Du 14 au 17 janvier 2010
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Hotel des deux mondesHôtel des deux mondes

Texte Éric Emmanuel Schmitt
Mise en scène: Vincent Champoux.
Avec: Ann-Sophie Archer, Laura Comeau, Jean-Pierre Cloutier, Annabelle Lebrun, Jean-Nicolas Marquis, Marc Simard Nataren

Aucun client ne sait comment il est arrivé dans cet hôtel. Personne ne sait quand il pourra repartir, ni vers quelle destination. Dans ce lieu étrange tout est possible: les infirmes recouvrent l'usage de leurs membres, les menteurs disent la vérité. Le tout coordonné par l'énigmatique Docteur S. chargée d'accompagner leur séjour et ne faisant que rendre plus aiguës les questions de ses hôtes.

Scénographie: Marie-Claude Gignac.
Éclairages: Steve Beaulieu.

Production Le Carré Magique

Théâtre de la Bordée, Salle Jean-Jacqui Boutet
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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Dates antérieures

Du 15 au 27 mai 2007, La Bordée
Juin 2006, Premier Acte

par Magali Paquin

Dans un lieu mystique entre la vie et la mort, se croisent des individus réunis par un destin tragique. Plongés dans un état comateux sur terre, ils recouvrent toutes leurs facultés dans le havre feutré qu’est l’Hôtel des deux mondes. Tissus chatoyants, tapis velu et lumières tamisées font de cet endroit mystérieux une oasis de quiétude. D’origines diverses, les inconnus qui s’y retrouvent ne tardent pas à se confier intimement; ils échangent sur la mort, le bonheur, la maladie, l’amour, la spiritualité, la vie. Le texte de Éric-Emmanuel Schmitt aborde ces thèmes de façon sensible, avec juste assez d'équilibre entre les réflexions soulevées et l’envie suscitée d’en découvrir plus sur ce lieu énigmatique et ceux qui l’habitent.

On entre malgré soi à l’Hôtel, et on ne peut en sortir que lorsqu’on y est autorisé. Certains y séjournent quelques heures ou quelques jours, d’autres de longs mois. Tous attendent plus ou moins patiemment le verdict qui les ramènera «en bas», vers la vie, ou qui les emportera «en haut», vers la mort. Sous le regard rigoureux, mais compatissant du Docteur S. (Marie-Claude Gignac), les âmes de passage échangent sur leurs vies respectives et leurs aspirations. Le destin empoigne ses victimes dans toutes les strates sociales. Une femme de ménage volubile (Laura Comeau), un homme d’affaires égocentrique (Jean-Nicolas Marquis), un diseur de bonne aventure (Marc Simard Nataren), une jeune femme handicapée (Ann-Sophie Archer) et un jeune homme égaré (Nicola-Frank Vachon) partagent ces quelques moments, qu’ils oublieront une fois hors de l’Hôtel. Les personnalités propres à chacun des individus ne s’estompent pas pour autant. Les traits de caractère sont parfois même accentués par l’anxiété et la confrontation avec soi-même. Mais même si la mort plane, la vie semble plus forte que tout et l’amour s’impose parfois là où on ne l’attend pas.

La mise en scène de Vincent Champoux est attentive à la sensibilité du propos en créant une atmosphère propice à la mise en valeur de sa charge émotive, tout en faisant place à l’humour. Or, bien que la petite salle où est présentée la pièce favorise l’intimité du public avec les personnages, elle comporte l’effet malheureux de mettre en relief une interprétation qui n’est pas toujours aussi poignante qu’elle devrait l’être. Est-ce une faiblesse dans l’authenticité des sentiments rendus par les acteurs, ou leur accent français que l’on sait faux? Est-ce le fait de constamment voir une partie des spectateurs, scindés en deux groupes visibles dans la lumière de part et d’autre de la scène? Ces éléments contribuent, chacun à leur manière, à empêcher d’être complètement happé par l’esprit de la pièce et la fabrication théâtrale prime sur l’authenticité qui aurait pu la marquer, malgré son caractère fictif.

L’Hôtel des deux mondes demeure cependant un lieu qu’il est doux et agréable de fréquenter, ne serait-ce qu’en raison de la sérénité de cet entre-deux lieux, souvent source de crainte dans l’imaginaire collectif. Le Théâtre Le Carré Magique offre ici une pièce qui sent le printemps, avec ses espoirs et ses amours florissants.

24-05-2007

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