Du 15 septembre au 10 octobre 2009
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Quatre à quatreQuatre à quatre

Texte de Michel Garneau
Mise en scène : Marie-Hélène Gendreau
Avec Sylvie Cantin, Marie-Ginette Guay, Éva Saïda, Denise Verville

Anouk, une jeune femme dans la vingtaine, vient de laisser son amoureux. Elle et trois femmes de sa lignée, sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère, entament un dialogue sur leurs vies, leurs amours, leurs peurs. La plus jeune, troublée par le poids de son ascendance, espère se libérer de ses fantômes et jouir des plaisirs de l’amour.

Magnifique quatuor féminin, Quatre à quatre raconte un siècle de vies de femmes plus grandes que nature sous le regard très actuel de la jeune metteure en scène Marie-Hélène Gendreau.

Concepteurs : Marie-Renée Bourget-Harvey, Denis Denoncourt, Hubert Gagnon, Lionel Arnould, Arielle Warnke St-Pierre, Millimetrik, Sylvain Perron

Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

par Isabelle Girouard

C’est la pièce Quatre à Quatre, dans une mise en scène de Marie-Hélène Gendreau, qui ouvre la saison 2009-2010 au théâtre de La Bordée. Quelle agréable rencontre avec ce texte de Michel Garneau, auteur bien de chez nous!  Né à Montréal le 25 avril 1939, il est très tôt initié à la poésie aux côtés son frère, le poète Sylvain Garneau. Mais ce dernier s’enlève la vie en 1953, et Michel quitte peu après ses études. Il s’inscrit à l’école de théâtre du Nouveau Monde, devient animateur d’émissions de radio pour la Société Radio-Canada, et écrit plusieurs livres de poésie.  Emprisonné pendant la crise d’Octobre en 1970, il publie quelques années plus tard son recueil Les petits chevals amoureux, pour lequel il refusera, pour des raisons politiques, le prix du Gouverneur Général. Cet homme poète nous livrera plus d’une quarantaine d’œuvres littéraires, dont plus de la moitié pour la scène. Sa langue, tricotée dans les langueurs quotidiennes, a vu passer de longues et nombreuses saisons québécoises. Garneau crée Quatre à Quatre en 1973, pour les finissants du collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse. André Brassard la met en scène l’année suivante, au théâtre de Quat’Sous.  Poète, dramaturge, enseignant, Michel Garneau est sans aucun doute parent avec ces hommes dont l’intelligence brille à travers les âges.

La pièce nous plonge en plein cœur féminin, un seul cœur partagé par quatre femmes issues du même sang, mais de générations différentes. C’est Anouk qui fait appel à ces âmes fortes de son passé, dans un cri d’amour blessé. Comment une femme aime-t-elle, et combien de fois dans sa vie?  Tour à tour, ces femmes nous livrent leur histoire personnelle, vie partagée avec ce même désir amoureux jamais assouvi, qui se révèle de façon tout à fait particulière pour chacune d’elle. Romantisme, sacrifice, attente, égoïsme, érotisme, pornographie… ces mots qui s’entremêlent dans l’espace et le temps pour en arriver à une seule définition : l’amour.  C’est un bien grand sujet.

Il fait bon de se laisser porter par la poésie de Garneau, cette parole qui jaillit parfois avec violence, parfois avec humour, mais toujours avec une grande lucidité.  Portée par quatre femmes sensibles et vibrantes, chœur à quatre voix, le texte arrive jusqu’à nous sans interférences. La volonté de Marie-Hélène Gendreau était en effet de créer un espace considérable pour la parole, ce qui est généralement réussi. La présence des comédiennes sur scène est forte et lumineuse, à travers un espace scénique plutôt simple. Mais il n’y a pas assez de surprise dans la mise en scène, peu de risque, peu d’audace.

L’environnement sonore ajoute parfois une touche anecdotique, ce qui est légèrement agaçant pour l’oreille. En somme, on reste bien tranquille pendant la représentation, on attend même un peu, nous aussi… 

Mis à part un ensemble qui n’atteint pas tout à fait la profondeur du texte, la pièce Quatre à Quatre est accessible et divertissante.

20-09-2009

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