Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
And So You See… Our Honorable Blue Sky and Ever Enduring Sun… Can Only Be Consumed Slice by Slice…
FTA 2018
DANSE
2, 3 et 4 juin 2018, 19h
En anglais

Exubérant, baroque et jouissif, And So You See… envoûte et décape. Une purge par la joie où l’Afrique réinvente son rapport à l’Occident.

C’est l’histoire d’un corps affranchi, sensuel, vorace. Un corps tenté par le péché. Exhibant sa chair voluptueuse dans une cérémonie païenne accomplie sur le Requiem de Mozart, le jeune danseur et guérisseur sud-africain Albert Khoza, d’un charisme exubérant, se révèle le digne fils spirituel de la chorégraphe Robyn Orlin. Ensemble, ils brisent tabous, préjugés et frontières autour d’une humanité décomplexée.

Danses guerrières, orgies, bondage, boogie avec un GIF de Vladimir Poutine et autres parades s’enchaînent dans ce solo hors-normes, relecture éloignée des sept péchés capitaux. Khoza devient diva, dictateur et jouisseur. Dans sa chrysalide de cellophane, dos au public ou sur écran, il inverse les rapports de force colonialistes et se fait passeur entre les traditions ancestrales et l’espoir d’une modernité. Outrancière, solaire, décapante, la pièce s’approprie une culture classique pour revendiquer des identités plurielles. Une purge par la joie où l’Afrique réinvente son rapport à l’Occident.


Un spectacle de Robyn Orlin
Interprétation Albert Silindokuhle Ibokwe Khoza


Crédits supplémentaires et autres informations

Costumes Marianne Fassler
Lumières Laïs Foulc
Régie générale Thabo Pule
Administration et production Damien Valette
Assistance et coordination Marion Paul
Rédaction Elsa Pépin
Traduction Neil Kroetsch
Photo R Orlin

Durée 1h10

Rencontre après la représentation du 3 juin

Création à Montpellier Danse, le 30 juin 2016

TERRAIN DE JEU

Classe de maître

Albert Khoza

4 et 6 juin, endroit à déterminer

Albert Khoza (Johannesburg)

Le Sud-Africain Albert Khoza combine les différents moyens d’expression artistiques à des savoirs traditionnels. Chaman et guérisseur, il communique avec les ancêtres et utilise la danse pour invoquer les esprits. Dans cet atelier pratique, il initie et conscientise les participants à son singulier processus créatif, attentif aux maux de la société et à l’environnement pour faire de la danse un rituel sacré.

En anglais

Un spectacle de Robyn Orlin / City Theater & Dance Group
Coproduction Damien Valette Prod (Paris), Festival Montpellier Danse, Festival d’Automne à Paris, Kinneksbond – Centre Culturel Mamer, Centre Dramatique National de Haute-Normandie–Rouen, La Ferme du Buisson – Scène nationale de Marne-la-Vallée
Remerciements à Philippe Lainé, Léopard Frock


______________________________________
Critique disponible
            
Critique

Crédit photo : R. Orlin

And so you see... our honourable blue sky and ever enduring sun... can only be consumed slice by slice..., voilà le long titre de la plus récente création de la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin, création qu’elle a déjà présentée comme « un requiem pour l’humanité ». Or, malgré son propos pertinent parfaitement ancré dans l’air du temps, il manquait un élément majeur à la production : la danse. C'est dommage, car Orlin bénéficie d’un interprète au potentiel prometteur, originaire du même pays, Albert Ibokwee Khoza.   

Au Théâtre Rouge du Conservatoire, avant le début de la représentation, trône au centre de la scène un des éléments du décor qui ressemble à une robe-spectacle comme celles de certains concerts de Diane Dufresne. L’effet d’illusion est réussi, car derrière un drap surgit peu après le danseur vêtu d’un simple sous-vêtement et recouvert d’une pellicule en plastique partout sur son corps imposant (qu’il enlèvera par la suite avec des ciseaux). Une caméra filme le protagoniste à tout instant jusqu’à la fin, lui donnant ainsi la position de voyeur. Une partie du Requiem de Mozart, se fait entendre, le tant apprécié Lacrimosa dont il a composé seulement les premières mesures avant sa mort. Ce choix musical demeure judicieux, car il traduit toute la souffrance du danseur noir homosexuel aux bourrelets bien assumés qui tente de combattre l’injustice, l’intolérance et les préjugés.  

En opposition à la douleur qu’il cherche à camoufler principalement durant sa première moitié avec sa voix criarde, ses éclats de rire, son sens affirmé de l’autodérision dans le style du stand-up comique, l’artiste se permet de nombreuses extravagances, comme autant d’interdits et tabous à briser. Il rigole en mangeant gloutonnement des oranges qu’il tranche avec un couteau et avec lesquelles il s’asperge du jus. Entre deux morceaux, il prend le temps de lécher langoureusement le couteau, couteau qu’il ose même glisser à l’intérieur de sa gorge comme pour simuler une fellation. La production pousse à fond les codes de l’individualisme et du narcissisme lorsque Khoza exige d’allumer les lumières de la salle (le public se voit comme dans une sorte de miroir à ce moment-là, renversant ainsi les rôles traditionnels entre la salle et la scène). Celui-ci demande la participation de deux personnes à qui il donne les surnoms de Trump et Poutine (deux des politiciens les plus opposés aux droits des gais en ce moment) et leur demande de le laver. Ce moment où l’artiste marginalisé au quotidien joue au tyran demeure un tantinet cocasse. Plus tard, l’interprète glisse des bagues à chacun de ses doigts, tout en continuant de prendre l’attitude d’une diva. Jusqu’alors plutôt anecdotique par son traitement démonstratif et par la présence de certains passages qui s’éloignent de la progression dramatique, la performance devient un peu plus intéressante lorsque Khozak se prépare à un rendez-vous amoureux. L’heureux élu apparaît sur écran. Il s’agit une fois de plus de Vladimir Poutine, ici à l’allure d’un ersatz de James Bond. La « confrontation » apporte à l’ensemble enfin une dimension, aussi brève soit-elle, politique sur un être qui tente de se définir, mais aussi de s’affranchir des modèles sociaux dominants.

Le meilleur arrive juste avant le dénouement, alors que l’artiste s’enduit le corps de gouache bleue et lance a capella un chant douloureux dans la lignée de Nina Simone dont il a déclaré plus tôt son admiration. L’art émerge enfin dans toute sa beauté et sa violence sans autre artifice.

D’autres séquences aussi évocatrices et de véritables mouvements chorégraphiques auraient donné beaucoup plus de force et de rébellion à cette expérience inusitée. Car And so you see… provoque et ne laisse pas indifférent.

03-06-2018
 

FTAThéâtre Rouge du Conservatoire
4750, avenue Henri-Julien
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts et au Monument-National sont exclusivement en vente à la PDA ou au Monument-National.