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Du 16 septembre au 4 octobre 2014, mardi et mercredi à 19 h, jeudi au samedi à 20 h
La famille se crée en copulant
Texte Jacob Wren
Mise en scène Frédéric Dubois
Avec Éliot Laprise, Valérie Laroche, Claudiane Ruelland, Réjean Vallée, Isabelle Vincent

Bienvenue dans la demeure de la famille occidentale contemporaine! D'abord, quelques photos de famille. De brefs instants volés au quotidien, des confidences, une thérapie, une réconciliation. Puis, au salon, la lumière crue d'une télé. Au bulletin de nouvelles, l'effondrement du monde en direct et en couleurs. À la cuisine, autour de la table du déjeuner, une famille et son locataire, théoricien du complot. Forcément, son délire paranoïaque laisse des traces... Bienvenue chez nous!

Artiste inclassable des arts vivants – il est auteur, metteur en scène, auteur-compositeur, interprète –, Jacob Wren est codirecteur artistique du groupe interdisciplinaire montréalais PME-ART. La forme non conventionnelle et l’ouverture à toutes les possibilités de son texte Families Are Formed Through Copulation ont intéressé le Théâtre des Fonds de Tiroirs.

Dans ce texte éclaté, les histoires de famille deviennent l’occasion de raconter les déchirements de notre monde, avec tantôt une féroce dose d’humour, tantôt un regard lucide et vif. Et de poser la question: pourquoi, dans ce monde de plus en plus chaotique, fait-on encore des enfants ?


Assistance à la mise en scène Adèle Saint-Amand
Conception Pascal Robitaille, Yasmina Giguère, Marie-Renée Bourget Harvey, Caroline Ross
Direction artistique
Frédéric Dubois

Production Théâtre des Fonds de Tiroirs


Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : stephbourgeois.com

La famine sévit encore aujourd'hui dans plusieurs régions du monde. Le conflit israélo-palestinien, lui, ne semble pas être sur le point de se régler de sitôt. On envisage de plus en plus le début d'une nouvelle guerre froide suite aux récents événements survenus en Ukraine et c'est sans compter que la ville de Québec n'est pas encore propriétaire d'une équipe de la LNH... Mais à quoi bon continuer de faire des enfants dans un monde ou tout va pourtant si mal? Pourquoi continuer à vouloir fonder une famille dans un environnement aussi chaotique et hostile à la vie humaine?

Voilà un peu la prémisse sur laquelle est lancée la très satirique pièce La famille se crée en copulant de l'auteur montréalais Jacob Wren.

À la simple vue de l'affiche de la production du Théâtre des fonds de tiroir – le titre de la pièce est écrit de façon longiligne de manière à imiter la forme d'un phallus – on peut s'attendre à un spectacle doté d'une certaine verve poétique.

C'est d'ailleurs avec un cynisme assez troublant et teinté d'un humour décapant que le texte de Jacob Wren dépeint le portrait type de la famille moderne dans toutes ses déclinaisons et ses contradictions. Le sujet de base, bien qu'il soit la famille, n'est par ailleurs qu'un prétexte pour explorer d'autres avenues et thèmes plus profonds, comme la guerre, la politique et autres questions plus existentielles. Le texte est rempli de petits bijoux de répliques et les comédiens sont tous brillants dans leur interprétation. Jouant une extravagante maîtresse de cérémonie, Valérie Laroche commence la pièce avec un bien senti et provoquant « Arrêtez d'avoir des enfants » mettant ainsi le ton à une soirée qui s'annonce déjà haute en couleur. Elle effectuera tout au long de la pièce le lien entre ce qui se passe sur scène et le spectateur en présentant et commentant ici et là les différentes actions. Elliot Laprise, Claudiane Ruelland et les vétérans Isabelle Vincent et Réjean Vallée démontrent leur polyvalence en enchaînant une ribambelle de personnages avec une habileté déconcertante.

La pièce est divisée en trois parties distinctes. La première nous présente sous forme de sketchs différents portraits de familles dysfonctionnelles typiques. La deuxième constitue une reproduction d'un journal télévisé présenté à travers le reflet déformant d'un immense miroir accroché de façon oblique sur la scène. Les acteurs jouent, la plupart du temps, couchés sur scène de manière à rendre l'action presque uniquement visible à partir de la gigantesque installation. La pièce se termine avec la troisième partie, nommée par la présentatrice le Programme principal. On y découvre une famille et son locataire adepte des théories du complot vivant dans une véritable reproduction d'une maison de magazine IKEA. On a littéralement apposé la photocopie géante d'une page du populaire magazine qui est alors reflétée sur l'installation de miroirs. Frédérique Dubois offre une mise en scène surprenante empreinte de folie et d'audace qui met la barre haute pour les prochaines créations de cette nouvelle saison du Théâtre Périscope.

Bien que très fragmentaire à cause de ses trois parties tout sauf linéaires, La famille se crée en copulant est une oeuvre culottée à l'humour grinçant qui questionne et se permet par la même occasion de choquer. Une pièce à voir pour démarrer cette nouvelle saison théâtrale.

18-09-2014