Du 24 février au 14 mars 2009, 20h
Supplémentaire 14 mars 15h, 15 mars à 15 h et 20 h, 19-20 mars à 20 h
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Cinq filles avec la même robe

Texte d'Alan Ball
Traduction : Édith Patenaude et Maxim Allen
Mise en scène de Maxime Allen
Avec Laurie-Ève Gagnon, Marie-Hélène Lalande, Joanie Lehoux, Valérie Marquis, Édith Patenaude et Olivier Lépine

Voici un mariage où l’on n’a pas envie d’être: une mariée trop belle, trop gentille, trop parfaite… et puis cinq filles déguisées en demoiselles d’honneur qui se réfugient dans une chambre avec une bouteille de champagne, lieu où elles peuvent enfin laisser tomber leur robe et toutes les convenances. Cinq personnages féminins hauts en couleurs – une idéaliste et pure catholique, une femme mal mariée, une autre qui se rebelle franchement contre l’union sacrée, une qui choisit la vie volage, voire polygame, et une dernière qui, lesbienne, se lie sérieusement à une autre femme – s’interrogent sur la signification du mariage, de la religion, et de la liberté. Elles se débattent dans une société américaine qui leur semble hypocrite et aliénante.

Les Écornifleuses, ce sont cinq filles qui se questionnent sur la place de la femme dans la société et qui utilisent le théâtre comme terrain d’exploration. Notre théâtre ne se veut pas féministe, mais bien féminin. Et quoi de mieux pour débuter notre périple que de mettre en scène un texte qui dépeint si honnêtement la féminité contemporaine ! Avec la pièce Cinq filles avec la même robe, nous vous invitons à une célébration éclatée où la parole est laissée aux femmes par le biais de personnages colorés, désespérés, cinglants et touchants. Un petit drame sérieusement drôle !

Scénographie : Kate Lecours

Carte Prem1ère
Régulier : 24$
Abonnés : 12$
Dates Prem1ères : 27, 28 février et 6, 7, 13, 14 mars

Une production Les Écornifleuses

Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-643-8131

par Yohan Marcotte

Voici une pièce de théâtre signée Alan Ball, mieux connu en tant que scénariste, au cinéma, du célèbre film Americain Beauty et plus récemment pour la non moins prisée série télévisée Six Feets Under. Cinq filles avec la même robe, pièce créée en 1993 off-Broadway - soit avant le succès des productions mentionnées ci-dessus - possède déjà l'humour grinçant que l'on connait de cet auteur.

Sur la scène, comme sur petit et grand écran, Ball sonde les travers de la famille américaine contemporaine. Bien que le texte a déjà plus de quinze ans, les cinq jeunes femmes, que les spectateurs voient évoluer sur scène, sont des personnages bien actuels. Pour une demoiselle dans la fleur de l'âge, quoi de pire que de se trouver face à une autre, amie aussi bien que rivale, qui porte le même vêtement... Ici, bien qu'elles soient cinq à porter la même robe, l'honneur est sauf, car elles ne l'ont pas choisie... ou plutôt, elles ont accepté d'être dames d'honneur au mariage de Tracy... et doivent vivre, le temps d'une journée, dans le costume qui vient avec.

La pièce s'ouvre alors que Meredith, sœur cadette de Tracy, se réfugie dans sa chambre irritée du faux-semblant que sa famille démontre. La réception qui suit la cérémonie a lieu à la maison familiale. Meredith déteste le comportement de sa sœur et surtout celui de leur mère. Bientôt, elle sera rejointe dans la chambre par Frances, sa cousine qui est tout son contraire : fascinée par le faste, elle se montre très naïve quant aux relations interpersonnelles et elle se sent privilégiée d'avoir été choisie comme dame d'honneur par sa cousine plus âgée. Puis c'est Georgeanne et Trisha, deux amies d'école de la mariée qui viennent se réfugier dans la chambre. Du même âge que Tracy, au début de la trentaine, elles ont une amertume certaine face à l'amour (l'une mal mariée, l'autre volage), aux hommes (l'une déçue par le sex-symbol de son collège, l'autre qui ne trouve pas celui avec qui elle voudrait vivre des lendemains) et aussi... à l'égard de la mariée. Elles se rendent compte qu'elles ont coupées graduellement contact avec Tracy. Finalement, c'est Mindy, la sœur lesbienne du marié, méprisé par les familles des deux époux, qui arrive pour compléter le "quintette d'honneur". Celle-ci, comme les quatre autres, n'arrive pas à comprendre pourquoi on lui a demandé de prendre ce rôle... À moins que Tracy, la fille la plus en vue du collège, ait graduellement perdue toutes amitiés ?

La chambre à coucher, l'unique lieu de l'action, n'est pas un  huis clos tel qu'on pourrait le croire. En effet, les jeunes femmes quittent la pièce (et la scène) constamment pour retourner interagir avec les invités de la réception. On ne voit jamais ces derniers, mais on ne cesse de rapporter leurs gestes et réactions aux frasques des cinq dames, qui n'ont rien à gagner à essayer de préserver les honneurs ; elles n'ont à peu près plus rien à perdre. La chambre devient en quelque sorte le nid où les confidences fusent pour révéler quels dessous ces femmes cachent sous leurs robes-uniformes.

Cinq rôles très différents, on l'aura compris, interprété par cinq jeunes comédiennes (Laurie-Ève Gagnon, Marie-Hélène Lalande, Joanie Lehoux, Valérie Marquis et Édith Patenaude) aussi talentueuses les unes que les autres. Chacun des personnages à sa propre profondeur, de sorte qu'il est difficile d'accorder de l'importance à un rôle plutôt qu'à un autre par rapport à la manière dont l'intrigue est nouée. Chacune nous décoche un sourire, et toutes sont touchantes à leur manière. Elles ont bien été dirigées par Maxime Allen qui signe une mise en scène simple, plaçant l’accent sur le texte et sur les personnages. Il n'y a que le personnage masculin, interprété par Olivier Lépine et apparaissant à la fin, qui semble plus brouillon. Il est difficile de déterminer si ce jeu est volontaire ou non. D'autre part, l'esthétique réaliste de la scénographie (à l'exception de quelques objets scéniques suspendus au plafond), le style de l'auteur et aussi la traduction québécoise du texte, qui conserve les noms américains, donnent à l'ensemble une impression cinématographique.

Cette pièce sans prétention, produite par Les Écornifleuses, poursuit son petit bonhomme de chemin pour le meilleur et avec le minimum du pire (car c'est bien une comédie dramatique) avec une supplémentaire annoncée pour le 14 mars à 15h. Un bon choix théâtral pour finir la traversée de l'hiver avec le sourire... même si parfois on serre les dents.

05-03-2009

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