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Du 13 au 17 juillet 2011, supplémentaires 21-22-23 juillet 2011
Filles de CalebLes filles de Caleb
Texte inspiré des livres d'Arlette Cousture
Livret: Micheline Lanctôt
Paroles et musique: Michel Rivard
Mise en scène: Yvon Bilodeau
Avec Yves Lambert, Marie-Michèle Desrosiers, Luce Dufault, Daniel Boucher, Stéphanie Lapointe, Bruno Pelletier, Carolanne D'Astous-Paquet, Yves Soutière, Catherine Sénart

Le chef-d’œuvre d’Arlette Cousture, Les Filles de Caleb, sera présenté sous forme de comédie musicale au Grand Théâtre à l’été 2011! Le livret de ce projet sera confié à la comédienne et cinéaste Micheline Lanctôt, les paroles et la musique seront signées Michel Rivard, tandis que la mise en scène et la direction artistique de ce projet d’envergure sera assurée par Daniel Roussel. Quatorze des personnages marquants de cette trilogie seront ainsi réunis sur scène afin de faire revivre cette saga familiale qui s’étend sur un siècle d’histoire.

À travers le regard de trois générations de femmes d’une même famille, - Émilie Bordeleau, Blanche Pronovost et Élise Lauzé - le public découvrira les passions, les visions et les destins de chacune, dans une société en pleine mutation.

Musiciens sur scène sous la direction de MICHEL RIVARD :
TOMMY GAUTHIER
RICK HAWORTH
MARIO LÉGARÉ
SYLVAIN CLAVETTE
CLAUDE FRADETTE

Producteur délégué YVAN FRÉCHETTE
Éclairages CLAUDE ACCOLAS
Costumes SUZANNE HAREL
Chorégraphies GENEVIÈVE DORION-COUPAL
Décors ROBERT B. BRETON et MARTIN FERLAND(Prisme 3)
Image et son ÉRICK VILLENEUVE
Sonorisation SOLOTECH
Accessoires ALAIN JENKINS
Perruques RACHEL TREMBLAY
Coiffures et Maquillages JEAN BÉGIN
Régie STÉPHANIE RAYMOND
Assistante à la mise en scène NADIA BÉLANGER

Prix des billets : 95,50 $ et 85,50 $ (taxes et frais de service inclus)

Productions Tandem.mu

Site Web

Salle Louis-Fréchette - Grand Théâtre de Québec
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie Billetech
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 Critique
Critique
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par Odré Simard

La comédie musicale-opéra folk Les filles de Caleb est arrivée à Québec ce jeudi 14 juillet. La salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre s'est aussitôt remplie malgré la frénésie du Festival d'été de Québec ainsi qu'un billet au coût plutôt élevé. Et on pouvait se demander pourquoi s'attaquer à des figures bien établies dans notre imaginaire collectif, les figures du couple tristement passionné d'Émilie et Ovila que formaient à l'écran Marina Orsini et Roy Dupuis, ces fameux personnages romanesques créés par Arlette Cousture il y a 25 ans? Parce que ces personnages sont bien plus que les protagonistes d'une belle et triste histoire d'amour, ils sont devenus des archétypes de notre héritage québécois, une empreinte de notre passé au fond duquel il est possible de reconnaître des grands-parents ou arrières-grands-parents, et d'y voir nos propres racines. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec l'oeuvre, il est en fait question d'un survol des trois tomes d'Arlette Cousture, c'est à dire Le chant du coq, Le cri de l'oie blanche et L'abandon de la mésange, représentant trois générations de filles de Caleb ; Élyse, fille de Blanche, fille d'Émilie, fille de Caleb. Le premier tome nous place au tout début du 20e siècle, où l'on assiste à un amour houleux et passionné entre Émilie, fille de campagne à la force de caractère hors du commun pour l'époque, devenue alors institutrice, et Ovila, ancien élève de la belle, farouche et orgueilleux passionné. Entre les incompréhensions, la mortalité, les départs trop fréquents et les problèmes d'alcool, la belle histoire se transforme doucement en drame. Blanche héritera de la force de caractère de sa mère et à défaut de devenir médecin comme elle l'aurait voulu, elle deviendra infirmière à Montréal pour ensuite ouvrir son propre dispensaire en Abitibi, lors des débuts de la colonisation. Elle y rencontrera Clovis avec qui il sera possible d'envisager un avenir commun. Leur fille Élyse, pour sa part, ne souhaite que vivre un paisible amour et ne voit pas l'intérêt de se battre pour bâtir son propre chemin comme l'ont tant fait sa mère et sa grand-mère auparavant. Tout un programme pour une seule soirée!

Si au début du spectacle on se sent bousculés, voire déboussolés face au rythme effréné des tableaux, on en vient à comprendre la mécanique orchestrée par le metteur en scène Yvon Bilodeau afin de laisser la place principale à la musique. On aurait bien souhaité que le tout respire davantage, mais après tout, la majorité des artistes proviennent de la scène musicale, mis à part peut-être Catherine Sénart et Yves Soutière, interprétant respectivement Berthe et l'inspecteur Douville, dont on sent un jeu beaucoup plus aisé et fluide. Certains sont par contre de véritables découvertes, tels que Daniel Boucher, tenant le rôle du farouche Ovila, qui nous présente ce dernier sous une tout autre mouture que Roy Dupuis. Un exercice de style très rafraîchissant. Si on craignait de voir l'image du couple égratignée par une adaptation qui n'aurait pas tenu la route, c'est finalement comme si on voyait cette histoire se répéter dans un autre village, sur d'autres visages, mais avec une vérité tout aussi touchante. Il est tout de même dommage que Luce Dufaut, tenant le rôle-titre d'Émilie Bordeleau, ait une tendance au surjeu, mais on lui pardonne lorsque sa voix profonde et ourlée d'émotions nous dévoile sa version personnelle d'Émilie. Les échanges théâtraux ne deviennent alors presque un prétexte pour passer d'une chanson à l'autre, les dialogues étant construits sous la forme d'une histoire que l'on raconte et où les chansons deviennent des moments privilégiés d'une bribe de passé marquant. L'aspect musical est d'ailleurs un véritable tour de force de la part de Michel Rivard, qui a ainsi écrit plus de trente chansons pour l'occasion avec un filon folk et une énergie du terroir tout à fait à propos. Quelle idée fantastique d'avoir choisi un Yves Lambert pour personnifier le père de la fameuse institutrice, apportant un premier lien entre les personnages et la musique sur scène - l'ambiance étant de beaucoup construite sur cette présence chaleureuse. Quand des accents de Beau Dommage se métissent avec l'énergie de la Bottine souriante, nous avons droit à un heureux mélange. Nous verrons ensuite Ovila (Boucher) s'adonner plusieurs fois à l'harmonica et plus tard, un Clovis (Jean-François Poulin), l'amoureux de Blanche, tout à fait charmant à la guitare.

Avec un décor simple, une mise en scène épurée, des costumes efficaces et des projections intéressantes, mais pas toujours pertinentes, l'accent est mis sur les voix et les émotions qu'elles peuvent véhiculer. Et même en arrivant avec beaucoup de réticences, le pari est réussi, on est charmé et touché. Ce n'est pas Les Filles de Caleb «revu et corrigé», il s'agit simplement d'une avenue complètement différente qui est empruntée, nous offrant de nouvelles bribes de cette histoire qui a submergé déjà tant de Québécois.

16-07-11

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