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Astronettes, la longue marche vers les étoiles
Du 12 février au 2 mars 2019, mardi et mercredi 19h, jeudi et vendredi 20h, samedi 16h
À l'exception du samedi 16 février, 14h

L’hiver dernier, le Théâtre Niveau Parking portait un regard cru et poignant sur les rapports humains avec le séduisant Closer – Tout contre toi. Cette saison-ci, la compagnie fait voyager le public à travers le temps et l’espace dans un univers de science-fiction captivant. Mis en scène par la directrice artistique Marie-Josée Bastien, et l’instigatrice de ce projet Caroline B. Boudreau, ce récit d’anticipation entraîne le spectateur dans l’exploration spatiale et dans la découverte des prouesses trop souvent méconnues des pionnières de ce domaine.

2035. La première mission de colonisation sur Mars s’envole avec, à son bord, un équipage composé exclusivement de femmes. S’inspirant de l’histoire réelle des premières astronautes, Astronettes, la longue marche vers les étoiles raconte l’expédition de ce contingent féminin, leurs rivalités et leurs amitiés, leurs épreuves et leurs victoires. Au fil de leur aventure, nos conquérantes retracent et s’inspirent du parcours de quelques-unes des grandes exploratrices apparues dans la première moitié du XIXe siècle. Alliant images et vidéos d’archives, des capsules documentaires nous feront découvrir ces icônes de l’Histoire. En écho à la quête de nos héroïnes futuristes, les femmes du passé s’adressent à celles du futur.


Idée originale Caroline B. Boudreau
Texte et mise en scène Marie-Josée Bastien et Caroline B. Boudreau
Avec Claude Breton-Potvin, Véronika Makdissi-Warren, Mélissa Merlo, Guillaume Perreault et Claudiane Ruelland


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Blanche Gionet-Lavigne
Décor Amélie Trépanier
Musique Stéphane Caron
Costumes Kate Lecours
Vidéo Louis- Robert Bouchard
Lumière Keven Dubois
Direction artistique du TNP Marie-Josée Bastien

TARIFS
PRIX EN PRÉVENTE : 23 $ (jusqu'à la veille du jour de la première)
PRIX DÈS LA PREMIÈRE DU SPECTACLE: 36 $
Lors d'ajout de supplémentaire : billet à 36$ en tout temps
Les billets pour Foreman, spectacle présenté dans le Studio Marc-Doré, seront à 23 $* en tout temps, et ceux pour le déambulatoire La porte du non-retour à 12 $* en tout temps.

STUDIO MARC DORÉ : 23$ en tout temps

*Les taxes et les frais de services sont inclus dans nos tarifs

Une production Théâtre Niveau Parking


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Critique disponible
            
Critique

Le Théâtre Périscope, par simple hasard ou de manière délibérée, offre coup sur coup cet hiver deux pièces aux destins diamétralement opposés sur le spectre féminin. Il y a eu d’abord le personnage de Madeleine dans Lascaux, prisonnière d’une grotte souterraine, voire de son propre corps. Puis, les histoires extraordinaires de pionnières, aventurières, qui ont repoussé les limites et ont fait tomber des barrières grâce à leur audace et à leurs obsessions. Bienvenue dans l’univers d’Astronettes, la longue marche vers les étoiles, du Théâtre Niveau Parking.








Crédit photos : David Mendoza Hélaine

Lors de l’ouverture du premier épisode de la saison 2 de Star Trek Discovery, la lieutenante commandeur Michael Burnham, jouée par l'actrice Sonequa Martin-Green, dit ceci : « We have always looked to the stars to discover who we are » (nous avons toujours regardé les étoiles pour découvrir qui nous sommes). C’est exactement le thème central de la nouvelle création des femmes de théâtre Marie-Josée Bastien et Caroline B. Boudreau : cette poussée irrépressible de l’exploration par l’humain (spécifiquement ici des femmes) de zones inconnues, à la recherche paradoxalement (ou non) d’immensité, d’équilibre et de silence.

