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15 avril 2013, 20h
Les muses orphelinesLes muses orphelines
Texte Michel Marc Bouchard
Mise en scène Martine Beaulne
Avec Maxime Denommée, Léane Labrèche-Dor, Macha Limonchik, Nathalie Mallette

Nous sommes en 1965.  La trame de la pièce s’organise autour du personnage d’Isabelle Tanguay, 27 ans, déficiente intellectuelle.  Isabelle était toute jeune quand sa mère a quitté le nid familial.  Mais son frère et ses deux sœurs lui ont menti en lui disant que cette dernière était morte.  Plus tard, au hasard d’une rencontre, Isabelle apprend que sa mère est toujours vivante.  Elle monte alors un subterfuge pour se venger.  Elle réunit son frère et ses sœurs à la maison familiale en leur faisant croire que leur mère revient.  Là, en l’espace d’une fin de semaine, le clan Tanguay revit le passé, chacun réinventant ses parents à sa manière.  Autour d’une table, ils se confient, se vident le cœur et crient leur mal de vivre ainsi que leur besoin inassouvi d’amour.

Les Muses orphelines, une pièce forte, envoûtante, inquiétante, le psychodrame d’une famille à la suite d’un mensonge.  Du Michel Marc Bouchard à son meilleur!


Section vidéo
deux vidéos disponibles

    

Décor : Richard Lacroix
Costumes : Daniel Fortin
Éclairages : Claude Cournoyer
Musique : Ludovic Bonnier
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Manon Bouchard
Photo : François Brunelle

Salle Albert-Rousseau
Prix courants
Parterre 47,50$
Corbeille 47,50$
Balcon 47,50$
Handicapé 47,50$
Étudiant 26,50$

TOURNÉE

ven. 05 avr. 2013 Beloeil Centre Culturel 450-464-4772
sam. 06 avr. 2013 Joliette Salle Rolland-Brunelle 450-759-6202
jeu. 11 avr. 2013 Ste-Thérèse Théâtre Lionel-Groulx 450-434-4006
sam. 13 avr. 2013 Saguenay Auditorium Dufour 418-698-4080
lun. 15 avr. 2013 Québec Salle Albert-Rousseau 418-659-6710
mer. 17 avr. 2013 Longueuil Salle Pratt & Whitney Canada 450-670-1616
jeu. 18 avr. 2013 Longueuil Salle Pratt & Whitney Canada 450-670-1616
ven. 19 avr. 2013 Shawinigan Salle Philippe-Filion 819-539-6444
sam. 20 avr. 2013 St-Hyacinthe Centre des arts Juliette-Lassonde de Saint-Hyacinthe 450-778-3388
mar. 23 avr. 2013 Sherbrooke Salle Maurice O'Bready 819-820-1000
sam. 27 avr. 2013 St-Jérôme Salle André-Prévost (Polyvalente) 450-432-0660
mar. 30 avr. 2013 Drummondville Salle Léo-Paul Therrien 819-477-5412
ven. 03 mai. 2013 Gatineau Salle Odyssée 819-243-2525
sam. 04 mai. 2013 Gatineau Salle Odyssée 819-243-2525
mar. 07 mai. 2013 Trois-Rivières Salle J.-Antonio-Thompson 819-380-9797
mer. 08 mai. 2013 L'Assomption Théâtre Hector-Charland 450-589-9198 #5
ven. 10 mai. 2013 Ste-Geneviève Salle Pauline-Julien 514-626-1616
sam. 11 mai. 2013 Terrebonne Théâtre du Vieux-Terrebonne 450-492-4777
mar. 14 mai. 2013 Rouyn-Noranda Théâtre du Cuivre 819-797-7133
mer. 15 mai. 2013 Val-d'Or Théâtre Télébec 819-824-2666
ven. 17 mai. 2013 Laval Salle André-Mathieu 450-667-2040
sam. 18 mai. 2013 Salaberry-de-Valleyfield Salle Albert-Dumouchel 450-373-5794

Une production - Duceppe


Salle Albert-Rousseau
2410, chemin Ste-Foy
Billetterie : 418-659-6710 - 1-877-659-6710

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Dates antérieures (entre autres)

DUCEPPE - Du 20 février au 30 mars 2013, 20h

 
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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas


Crédit photo : François Brunelle

Michel Marc Bouchard s’avère être probablement cette année l’un des créateurs québécois les plus choyés et les plus chouchoutés. Après une nouvelle création (Christine, la reine-garçon, TNM) qui a reçu les éloges dithyrambiques de la presse et du public, son œuvre la plus reconnue, Les Muses orphelines, connaît ces jours-ci sa 120e production. Si la relecture de Martine Beaulne déçoit un peu,  elle comporte tout de même plusieurs atouts sensibles et émouvants dans sa manche.

