*14 et 21 mars 2010, 15 h
*Rencontre avec les artistes
Matinées scolaires : 9 au 19 mars (mardi au vendredi), 9 h 30 ou 13 h 30
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Alice au pays des merveillesAlice au pays des merveilles

(dès 6 ans)

D’après l’œuvre de Lewis Carroll
Adaptation et mise en scène : Hugo Bélanger
Interprètes : Sarianne Cormier, Gabriel De Santis-Caron, Valérie Deault, Josianne Dicaire et Philippe Robert

Alice refuse de faire ses leçons. Préférant jouer et rêvasser, elle se cache dans la bibliothèque de son père. Arrive alors un curieux lapin, grand grignoteur de bouquins. En voulant empêcher le rongeur de dévorer tous les livres de la bibliothèque, Alice poursuit ce dernier dans son terrier. Elle y découvre un monde fantastique : le Pays des merveilles.

Récipiendaire du prix Acadie-RIDEAU 2008, cette adaptation du classique de Lewis Carroll est un merveilleux hommage à l’enfance, au rêve et à l’imaginaire. S’inspirant des livres surprises faisant apparaître des décors en carton 3D lorsque l’on tourne les pages, le décor regorge de bouquins qui se transforment en mille et un objets. Allez, suivez le lapin !

Conception visuelle et sonore : Patrice Charbonneau-Brunelle, Jean-Philippe Charbonneau et Patrice d’Aragon

Durée du spectacle : environ 55 minutes

Coproduction Le Théâtre Tout à Trac et Les naufragés du A

Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

par Isabelle Girouard

S’il y a des contes pour enfants qui savent traverser le temps sans s’essouffler, Alice au pays des merveilles siège probablement en tête de liste.  L’univers surréaliste de Lewis Carroll semble inépuisable et ses personnages toujours aussi insondables. Le Lapin en retard, Humpty-Dumpty, le chat de Cheshire, le Ver à Soie, Tweedledee et Tweedledum,  le Chapelier fou et la cruelle Reine de Cœur… cela vous rappelle des souvenirs? Décidément, on ne se lasse pas de visiter encore une fois ce monde imaginaire où fourmillent les paradoxes et les fausses logiques.

Grand défi tout de même, que de rendre cet univers sur la scène.  Cette fois-ci, c’est le Théâtre Tout à Trac qui se retrouve sur les planches des Gros Becs, avec une adaptation d’Hugo Bélanger. La production a toutes les cartes en main pour assurer un solide voyage à travers l’imaginaire d’Alice. C’est Valérie Deault qui interprète la petite fille, vêtue d’une robe rouge et de souliers mode. Prestation qui est d’ailleurs soutenue du début à la fin, au fil des rencontres avec ces étranges personnages qui, il faut le dire, ne sont pas de tout repos.  Masques, marionnettes, rien n’est négligé pour rendre ces derniers vivants à nos yeux. Le décor peut paraître simple au premier coup d’œil : une immense bibliothèque occupe tout l’espace scénique.  Mais derrière ces livres se cachent des portes secrètes, véritables brèches ouvertes sur la fantaisie d’où peut surgir à tout moment l’étrange peuplade, pour le plus grand plaisir du spectateur. Il a fallu beaucoup d’ingéniosité pour installer tout ce monde éclaté dans un espace scénique. Chapeau à Hugo Bélanger.

Le silence régnant dans la salle lors de la représentation révèle probablement l’écoute attentive des marmots.  La pièce, conçue pour un public de 6 ans et plus, se veut tout de même tissée solidement à travers des rencontres incongrues et farfelues.  Le petit spectateur est littéralement pris par la main pour entrer dans cet étrange univers, tout est gentiment conçu pour lui éviter la déroute. Les personnages ne portent ni le trouble, ni le dérangement comme ils le portent dans l’univers de Carroll. Ils nous paraissent plutôt  sympathiques, voir prévisibles, chose à laquelle on s’adapte toutefois avec bonne humeur. 

