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29, 30 et 31 mai - 1er juin
Usine C
Polonais : 2h40 Surtitres F & A
Retardataires non admis
Coproduction : Wroclawski Teatr Wspolczesny (Wroclaw) / Teatr Rozmaitosci (Varsovie) / Teatr Polski (Poznan) et Hebbel-Theater (Berlin) / THEOREM / Commission EuropéenneThéâtre cru et cruel
Sarah Kane s’est suicidée à l’âge de vingt-huit ans, laissant derrière elle une oeuvre radicale et extrême, d’une rare violence, une oeuvre qui désigne l’horreur, lacère nos dernières illusions et dont l’écho brutal retentit sur toutes les scènes du monde. Le metteur en scène Krzysztof Warlikowski est le frère de sang de cette tendre écorchée de Londres. Grand lecteur de Dostoïevski, il va au vif des sujets, propose un théâtre capable tout de front d’insoutenables douceurs et de fascinantes violences, et fait de Purifiés un véritable chemin de croix avec châtiment, rédemption et purification à l’issue du parcours. Lucide, honnête, courageux, lui et ses acteurs, incarnations vives de vérité et de générosité, nous entraînent loin, très loin, vers le coeur vibrant des choses. Embarquement immédiat pour un voyage au bout de la nuit.
DESarah Kane MISE EN SCÈNEKrzysztof Warlikowski TRADUCTION EN POLONAISKrzysztof Warlikowski, Jacek Poniedzialek SCÉNOGRAPHIEMalgorzata Szczesniak MUSIQUEPawel Mykietyn CHANTRenate Jett LUMIÈRESFelice Ross (conception des éclairages)
Jan Slawkowski (régie des éclairages) ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNEIvo Vedral DISTRIBUTIONMariusz Bonaszewski
Malgorzata Hajewska-Krzysztofik
Redbad Klyntra
Stanislawa Celinska
Jacek Poniendzialek
Thomas Schweiberer
Tomasz Tyndyk
Renate Jett
Fabien Wlodarek (musicien).
La légende Sarah Kane
« J’écris la vérité et cela me tue »Sarah Kane (1971-1999), qui s’est enlevé la vie à 28 ans, a laissé une oeuvre radicale et extrême, cinq pièces traversées par le même langage du théâtre de la cruauté : Blasted (Anéantis), 4.48 Psychose, Cleansed (Purifiés), Phaedra’s Love (l’Amour de Phèdre), Crave ( Manque, littéralement demander le pardon). La force de ses textes et les déchirements de ses personnages, au sens propre comme au figuré, ont révolutionné rapidement le théâtre anglais contemporain. Traduites et jouées à travers l’Europe mais peu connues en Amérique du Nord, ses pièces touchent à l’inconscient, au pulsionnel, parlent d’un monde en dépression et des êtres humains qui s’y débattent. Et d’amour. Le théâtre de Sarah Kane ne parle que de ça.
Krzysztof Warlikowski
« J’ai en quelque sorte intériorisé Sarah Kane. Sa violence est devenue ma violence. Une violence (...) qui naît de la peur de la vie. »
Avec Cleansed, Krzysztof Warlikowski « métaphorise » l’excès et transpose la brutalité et l’atroce, sans en faire l’apologie, dans une forme théâtrale admirablement maîtrisée qui résulte d’une symbiose entre les différentes composantes du langage scénique et du jeu sans compromis des comédiens. Sans tricher, sans se complaire, il fait siennes les peurs obsessionnelles de l’auteure par une mise en actes de la matière même dont le théâtre est fait : l’humain. Krzysztof Warlikowski fait partie de cette nouvelle génération d’artistes parvenue à « faire sortir la Pologne du théâtre classique et de l’Histoire, pour la faire entrer dans le monde réel. » À peine âgé de 40 ans, il a étudié l’histoire du théâtre à Paris puis la mise en scène à Cracovie où il a signé ses premiers spectacles. Il a assisté les grands noms de la scène européenne : Krystian Lupa, Peter Brook et Georgio Strehler, avant de mettre en scène Shakespeare, Sophocle, Kafka, Koltès, Gombrowicz. Warlikowski a travaillé dans de nombreuses villes polonaises et depuis quelques années, sillonne l’Europe entière, présent au théâtre comme à l’opéra.
Photo Purifiés1 : Anna Los
Photos Purifiés2-3-4 : Stefan Okolowicz
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par David Lefebvre
C'est à l'Usine C, dans un décor d'un gymnase, que nous sommes conviés à assister à l'une des cinq pièces du répertoire de l'auteure Sarah Kane, Purifiés.
Plusieurs personnages évoluent sous nos yeux : un supposé docteur qui a le béguin pour une prostituée obèse, une fille (qui ne veut plus l'être) qui avait une relation avec son frère, un jeune illuminé, amoureux qui est amoureux de celle-ci, deux homosexuels, dont un subira des tortures incroyables, une patiente qui nous parle et qui chante... Bref, cette pièce, qui semble se passer dans un hôpital psychiatrique, a un fil conducteur : l'amour. Sous toutes ses formes: l'amour fraternel, incestueux, impossible, naïf, destructeur, pervers, amour de la douleur... Sarah Kane devait sûrement souffrir atrocement dans son âme pour avoir réussi à écrire ses pièces. Je ne suis pas familier avec son travail, alors ce fut une découverte. Et on voit rapidement, sans nécessairement comprendre, l'univers de Sarah Kane. Son écriture est sans merci, quasi sans espoir sauf ici par une reconstruction de soi-même. Une violence inouïe en ressort, et nous happe de plein fouet. Plusieurs images fortes et certains moments de silence parviennent à nous déstabiliser. Le jeu des acteurs est fabuleux, jouant jusqu'au bout et dangereusement, toujours sur une corde raide. Les petites scènes entre les personnages se succèdent, et nous en apprennent de plus en plus sur chacun d'eux. Krzysztof Warlikowski a fait de cette pièce une vraie tragédie moderne, se rapprochant de la conception du théâtre grec à certains niveaux.
Dans cette pièce, on va au-delà de la mort, de la douleur, de l'amour. On va directement dans l'inconscient humain, et dans son point le plus viscéral. Deux heures quarante minutes de douleur, de pulsions, d'écorchures mentales. Sans avoir tout compris quand même de la pièce, et du texte, qui est construit de petites phrases qui semblent souvent ne pas faire un dialogue parfait, chaque mot touche sa cible, même si c'est en polonais. À voir, pour avoir la chance d'assister à un genre de théâtre auquel nous ne sommes pas habitués.