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Du 5 au 17 octobre 2010 avec une matinée le dimanche 17 octobre
AbrahamAbraham Lincoln va au théâtre
Texte de Larry Tremblay
Mise en scène par Claude Poissant. 
Avec Patrice Dubois, Maxim Gaudette, Benoît Gouin ainsi que Étienne Cousineau, Sasha Samar et Frédéric-Antoine Guimond
Deux comédiens nous racontent les étranges répétitions d’un spectacle inspiré de l’assassinat du 16e président des États-Unis, Abraham Lincoln, tué dans un théâtre de Washington par un acteur jouant Our American Cousin. Le metteur en scène tyrannique, Marc Killman, tourmenté par cet événement historique, demande aux deux acteurs de reproduire la scène sous les traits du célèbre duo burlesque Laurel et Hardy. La progression des répétitions nous plonge dans un tourbillon halluciné de tragique et de comique, d’absurde et de grotesque. Les mises en abîme se succèdent dans un casse-tête truffé de références à des personnages célèbres. 

Avec Abraham Lincoln va au théâtre, l’imagination sans bornes de Larry Tremblay prend pour cible l’Amérique et questionne le rapport trouble que nous entretenons avec nos voisins du sud. Un amour impossible qui façonne notre identité et ébranle nos racines.

Teaser saison 2010-2011 du Théâtre PÀP sur Vimeo.

Assistance à la mise en scène et régie Stéphanie Capistran-Lalonde
Scénographe Jean Bard
Costumes Marc Senécal
Éclairages Martin Labrecque
Conception sonore Nicolas Basque
Mouvement Caroline Laurin-Beaucage
Maquillages Florence Cornet
Perruques Rachel Tremblay et Chantal McClean
Direction de production Catherine La Frenière
Direction technique Alexandre Brunet

En tournée au Québec et en Ontario

Du 5 au 17 octobre 2010 // Théâtre du Périscope, Québec

Mardi 19 octobre 2010 // Théâtre La Rubrique, Jonquière > 418 542.5521
Jeudi 21 octobre 2010 // Théâtre de Baie-Comeau > 418 295-2000
Samedi 23 octobre 2010 // Salle Jean-Marc Dion, Sept-Îles > 418 962-0100

Mardi 26 octobre 2010 // Centre culturel, Université de Sherbrooke > 819 820-1000
Vendredi 29 octobre // Maison des arts, Laval > 450.662.4440 ou Admission - 514 790-1245

Mercredi 10 novembre 2010 // FAIT, Festival de Théâtre à l'Assomption > 450 589-9798 poste 5
Dimanche 14 novembre 2010 // Salle Jean-Grimaldi, Lasalle > 514 367-6373 # 1

Mardi 16 novembre 2010 // Auditorium de Gaspé
Jeudi 18 novembre 2010 // Centre culturel de Rivière-du-Loup > 418 867-8008
Vendredi 19 novembre 2010 // Spect'art Rimouski, Salle Telus-Desjardins > 418 725-4990

Du 24 au 28 novembre 2010 // Théâtre français de Toronto > 416 534-6604

Texte publié : TREMBLAY, Larry. Abraham Lincoln va au théâtre, Éditions Lansman, 2008

Production Théâtre PÀP
Codiffusion Théâtre Périscope

Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

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Dates antérieures (entre autres)

Du 22 avril au 17 mai 2008 et du 8 au 25 septembre 2010 - Espace Go

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 Critique
Critique
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par Daphné Bathalon

Au Ford’s Theatre de Washington, un Vendredi saint de 1865, Abraham Lincoln assiste à une représentation de Our American Cousin en compagnie de sa femme quand John Wilkes Booth, un acteur de 26 ans, surgit dans leur loge et abat le Président d’une balle dans la tête.  Intéressante prémisse et prétexte parfait pour un auteur dramatique : en tuant un président, l’acteur Booth devient la première méga vedette de l’histoire de l’Amérique!

