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Tous des oiseaux
CARREFOUR 2019
Paris
Théâtre
3 juin 2019, 19h
En allemand, anglais, arabe et hébreu, avec surtitres français

Tout commence dans une bibliothèque new-yorkaise. Eitan, jeune universitaire juif allemand d’ascendance israélienne, tombe amoureux de Wahida, Américaine aux origines arabes palestiniennes et musulmanes. Elle prépare une thèse portant sur la question de l’attachement aux identités perdues. Lui, chercheur en génétique, ne jure que par l’ADN et assure que l’identité d’une personne est simple : « 46 chromosomes », rien de plus.

Ils partent ensemble au Moyen-Orient.  À Jérusalem, les bombes et bientôt les secrets éclatent, bouleversant la trajectoire du couple. La famille d’Eitan, venue spécialement de Berlin, apprend l’existence de Wahida, ce qui déclenche un drame où la violence des attentats se mêle à la colère paternelle et aux histoires familiales les plus intimes.

Les êtres et les identités s’affrontent ici dans leur vérité brute. Chacun défend passionnément ses certitudes dans sa propre langue, hébreu, allemand, arabe, anglais. Et c’est un humour improbable et irrésistible qui fait respirer cette partition dense, haletante et magnifique. Un retour aux sources et au souffle de Incendies et du cycle Le Sang des Promesses ; une somptueuse tragédie, signée Wajdi Mouawad.


Texte et mise en scène Wajdi Mouawad
Interprétation Jalal Altawil, Jérémie Galiana, Nelly Lawson, Victor de Oliveira, Leora Rivlin, Judith Rosmair, Darya Sheizaf, Rafael Tabor, Raphael Weinstock


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Valérie Nègre
Dramaturgie Charlotte Farcet
Conseil artistique François Ismert
Conseil historique Natalie Zemon Davis
Musique originale Eleni Karaindrou
Scénographie Emmanuel Clolus
Lumières Éric Champoux
Son Michel Maurer
Costumes Emmanuelle Thomas
Maquillages et coiffures Cécile Kretschmar
Traduction Uli Menke (allemand), Linda Gaboriau (anglais), Jalal Altawil (arabe), Eli Bijaoui (hébreu)
Assistance aux costumes Isabelle Flosi
Suivi du texte Audrey Mikondo
Préparation et régie des surtitres Uli Menke
Régie Stefan McKenzie Main, Frédéric Gourdin
Régie de scène Christian Ménauge
Régie son Sylvère Caton
Régie vidéo Igor Minosa, Ludovic Rivalan
Régie lumières Gilles Thomain
Technicien lumières Olivier Mage
Machinerie Yann Leguern, Harry Toi, Franck Bozzolo
Habillage Isabelle Flosi
Accessoires Isabelle Imbert
Construction du décor atelier de La Colline – théâtre national
Photo Simon Gosselin

Pour tous les tarifs, voir la page d'accueil

Durée 4h

Sera aussi présenté au Festival TransAmériques les 22, 23 et 27 mai 2019, 19h, 25 et 26 mai 14h

Un spectacle de La Colline – théâtre national

Tous les textes et les informations proviennent du site carrefourtheatre.qc.ca


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Critique disponible
            
Critique

Eitan aime Wahida, qui l’aime en retour. L’un est chercheur, l’autre poursuit sa thèse sur une figure oubliée de l’histoire. Ils se sont rencontrés dans une bibliothèque universitaire de New York par une série de hasards extraordinaires… ou par coïncidence. Ce pourrait être une simple histoire d’amour entre un homme et une femme, mais il est juif et elle est arabe. Leur amour doit affronter une tornade de vents contraires semés par des siècles de conflits.




Crédit photos : Simon Gosselin

Le metteur en scène et auteur Wajdi Mouawad poursuit avec Tous des oiseaux son exploration du thème de l’identité et des origines. Qu’est-ce, au fond, qui fait qu’on est juif ou arabe, qu’on appartient à cette famille plutôt qu’à une autre, qu’on se tient d’un bord du mur et non de l’autre? Après tout, on est tous formés des 46 mêmes chromosomes…

Le texte de Tous des oiseaux est un rouleau compresseur implacable qui fait constamment monter la pression.

Le texte de Tous des oiseaux est un rouleau compresseur implacable qui fait constamment monter la pression. Avec ses personnages, les jeunes amoureux, mais aussi les parents et grands-parents d’Eitan, Mouawad questionne cette quête identitaire permanente et les façons dont l’Histoire, avec ses conflits, peut marquer les individus jusqu’au cœur de leur être sur plusieurs générations. Il faut dire que la culpabilité du survivant et le poids de la souffrance des ancêtres pèsent lourd dans l’identité juive. Qu’Eitan et Wahida le veuillent ou non, leur identité est en partie (mais quelle partie?) définie par le chemin parcouru par eux et par ceux qui les ont précédés, comme ils seront forcés de s’en rendre compte.

La mise en scène de Mouawad laisse respirer le texte et les personnages en les plaçant dans un lieu dégagé de presque tout mobilier (une scénographie épurée signée Emmanuel Clolus) et que la lumière vient découper. De grands panneaux rappellent les murs séparant les peuples israélien et palestinien, et malheureusement beaucoup d’autres dans le monde. Massifs, ces murs agrandissent pourtant l’espace plutôt qu’ils ne l’écrasent, reconfigurant le plateau au gré de leurs déplacements, sans entraver le rythme de l’intrigue. Des projections et une ambiance sonore tantôt discrète, tantôt assourdissante, s’assurent de situer les lieux où se déroulent les événements.

Jonglant avec une partition précise, qui se présente en plusieurs langues (anglais, arabe, allemand et hébreu), la distribution polyglotte porte en elle les malheurs, les chagrins et les mensonges des personnages avec une intériorité qui glisse peu à peu vers le débordement… jusqu’à l’éclatement. La force contenue avec laquelle les interprètes entament la pièce se déploie à mesure que les couches de mensonges, à soi et aux autres, se dispersent. Les jeunes Jérémie Galiana (Eitan) et Nelly Lawson (Wahida) brandissent l’amour de leurs personnages comme un étendard qui les protégerait de l’Histoire. Ils sont nos guides dans la tourmente qui les emporte et font de ces plus de 3h30 de spectacle un véritable feuilleton, malgré le rythme posé et les longs silences de la mise en scène. L’interprétation, d’abord pétaradante de l’énergie propre à la jeunesse, puis de plus en plus à vif de Galiana, offre quelques-uns des moments les plus touchants de la pièce. Dans le rôle de la grand-mère haïssable, mais irrésistible, Leora Rivlin permet de relâcher un peu de tension par le rire.

Loin du spectacle à grand déploiement, Tous des oiseaux s’inscrit à la fois dans l’intimité d’une famille qui se définit par son héritage juif et dans les intrications politiques, sociales et historiques d’un conflit complexe qui perdure. Fidèle à son style, Mouawad aborde des enjeux troublants, dont les frontières entre bien, mal, bons et méchants sont difficiles à cerner. Il le fait en nous ramenant à l’essentiel : l’humain. Au travers des épreuves traversées par Eitan et Wahida, l’auteur laisse habilement les spectateurs juger des actions, décisions et propos des personnages sans lui-même porter de jugement. Un texte d’une grande portée qui pose des questions essentielles sur les notions d’héritage, de pardon et de filiation.

(texte publié lors du passage de la pièce au FTA 2019) 23-05-2019
CarrefourGrand Théâtre de Québec, salle Louis-Fréchette
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