Du 20 avril au 15 mai 2010
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Charbonneau et le chef

Texte de John Thomas McDonough
Traduction et adaptation de Paul Hébert et Pierre Morency
Mise en scène de Jean-Philippe Joubert
Avec Normand Bissonnette, Guillaume Boisbriand, Pierre-Yves Charbonneau, Fabien Cloutier, Jean-Pierre Cloutier, Denis Lamontagne, Éric Leblanc, Nicolas Létourneau, Jean-René Moisan, Jean-Sébastien Ouellette, Jocelyn Pelletier, Maxime Perron, Lucien Ratio, Jack Robitaille, Éva Saïda, Patric Saucier, Nicola-Frank Vachon

Asbestos, 1949. Les travailleurs de la mine d’amiante revendiquent de meilleures conditions de travail et la reconnaissance syndicale. Les négociations avec l’employeur mènent à l’impasse et la grève éclate. Le conflit prend rapidement de l’ampleur à travers le Québec et finit même par opposer directement le premier ministre du Québec de l’époque, Maurice Duplessis, qu’on surnommait alors « le Chef », et monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal. Sympathisant envers la cause des ouvriers, Charbonneau n’hésite pas à prendre leur défense et invite la population à la paix sociale. Convaincu de l’ingérence de l’Église dans cette affaire, Duplessis fait tout ce qui est en son pouvoir pour garder le contrôle et évincer l’archevêque.

Scénographie Claudia Gendreau
Costumes Denis Denoncourt
Éclairages Caroline Ross
Musique Mathieu Campagna

Trident - Grand Théâtre de Québec
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

par Isabelle Girouard

Nous sommes à Asbestos, printemps 1949, sous le régime de Duplessis.  Ne tolérant plus les conditions misérables dans lesquelles ils sont contraints de travailler jour après jour, les ouvriers francophones de la Johns-Mainville Company déclenchent une grève qui durera plus de 140 jours.  Duplessis s’oppose fortement au groupe syndicaliste, alors que l’archevêque de Montréal, Monseigneur Charbonneau, s’active ardemment à protéger les droits des travailleurs. S’engage alors le combat mythique entre deux hommes qu’opposent la moralité et le pouvoir. Malgré la violence des combats entre les grévistes et les forces policières déployées, l’opinion publique est favorable aux ouvriers et ceux-ci obtiennent finalement gain de cause, bien que certaines revendications semblent être mises de côté (notamment ce qui touche l’amiantose).  Duplessis est soumis à un échec politique, mais profitant de son influence, il obtient avec l’aide du pouvoir ecclésiastique la démission de Monseigneur Charbonneau.  L’archevêque est contraint de quitter son poste au lendemain de la grève.

Une semaine après le décès de Michel Chartrand, Charbonneau et le Chef prend d’assaut la scène du Théâtre du Trident.  Si le grand homme s’est rendu sur les lieux de la grève, il ne sera pas immortalisé par la plume de John Thomas McDonough. L’œuvre, même si elle traite d’un moment historique du Canada français, ne se veut pas un théâtre documentaire à proprement dit.  Disons tout de même qu’elle attirera probablement, et avec raison, des spectateurs concernés par l’évènement. Certaines parties du texte sont même composées de paroles qui ont réellement été dites, notamment des dialogues impliquant le personnage de Monseigneur Charbonneau.

C’est Jean-Philippe Joubert qui signe la mise en scène du spectacle, joué une  première fois au Trident en 1971.  Cette fois-ci, pas moins de dix-sept comédiens sont présents sur une scène dépouillée, incarnant à tour de rôle grévistes, policiers, journalistes.  Il faut souligner l’intelligence avec laquelle l’espace scénique est investi, au niveau des éléments de décor, de l’éclairage, mais surtout de la présence physique des comédiens.  L’utilisation d’un chœur, composé principalement des grévistes, révèle un travail chorégraphique important.  Une poésie visuelle se dégage de tous ces corps modifiant littéralement l’espace, se fondant parfois dans l’ombre.  Mais s’il nous rappelle les labeurs des ouvriers, l’attente, la faim et même parfois la violence, le chœur nous dérange toutefois par son omniprésence sur la scène. En  ajoutant une profondeur à l’action dramatique à certains moments, il en retranche à d’autres, ce qui est dommage pour l’ensemble du spectacle.  Mais l’œil du spectateur est heureusement libre de se poser où il le veut, et l’espace est vaste.  Il sera très probablement captivé par la prestance de Jack Robitaille, incarnant le personnage de Duplessis.

Charbonneau et le Chef est un hommage vibrant à tous ces hommes de la classe ouvrière qui ont lutté pour leurs droits à cette époque, et qui ont, à leur façon, ouvert la voie à la Révolution tranquille.

26-04-2010

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