On reconnaît les pièces de Larry Tremblay à la multiplication habile des mises en abyme. Abraham Lincoln va au théâtre pousse particulièrement loin ce jeu d’emboîtement et de pièce à l’intérieur d’une autre pièce. Grâce à l’écriture fluide et aux différents tableaux qui composent cette production du Théâtre PàP, on apprivoise une à une les couches, les découvrant au fil de la pièce. Rapidement, on les voit se fondre les unes dans les autres pour devenir un exercice ludique et pertinent sur le mensonge dans la représentation. « Théâtre, théâtre et théâtre. Où s’arrête-t-il et où, dans ce fait sanglant, débute la tragédie nationale? » se questionne l’auteur. La première couche apparente est celle de deux mauvais acteurs qui nous racontent le travail fait avec Marc Killman, le « célèbre metteur en scène » au nom prédestiné, avant qu’il ne meure. Dans ce spectacle qu’ils répètent, ils jouent le rôle de Laurel et Hardy incarnant le meurtrier d’Abraham Lincoln et un membre de la troupe qui jouait sur scène le soir de l’assassinat du 16e président américain.

Ce que nous propose le metteur en scène Claude Poissant est une véritable plongée dans la crise identitaire américaine, crise qui refait surface à chaque nouveau drame comme l’a si douloureusement illustré le « 11 septembre ». En fait, sans être une pièce documentaire, la création du Théâtre PàP nous initie, par le biais du métier d’acteur, au côté grandiloquent et théâtral de l’Amérique. Dans quelle proportion fait-elle du spectacle sa réalité? Le visage d’un comédien se cache-t-il vraiment sous le masque du personnage ou y a-t-il encore d’autres personnages dissimulés? Sur scène comme dans le texte, il y a constamment ce jeu du réel et du joué, jusqu’aux coulisses que l’on peut épier à quelques occasions durant la représentation.

Grâce à un juste équilibre des gestes, des expressions et des jeux de regard, Maxime Gaudette et Patrice Dubois incarnent les tristes comédiens d’un seul succès, une série télé populaire. Ils ne savent pas pourquoi ils se plient à toutes les exigences d’un metteur en scène excentrique. Ils ne savent pas ce qu’ils font et s’aveuglent volontairement sur ce qu’ils sont. Pathétique duo, ils font rire la salle par leurs grimaces autant que par leurs réflexions d’abord un peu superficielles tandis qu’ils tentent d’expliquer au public leur travail avec Killman, puis plus sincères quand ils tournent leurs regards vers eux-mêmes : la vérité est insoutenable et le comique vire finalement au tragique. De son côté, Benoît Gouin incarne toute la rigidité de la statue de cire d’Abraham Lincoln et le fanatisme d’un comédien pour son travail d’interprétation et de direction d’acteurs.

Larry Tremblay a une écriture puissante qui, en quelques traits, brosse le portrait d’une humanité déséquilibrée tout en mettant en lumière ses blessures et ses doutes. Avec Poissant à la mise en scène, à qui l’on doit le magnifique Ventriloque et la récente reprise de Dragonfly of Chicoutimi, des œuvres de Tremblay, on ne peut qu’admirer, une fois de plus, le mariage de leurs deux univers. Sur le plateau de jeu, espace de répétition où l’on n’hésite pas à reprendre une scène en offrant sur elle un nouveau point de vue, le jeu des vérités s’expose pièce après pièce dans une mécanique d’horloger. On entre plus précisément dans l’intimité de l’acteur : sa quête identitaire passe après tout par sa connaissance du personnage.

La scène de folie, à la fin du spectacle, est à l’image de l’Amérique : excessive, absurde et éclectique. Puis, le spectateur médusé est laissé à lui-même. Il doit comprendre seul jusqu’où le spectacle continue, déterminer si John Wilkes Booth a tué Lincoln par conviction ou pour faire du théâtre, car, si aucune réponse n’est offerte par Larry Tremblay, Abraham Lincoln va au théâtre ouvre pour nous une boîte de Pandore identitaire impossible à refermer.

13-09-2010

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