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Du 2 au 27 novembre 2010
KlinikenKliniken
Texte Lars Norén
Mise en scène Gill Champagne
Avec Louise Allaire, Frédérick Bouffard, Lise Castonguay, Fabien Cloutier, Linda Laplante, Roland Lepage, Kevin McCoy, Christian Michaud, Klervi Thienpont, Marjorie Vaillancourt et Réjean Vallée
Kliniken (Crises) a pour seul lieu la salle commune d'un hôpital psychiatrique. On observe une dizaine de patients vivre ensemble, tous atteints de pathologies différentes: anorexie, dépression, paranoïa, schizophrénie. Cette pièce écrite en 1994 est plus qu’un témoignage sur la vie en institution; l'enjeu réel se situe autour de la question suivante : « Qui décide qui est malade et qui est sain ? » Kliniken (Crises) traite de la folie des hommes, de la folie du monde, grâce à un texte intelligent ainsi que des dialogues savoureux et teintés d'humour.

Traduction Arnau Roig-Mora, Jean-Louis Martinelli et Camilla Bouchet
© L'Arche Editeur
Scénographie Jean Hazel
Costumes Dominic Thibault
Musique Marc Vallée

Une production du Théâtre Blanc

Trident - Grand Théâtre de Québec
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131
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 Critique
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par Sylvie Isabelle

Qui décide qui est malade et qui est sain? Avec Kliniken, le Théâtre Blanc nous convie à une incursion en marge de la normalité en nous faisant partager le quotidien d’un institut psychiatrique où la ligne entre la folie et l’équilibre se traverse souvent sans même que l’on s’en rende compte.

Martin (Réjean Vallée), un publicitaire déchu que sa famille a abandonné lorsqu’il a révélé être séropositif, se retrouve parmi les « fous ». Cramponné à son ordinateur portable comme à une bouée de sauvetage, il fait peu à peu connaissance avec eux et nous fait découvrir les origines de leur descente aux enfers. Pour certains, on comprend que la maladie mentale était inéluctable, conséquence directe de ce que la vie leur a imposé comme souffrances : comment survivre à une vie de sévices sexuels, au massacre de la guerre? Anne Marie (Lise Castonguay) et Mohammed (Frédérick Bouffard) ne le savent pas. Pour d’autres, les causes de leur déséquilibre demeurent vagues, mais les conséquences n’en sont pas moins dévastatrices : Roger (Christian Michaud) est en proie à de violents accès de rage qui l’empêchent de s’intégrer dans la société, et Érika (Marjorie Vaillancourt) est une folle joyeuse qui papillonne dans cet univers comme dans une grande réception.

Jean Hazel signe une mise en scène qui campe l’action de brillante façon : un grand mur couleur « plaster » place les comédiens à l’avant-scène, dans un espace réduit et oppressant. Instantanément, on se sent à l’hôpital : les couleurs des années 70 et le « vieux » sont symptomatiques de la maladie. Il n’y a pas de vie privée : la proximité est généralisée, on subit les autres dans une atmosphère déprimante.

La pièce est truffée d’idées brillantes, du metteur en scène Gill Champagne, aidant à faire oublier les longueurs du texte de Lars Norén. Entre autres, on y insère la pièce Le temps des cerises, interprétée par Noir Désir et son chanteur, Bertrand Cantat, sorti de prison après avoir purgé une peine suite à la mort de Marie Trintignant. L’énergie exubérante de la musique contraste avec les paroles qui prennent une signification toute particulière lorsque placées dans un contexte de maladie mentale. Les répliques savoureuses tranchent également avec le désespoir des personnages, nous les rendant sympathiques et attachants, peu importe leurs problèmes : le rire est spontané pour tous lorsque Roger s’exclame « Chu pas malade, chu Français! ».

Et même si la montée dramatique finale n’arrive pas à balancer les longueurs du texte déjà mentionnées, la toute dernière scène de la pièce est toutefois superbe et très réussie : la mise en scène, la scénographie et les éclairages participent à créer une dernière image marquante. Peut-on vraiment être libre quand on n’est pas « normal »?

05-11-2010

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