Si cette interprétation du conte ne comble pas tout à fait nos attentes, c’est qu’il manque probablement une petite touche de folie.  Mais on ne sort pas déçu de ce moment théâtral : il ne tient qu’à nous de fermer les yeux pour que commence la rêverie…

15-03-2010

par David Lefebvre

Alice au pays des merveilles est l'un des plus extraordinaires bouquins écrits pour les enfants. Hymne à l'imaginaire, l'auteur Lewis Carroll (de son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson) avait raconté les premières bribes de son histoire à trois jeunes filles, dont une au prénom d'Alice (Liddell), lors d'une promenade en barque. Trois ans plus tard sortait Alice in Wonderland. Le livre foisonne alors d'allusions satiriques à l'entourage de Carroll et aux leçons que les élèves anglais devaient apprendre par coeur, à cette époque. Alice... fut adapté, entre autres, pour la bande dessinée, la télé, le cinéma et l'opéra. Il inspire aussi plusieurs compositeurs, comme les Beatles (Lucy in the Sky et I Am the Walrus), Indochine, Jefferson Airplaine...

L'adaptation du metteur en scène Hugo Bélanger est un splendide condensé du récit original. La clé de la pièce se trouve dans les livres : tout d'abord considérés comme ennuyeux, et synonymes de travail – la pièce ouvre sur des cris d'adultes qui demandent à Alice de venir faire ses devoirs – ils sont ensuite source de découvertes, de plaisir et d'évasion : un livre géant se transforme, littéralement, en porte parlante. Alice (Valérie Deault), petits cheveux noirs, robe rouge et chaussures Converse de la même couleur (en contraste direct avec les illustrations mythiques du personnage, soit la jeune fille blonde à la robe bleue), fait la rencontre de la plupart des personnages importants : le Lapin Blanc (Sarianne Cormier, à l'accent anglais charmant, mais qui rend parfois certains mots incompréhensibles), Humpty Dumpty (Gabriel De Santis-Caron, rigolo lorsque, du haut de son mur, il rattrape sa chute au dernier instant) ou encore le Ver à soie (Josianne Dicaire). Alice, qui a en sa possession les gants du Lapin Blanc, le pourchasse pour éviter qu'il ne se fasse trancher la tête par la Reine Rouge (Josianne Dicaire), une figure monarchique plutôt comique, avec ses sautes d'humeur et sa petite taille.

C'est avec ruse qu’Alice fraie son chemin dans ce monde qui lui est inconnu, un peu illogique. Elle rencontre les inséparables Twideuldie et Twideuldeume (Sarianne Cormier et Philippe Robert), dont elle arrive à se débarrasser avec beaucoup d'adresse. Alice, pourtant, craque, et lors d'une crise de larmes, qui déclenche une inondation, se retrouve dans la barque du Chasseur de Snark (incarné par De Santis-Caron). Celui-ci entonne une chanson entraînante et joyeuse (composée par Bélanger et Robert) qui dérange le Chapelier fou (Robert), qui désire prendre le thé tranquillement. La jeune fille plonge pour aller à sa rencontre. L'eau, représentée par un grand voile bleue, glisse pour disparaître. L’effet est magique : une partie de ce voile se volatilise par la bouche du Chapelier, comme si l’eau provenait de sa tasse. Le Chat du Cheshire vient aussi rendre visite à Alice, à quelques reprises (Josianne Dicaire) - la marionnette, en quatre morceaux, est fantastique. Démantibulé, le corps en pièces permet de le faire apparaître où l'on souhaite, et ce, rapidement. Ses yeux illuminent dans le noir et son très large sourire, denté, est plus que mystérieux, presque terrifiant, mais toujours fascinant.

Ce Alice-ci pourrait porter le sous-titre Derrière la bibliothèque. C'est dans l'environnement de la bibliothèque familiale que se joue finalement toute la pièce. L'énorme armoire à livres, fascinante et ingénieuse scénographie de Patrice Charbonneau-Brunelle et de Marie-Pier Fortier, procure une multitude d'effets spéciaux possibles ; en déplaçant quelques bouquins, en créant des portes dérobées, de faux fonds, l'équipe peut aller et venir, manipuler les marionnettes et les différents personnages qui interagissent avec Alice. Les marionnettes (le Chat, le Ver) sont d'une excellente et belle conception et les costumes (donc celui d'Humpty Dumpty) sont reconnaissables au premier coup d'oeil.

Les spectateurs embarquent avec joie dans l'univers de la pièce, grâce au rythme soutenu, aux nombreux rebondissements, aux personnages si attachants et aux jeux de mots qui font rire petits et grands. La jeune fille, tout comme le jeune public, fait ainsi la découverte des calembours et des difficultés d'argumenter. On ne désire qu'une chose, à la sortie du spectacle : trouver, nous aussi, ce fameux passage vers l'autre côté de la bibliothèque...

27-09-2009

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