Écrite à la fin des années 1980, la pièce demeure certainement l’une des plus fortes, des plus sombres et des plus évocatrices de l’auteur des Feluettes et du Voyage du couronnement. Elle reprend avec une virtuosité aussi aiguisée qu’un scalpel les obsessions sur la famille dysfonctionnelle, les tabous conservateurs, les identités sexuelles marginales et les tragiques secrets enfermés comme dans un coffre verrouillé à double tour qui finiront par éclater au grand jour. Rarement son talent n’a brillé avec autant de ferveur. Le cinéaste Robert Favreau a même brillamment transposé au grand écran cet univers d’écorchés aux débuts des années 2000 avec, notamment, une remarquable composition de Fanny Mallette.

Pendant une heure quarante, l’action se déroule dans le Québec étouffant des années 1960, plus précisément au fond d’un rang du village de Saint-Ludger-de-Milot, situé au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les quatre enfants de la famille Tanguay se retrouvent réunis grâce à des subterfuges de la plus jeune sœur, Isabelle, souffrant de déficience intellectuelle. Les vérités et les mensonges se succèdent dans cet affront avec les envahissants fantômes du passé dont cette mère disparue mystérieusement.

Dès les premières minutes de la représentation, le climat d’enfermement et d’opposé est exposé avec une certaine sensibilité par la metteure en scène. Les couleurs sobres du décor donnent l’impression de se retrouver dans un passé lointain, comme dans les photographies d’un album aux pages jaunies par les années. Dans cette atmosphère fébrile aux confidences, les acteurs prennent un peu de temps à s’imposer dans l’espace et dans les intrigues construites comme un suspense. Par la suite, ils s’harmonisent assez habilement avec la parole dure, vertigineuse et tranchante du dramaturge.


Crédit photo : François Brunelle

Dans les années 1990, Martine Beaulne avait proposé une relecture magistrale d’Albertine en cinq temps de Michel Tremblay. À cette œuvre déjà remarquable d’intensité, elle lui conférait une inoubliable portée dramatique encore plus saisissante. Pour avoir eu la chance de voir cette production, la barre était haute pour cette autre exploration d’un classique contemporain de la dramaturgie québécoise. Malgré le travail certes rigoureux de la metteure en scène, le résultat scénique aurait été mieux servi par une vision plus organique et plus foudroyante de la partition ; il manque un peu d’éclat et d’étincelles à cette version des Muses orphelines pour soutenir le verbe rebelle et farouche de Bouchard. On se sent parfois comme dans un cocon, loin du bruit, de la tension et de la rage qui imbibe le texte.

Le soir de la première médiatique, les interprètes semblaient éprouver une certaine nervosité, surtout au tout début de la représentation. Débitées sur un ton très rapide, certaines répliques manquaient de projection et de clarté. Heureusement, les quatre personnages sont tous campés avec une vibrante émotion. Par contre, la douée Léane Labrèche-Dor se détache légèrement de ses partenaires de jeu par sa justesse foudroyante et sa parfaite élocution dans un rôle complexe. Elle évite le pathos et la caricature pour conférer une dimension troublante et profondément attendrissante à son Isabelle. En lesbienne militaire, Natalie Mallette se révèle étonnante de sobriété et de rage contenue. La sœur aînée campée par Macha Limonchik exprime tout en nuance la sécheresse qui peu à peu craquèle devant les tragédies familiales remontant à la surface. Avec les vieilles robes de sa mère qu’il porte comme une seconde peau, Maxime Denommée est également saisissant de vérité dans les errances de ce frère paumé et fantasque, plus complexe et renfermé que le traditionnel homme travesti.

«La culture, (…) c’est  l’ensemble de toutes les formes (…) qui ont été plus fortes que la mort parce que la seule puissance égale aux puissances de la nuit, c’est la puissance inconnue et mystérieuse de l’immortalité», disait l’écrivain et politicien français André Malraux. Emblématique de notre peuple, la cellule familiale s’est entre-déchirée, confrontée et a expurgé ses démons dans d’innombrables morceaux de notre dramaturgie nationale. Une pièce comme Les muses orphelines transcendent ainsi les modes, les courants et les idéologies. Surtout avec une finale saisissante conçue par les concepteurs de cette production comme un chant de délivrance qui laisse percevoir une lueur d’espoir pour des êtres en quête d’humanité.

24-02-2013