumes et Joanie Campagna aux éclairages, à l'assistance à la mise en scène et à la régie, complètent l'équipe de création.

Huis clos glauque et prenant, Extrémités est une pièce comme une lame de couteau. La violence, malgré toute la retenue de la troupe, nous happe, physiquement et mentalement. Les mots frappent et marquent tout aussi durement et sournoisement qu'une caresse non désirée, qu'une menace planante. Pouvons-nous nous servir du système en toute occasion, ou est-ce que l'agneau doit se transformer en loup sanguinaire face au danger, pour s'assurer de sa survie? Jusqu'où notre instinct animal est-il socialement acceptable, jusqu'où sommes-nous prêts à aller? À voir.

15-01-2010

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