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Duu 10 au 28 avril 2012, 20h
EnfantL'Enfant matière
Texte de Larry Tremblay.
Mise en scène Christian Lapointe
Avec Hugues Frenette, Christian Essiambre et Noémie O'Farrell

Les extrêmes auxquels peut mener le désir d'atteindre la perfection, particulièrement quand il s'agit de modeler un enfant.

Le Théâtre Blanc s’engage dans la production de L'ENFANT MATIÈRE, un texte Larry Tremblay en cours d'écriture. L'auteur en a fait lire une ébauche à Christian Lapointe, qui en a vu le potentiel et qui a accepté d'en diriger une mise en lecture au CEAD. Il lui a alors demandé de monter la pièce. Christian Lapointe a présenté le projet au directeur artistique du Blanc, Jean Hazel, qui y a rapidement souscrit. Ils ont invité les comédiens Hugues Frenette, Christian Essiambre et Noémie O'Farrell à incarner les trois personnages de la pièce.


Scénographie Jean Hazel
Projections vidéo Lionel Arnould
Éclairages Jean-François Labbé
Musique et environnement sonore Mathieu Campagna
Costumes et accessoires Julie Lévesque

Entre 15$ et 30$

Une production Théâtre Blanc


Caserne Dalhousie
103 Rue Dalhousie
Billetterie : 418-522-2250

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 Critique
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par Odré Simard


Crédit photo : louiseleblanc.ca

Un homme prend l'avion un jour comme les autres, erre dans une ville inconnue et vole un « paquet qui traînait là », un enfant qu'il ramène chez lui pour l'enfermer à jamais. Il s'occupe de lui comme d'un objet si précieux, mais à la fois matière à expérimentation. Par contre, l'homme se lasse aujourd'hui de ce qui l'amusait autrefois. Quelque chose interfère dans leur relation, un petit quelque chose de « trop » comme l'incursion de l'inconnu de la nouveauté, car l'enfant devient homme. Cette « chose » qui est sienne, est-elle malléable comme une matière que l'on peut transformer? L’enfant matière est une grande métaphore pour présenter le rapport à l'enfant, le rapport à l'autre dans notre désir de contrôle et de possession. Le public pris à témoin est aussi en relation dans un rapport face à face,  séparé par un grand mur en plein centre, l'enfant d'un côté avec caméra et lumière, l'homme de l'autre avec de multiples écrans.

Le texte de Larry Tremblay, appuyé par la mise en scène de Christian Lapointe, propose un questionnement sur les pénitenciers que sont nos corps et nos solitudes ainsi que sur notre désir de maîtriser notre environnement et de pouvoir changer ce qui ne nous plaît pas, de vouloir se payer se que nous pensons avoir besoin. Tout cela probablement en vue de vaincre ce sentiment de prison que notre solitude nous colle à la peau. L'oeuvre nous confronte au rôle de parent par la métaphore de cette relation dominant-dominé, par ce modelage de cet être en devenir et cette incapacité à accepter le changement. De voir celui ou celle à qui nous avons donné la vie devenir maintenant adulte et indépendant ; assister à ses transformations physiques et découvrir ce sentiment de ne plus être indispensable pour celui ou celle dont nous étions tout, il n'y a pas si longtemps.

Les séquences vidéo de Lionel Arnould sont d'une grande qualité et viennent couvrir le grand mur central d'une ambiance technologique et froide qui sert tout à fait le contexte de la pièce. Christian Lapointe a peaufiné une mise en place beaucoup moins fixe que ce qu'on lui connaît, du moins avec le théâtre Péril, ce qui laisse la possibilité au texte de respirer un peu plus. Mais subsiste toujours la même profération quelque peu mécanique, les mots devenant hypnotiques et lointains. Les interprètes font aussi une belle utilisation de l'espace qui se transforme sous nos yeux ; par contre, ce qui est agréable au point de vue esthétique semble supporter le plaisir d'étaler les possibilités de cette belle scénographie signée Jean Hazel plutôt que d'offrir une véritable portée sur la progression de l'histoire.

L’Enfant matière présentée par le Théâtre Blanc propose une métaphore juste et riche de réflexion, mais la froideur immanente laisse pantois ; ce désir de faire réagir nous laisse un vague sentiment de mur de glace qui nous coupe de l'humanité des personnages.

13-04-2012