Hyper documentée, Astronettes se situe entre la fresque historique, le théâtre documentaire et celui d’anticipation. En six actes, les destinées de plusieurs femmes à trois époques différentes se juxtaposent et se répondent. D’abord, celui de la Française Alexandra David-Néel, cantatrice, écrivaine et exploratrice orientaliste, qui serait la première femme à s’être rendue à la ville interdite de Lhassa, au Tibet. Puis, le contingent de 13 femmes (dont Jerrie Cobb, Ruth Nichols, Jackie Cochran et Mary Wallace « Wally » Funk) au nom de code Mercury 13, qui regroupait des pilotes aguerries détenant plusieurs records et qui ont subi les mêmes tests que les astronautes des autres missions Mercury. Le groupe fut pris de cours par la Russe Valentina Terechkova (moins connue que son prédécesseur Youri Gagarine, et pourtant!) ; qui reste, à ce jour, selon sa biographie sortie en 2003, la plus jeune cosmonaute et la seule femme à avoir effectué un voyage en solitaire dans l'espace. Toutes ces femmes auront pavé la voie à Emma, une Québécoise née au début des années 2000 et bien décidée à partir vers Mars grâce à ses découvertes sur un biocarburant utilisé par la mission Orion 2.

Il est essentiel que l’on parle de ces femmes injustement méconnues qui ont tout bravé pour aller au bout de leurs rêves, de leurs aspirations, et Astronettes, la longue marche vers les étoiles s’en charge de superbe manière.

Véritable hommage à ces pionnières et à leur indéniable besoin de grandeur, Astronettes est savamment dosée ; dense sans être lourde, la pièce est tout aussi divertissante qu’enrichissante. Il est réellement plaisant de suivre le cheminement de ces femmes, de plonger dans leurs histoires respectives. Chaque tableau, d’une grande clarté, entremêle le récit de chacune d’elles  dans un ensemble tout aussi fluide que cohérent, et ce, peu importe l’époque. Claude Breton-Potvin, Véronika Makdissi-Warren, Mélissa Merlo et Claudiane Ruelland incarnent les différents personnages avec assurance, comprenant parfaitement le rôle qu’elles ont joué dans l’histoire du monde. Guillaume Perreault les accompagne parfaitement en interprétant mari, père, spécialiste, technicien, docteur, vice-président et tutti quanti.

La scénographie conçue par Amélie Trépanier (décor), Louis-Robert Bouchard (vidéo) et Keven Dubois (éclairages et projections, à la signature visuelle de plus en plus reconnaissable au premier coup d’oeil) emprunte autant à des éléments visuels connus grâce à la NASA qu’à certains films de science-fiction. Un écran, positionné à la verticale et sur lequel sont projetés montages de films, images en direct et surtitres, ferme l’arrière-scène. Au milieu, un pont métallique enchâssé qui se soulève par module vient créer tout au long de la pièce de beaux effets, surtout en fin de course ; à l’avant, un rail en demi-cercle est installé pour déplacer facilement une caméra sur trépied (trop peu utilisée) qui servira notamment lors de conférences de presse.

Mais, comme le dicton le dit, le diable est dans les détails, et c’est là qu’Astronettes déçoit, quoique très légèrement. Certaines captations en direct par des caméras placées au sol, filmant des maquettes de papier, rappellent immédiatement quelques séquences de 887 de Robert Lepage. Mais ici s’arrête la comparaison, car la pertinence, voire la nécessité de ces captations, reste à prouver, même si elles veulent, peut-être, proposer une réflexion sur la perspective que l’on peut avoir sur les choses ou sur l’imaginaire versus la réalité. Ensuite, l’histoire d’Emma, en 2035, est légèrement sous-développée, au profit des autres femmes ; certaines incohérences en rapport à sa mission vers Mars pourraient en faire titiller quelques-uns : comment pourra-t-elle faire l’aller-retour en 23 mois, alors que pour le moment le consensus scientifique parle d’un aller simple ? Elle visite aussi ses parents avant le grand départ : ne devrait-elle pas être en quarantaine à ce moment-là, comme l’a démontré récemment d’ailleurs David St-Jacques avant son départ pour la station spatiale ? Ces quelques libertés scénaristiques contrastent avec la recherche poussée des autres pans des tableaux.

Il est essentiel que l’on parle de ces femmes injustement méconnues qui ont tout bravé pour aller au bout de leurs rêves, de leurs aspirations, et Astronettes, la longue marche vers les étoiles s’en charge de superbe manière. Espérons que de jeunes adolescentes pourront assister à la pièce et être inspirées par ces fabuleux êtres humains qu’ont été les David-Néel, Cobb ou Terechkova. Stephen Hawkins a écrit un jour : « N'oubliez pas de regarder les étoiles et non pas à vos pieds. (…)  Et aussi difficile que puisse paraître la vie, il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire et réussir. Il importe que vous n'abandonniez pas ». Probablement une phrase qui s’applique à la fois au spectacle, aux personnages et à nous tous et toutes.

13-02-2019


 
Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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