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Le dire de Di
CARREFOUR 2019
Montréal
Théâtre
30 et 31 mai 2019, 19h
En français

Le dire de Di transporte dans un ailleurs imaginaire, à la fois intemporel et actuel, quelque part au Nord de l’Ontario. Reconnu comme l’un des dramaturges francophones les plus importants de cette province et du Canada, Michel Ouellette y lève le voile sur l’univers boréal et les pensées intimes de Diane, dite « Di », une adolescente solitaire à l’esprit indompté dont la famille atypique est menacée d’expulsion par l’arrivée d’exploitants miniers qui convoitent sa terre.

Attachée à ses souvenirs surannés, à sa cellule familiale et à la nature sauvage qui l’entoure, Di, au sortir de l’enfance, s’éprend candidement de Peggy Bellatus, la représentante de la compagnie chargée de négocier les modalités de leur départ. Au son des machines qui charcutent déjà le sol de la forêt, son amour grandit mais son monde se disloque et s’écroule, exhalant dans sa chute des non-dits douloureux, des secrets enfouis.

Lumineuse, Marie-Ève Fontaine exprime de tout son corps la langue imagée et fulgurante de Ouellette. Seule en scène, elle dessine de sa parole et de sa chair ce récit sinueux et fragmenté dont la ferveur rappelle avec éloquence la grande vitalité de la culture francophone canadienne et dont les thèmes évoquent certains des plus vifs enjeux politiques et écologiques actuels du pays.

À la fois conte surréaliste, fable environnementale et métaphore des splendeurs fragiles de la nature, Le dire de Di fait de la langue française sa pierre angulaire et pose un regard bouleversant sur un monde vulnérable où la parole et la mémoire, inextricablement liées, semblent être les derniers refuges.


Texte Michel Ouellette
Mise en scène Joël Beddows
Avec Marie-Ève Fontaine


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Jean-Nicolas Masson
Avec Marie-Ève Fontaine
Conception gestuelle Marie-Josée Chartier
Environnement sonore Thomas Sinou
Scénographie Michael Spence
Éclairages Guillaume Houët
Direction de production et régie Natalie Gisèle
Direction de tournée Kyle Ahluwalia
Photo Marc LeMyre

Pour tous les tarifs, voir la page d'accueil

Durée 1h30

Rencontre après la représentation du 30 mai

Production Théâtre la Catapulte et Théâtre français de Toronto

Tous les textes et les informations proviennent du site carrefourtheatre.qc.ca


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Critique disponible
            
Critique



Crédit photos : Marc Lemyre

Après avoir été présenté à Ottawa et à Toronto, Le dire de Di, écrit par Michel Ouellet et mis en scène par Joël Beddows, prend l’affiche au Théâtre Prospero. Ce one woman show porté par Marie-Ève Fontaine transporte le spectateur dans un univers poétique à la fois dur et magnifique.

Malgré ce qu’elle laisse paraître, l’équilibre de Di est fragile. Du haut de ses seize ans, bientôt dix-sept, elle se plaît à la campagne, dans la maison familiale dans laquelle elle a grandi. Elle semble comblée par l’amour de son père Paclay, de sa mère Makati et du second mari de sa mère Mario, décidée à passer le reste de sa vie à parler aux oiseaux et à laisser aller son imagination. Mais son monde s’écroule lorsqu’elle rencontre Peggy Bellatus, une représentante de compagnie minière tout aussi dangereuse que séduisante. Marie-Ève Fontaine rend compte de la complexité du trouble qui envahit Di, du fait de ressentir un désir aussi viscéral pour celle qui provoquera l’effondrement de sa famille. Ce sentiment paradoxal d’amour-haine est au cœur du « grand malheur » qui hante l’esprit de Di.

Di porte en elle la révolte de l’enfant-sauvage tout autant qu’une extrême-lucidité insoutenable. La pièce se situe à la frontière du rite initiatique et du conte poétique.

Dès les premières minutes de la pièce, quelque chose cloche avec Di. La spontanéité et la pureté de son amour pour Peggy ? Son incapacité à dire ? Sa relation fusionnelle avec sa mère ? La femme ne semble pourtant pas consciente de sa différence ou de l’espace artificiellement réconfortant qu’elle s’est construit en vivant isolée du reste du monde avec sa famille. Dans une des plus belles scènes de la pièce, Di trouve un œuf de rouge-gorge abandonné et décide de le couver en le glissant dans son ventre. Malgré toute l’étrangeté de ce comportement, une grande tendresse se dégage de ce geste porteur d’espoir.

Di porte en elle la révolte de l’enfant-sauvage tout autant qu’une extrême-lucidité insoutenable. La piècese situe à la frontière du rite initiatique et du conte poétique. Une logorrhée prend possession du corps de Di alors que Marie-Ève Fontaine incarne tous les personnages de l’histoire. La langue de Michel Ouellet se transforme au gré des personnages qu’elle évoque. Remplie de redites, de reformulations et d’allitérations dans la bouche de la jeune femme, elle devient plus maîtrisée dans celle de Peggy ou dans celle de Makati.

Par ailleurs, la synergie qui ressort de l’équipe de concepteurs contribue grandement à la beauté du spectacle et à la force du dire de la jeune femme. La musique expressive de Thomas Sinou et les lumières de Guillaume Houët reflètent aussi bien la détresse de Di autant que les pulsions qui la traversent. Le décor de Michael Spence composé de plusieurs cadres enchâssés fait échos au récit décousu et fragmenté de Di ainsi qu’à l’équilibre précaire de l’univers de la jeune femme. À travers le récit intime de Di, Michel Ouellet aborde des questions au cœur de l’actualité, comme la dépossession du territoire, l’exploitation de ressources naturelles et le faible poids de l’environnement lorsque celui-ci est confronté à l’économie. Si Le dire de Di contribue à  consolider la force de la voix de Ouellet dans le paysage théâtral contemporain, la pièce permet surtout de mettre en lumière la polyvalence et la profondeur du jeu d’une actrice encore très peu connue du public québécois. 

26-10-2018
CarrefourSalle Multi de la coopérative Méduse
591, rue de Saint-Vallier Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne

Dates antérieures (entre autres)

Du 23 octobre au 3 novembre 2018 - Théâtre Prospero