par David Lefebvre
Combien de fois a-t-on vu le théâtre être source d’inspiration pour le scénario d’un long métrage? De Dial M for Murder d’Hitchcock (pièce de Frederick Knott) au très récent Prénom d’Alexandre de La Patellière et Mathieu Delaporte, mettant en vedette Patrick Bruel autant dans la pièce que dans le film, en passant par les innombrables adaptations des textes de Shakespeare (dont les plus réussies appartiennent à Kenneth Brannagh), le théâtre brille de tous ses feux dans les salles obscures du monde entier, et ce, depuis toujours. Mais ce sont généralement les mots des auteurs qui se rendent jusqu’aux yeux des spectateurs, et non le théâtre en tant que tel. Quand il s’invite comme art à part entière sur les écrans géants, ou même sur les petits, on se doit de le mentionner.
Mort subite d’un homme-théâtre
Le film Mort subite d’un homme-théâtre, sorti en salle en mars 2012, est maintenant disponible en format DVD. Ce documentaire fascinant sur Robert Gravel, figure emblématique du théâtre québécois, est un délice à regarder. Dans cet essai, commencé en 1996 puis terminé plusieurs années après la mort de Gravel, le documentariste Jean-Claude Coulbois s’approche du travail et du personnage de Gravel grâce à des interviews avec de nombreux amis et collègues et des images inédites de pièces et de réunions. Il est fantastique de découvrir la force brute de cet homme de théâtre, disparu beaucoup trop tôt, ainsi que sa volonté extraordinaire de marquer et d’ébranler le théâtre conventionnel d’ici, enlisé, désuet. Un document à voir et revoir.
Bande-annonce
Molière à bicyclette
Molière à bicyclette (de son titre français Alceste à bicyclette), le plus récent film du scénariste et réalisateur Philippe Le Guay (Les femmes du 6e étage), prendra l’affiche au Québec le 3 mai prochain. Réunissant deux acteurs de génie (dans leur style respectif) Fabrice Luchini et Lambert Wilson, cette comédie raconte l’histoire de Gauthier Valence (Wilson), acteur de cinéma et de télévision bien en vue et adulé, qui décide de monter Le misanthrope de Molière. Pour ce faire, il se dirige, sans n’en parler à personne, à l’Île de Ré, pour y dénicher une vieille connaissance des planches, Serge Tanneur (Luchini), ermite après avoir coupé tous les ponts avec le métier, et ce, au sommet de sa gloire. Valence espère sortir de son mutisme professionnel cet homme dont il estime grandement le talent. Tanneur se laisse lentement charmer par l’idée, adorant cette pièce de Poquelin et se retrouvant dans celle-ci ; de plus, les deux hommes s’échangeront à tour de rôle le personnage d’Alceste, un joli défi. Entre les promenades à vélo au bord de l’océan et les visites de maisons – Valence, appréciant l’endroit, voudrait bien s’y installer – les deux hommes tomberont sur une jolie Italienne (Maya Sansa) venue se réfugier sur l’île après un divorce. Mais quelles sont les réelles intentions de Valence? Est-ce que Tanneur veut réellement monter cette pièce avec son vieil ami ?
Les critiques sont pour le moment excellentes.
« …deux virtuoses des dialogues brillants dont ils se régalent, parfois jusqu’à l’ivresse. » (Jean-Philippe Guerand, Première).
« Un film jubilatoire qui nous parle de l’amour des mots, du texte et de la transmission. » (Arno Gaillanrd, Pariscope).
« C’est drôle, intelligent, profond et léger à la fois, mais surtout jamais figé dans une théâtralité qu’on peut redouter. Bien au contraire, le film libre comme le vent marin, chantant comme la ritournelle d’Yves Montand, s’amuse des rivalités Luchini-Wilson, un concentré de talent porté par un impeccable tandem. » (Danielle Attali, Journal du dimanche)
« Philippe Le Guay signe une petite comédie réjouissante sur le métier d’acteur, l’amour et l’hypocrisie des hommes. » (Julien Welter, L’Express)
Bande-annonce