Du 11 au 16 novembre 2008, 20h
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SlagueSlague - L'histoire d'un mineur

Texte : Mansel Robinson
Traduction : Jean Marc Dalpé
Mise en scène : Geneviève Pineault
Avec Jean Marc Dalpé

Assis dans un fauteuil roulant, face à sa table de cuisine, un ancien mineur nous raconte son histoire. Un jour, la terre s’est refermée sur lui dans un effondrement de la mine. Il y a non seulement perdu l’usage de ses jambes, mais il y a aussi laissé son propre fils. Était-ce réellement un accident ? Aujourd’hui terré dans son alcoolisme, dépendant des prestations qu’on veut bien lui donner, celui qui se décrit comme un « ver de terre intelligent » tente de se frayer un chemin vers la justice. Le fantôme de son fi ls exige réparation. Son récit n’en est pas un qui peut faire la une des journaux à sensation. C’est une histoire d’amour entre un père et son fi ls qui a simplement besoin d’être écoutée.

Le Théâtre du Nouvel-Ontario nous invite dans son coin de pays dans la clarté quotidienne d’une cuisine, à la rencontre d’un homme ravagé. Comme une libération, l’homme crache ses souvenirs dans une parole crue, parfois teintée d’humour, mais souvent sans détour.

Texte publié : Roc & Rail (recueil de deux pièces), les Éditions Prise de parole (2008)

Assistance mise en scène et régie Emanuelle Langelier
Environnement sonore : AYMAR
Décors : Ivan Pitre
Costumes : Miriam Cusson
Lumières : Brian Côté

Représentations du mardi au samedi à 20h sauf le 16 novembre à 15h

Production Théâtre du Nouvel-Ontario
Codiffusion Théâtre Périscope

Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

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Récentes représentations:

La Licorne
Du 9 au 13 septembre 2008

La Petite Licorne
Du 15 au 30 avril 2008

par Charlotte Riondel

Slague, c’est une poésie sans détour, sans fausse note, authentique et crue, les mots d’un homme rongé par la vie qui ne tient qu’à un fil, par l’alcool qui fait oublier le temps et tente de réparer les blessures. C’est une rencontre avec Pierre DeLorimier, ancien mineur rescapé d’un accident tragique qui lui a fait perdre, d’un seul coup, l’usage de ses jambes et son fils, restés dans le ventre de la terre. Accident ? Négligence ? Peu importe finalement… L’homme en fauteuil roulant garde une partie de ses secrets. La mine aussi. Mais certaines choses doivent être dites et c’est pour cela que ce « ver de terre intelligent » comme il se nomme lui-même, décide de nous inviter à sa table, là où l’on parle, pour tenter de faire éclater au grand jour les zones d’ombre d’un système qui relègue trop souvent l’humain au second plan, au profit d’une économie sans vergogne.

Jean Marc Dalpé, à qui l’on doit la version française du texte de Mansel Robinson, se fond avec brio dans la peau de ce père écorché vif, partagé entre le besoin de laisser le passé derrière lui et l’envie de venger ses fantômes. Il lui donne vie avec puissance et justesse, dans une interprétation subtile, et avec la sensibilité tout à fait masculine de ces hommes de terrain, qui ont forgé le monde à mains nues, cachés dans les recoins les plus sombres d’une société qui refuse de dévoiler ses profondeurs. Une interprétation toute en nuances, mise en valeur par des éclairages et un environnement sonore parfaitement complémentaires. En choisissant le minimalisme pour sa mise en scène, Geneviève Pineault vise directement là où se trouve l’essentiel. Là où ça fait mal, peut-être aussi… Alors que la contrainte du fauteuil roulant aurait pu être un frein à la mise en scène, elle est au contraire travaillée de façon que les quelques déplacements du comédien prennent tout leur sens et ont un impact encore plus important sur le public. La simplicité des gestes, nourris par l’énergie incroyable de Jean Marc Dalpé, rend avec vérité l’humilité de la condition du personnage, ainsi que la morne solitude dans laquelle il est plongé. La conception sonore d’Aymar se glisse dans le paysage, en ponctuant au passage certaines séquences du monologue de Pierre, en soulignant la présence d’autres personnages où en précisant le lieu dans lequel se passe la scène. Aymar, concepteur sonore, installé en arrière-scène, fait partie intégrante de l’espace scénique. Il est là, sorte d’âme bienveillante et parole chantante des mineurs au début du spectacle, ce qui donne du relief à la mise en scène, tout en soutenant le jeu du comédien. Quant à l’éclairage de Bryan Côté, il apporte lui aussi une nouvelle couche au personnage de Pierre DeLormière, celle du visuel. La symbiose entre les éléments scéniques est totalement réussie et ceux-ci s’aménagent bien dans une scénographie épurée et brute qui laisse la porte ouverte sur de multiples endroits.

Une table, un homme et tout peut commencer. En allant voir Slague, le public est convié à partager un morceau d’existence, celle d’un homme dont l’histoire n’intéresse aucun journal parce qu’il n’est pas assez « sexy » mais qui a, lui aussi et peut-être même plus que d’autres, une histoire à raconter, un cri à pousser et, par là, des maux à panser. Il suffit de prendre place, d’ouvrir grand ses oreilles et son coeur et la magie du théâtre fait le reste… Cette pièce est un bel hommage à un milieu ouvrier qu’on connaît trop peu. C’est aussi la dureté d’une condition et la tristesse de l’instant où la vie bascule. L’éphémère de la pièce porte avec courage le quotidien de plusieurs générations de mineurs. En tous les cas, que l’on aime beaucoup ou que l’on apprécie moins, Slague ne laisse surtout pas indifférent.

12-11-2008

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