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GaneshGanesh versus the Third Reich
En anglais avec surtitres français
Un spectacle de Back to Back Theatre
Mise en scène, conception et scénographie Bruce Gladwin
Coauteurs Mark Deans, Marcia Ferguson, Bruce Gladwin, Nicki Holand, Simon Laherty, Sarah Mainwaring, Scott Price, Kate Sulan, Brian Tilley, David Woods
Avec Mark Deans, Simon Laherty, Scott Price, Luke Ryan, Brian Tilley

Sur scène, cinq artistes préparent un spectacle. Ils racontent le périple de Ganesh, dieu hindou à tête d’éléphant, parti récupérer en Allemagne nazie l’ancien signe de félicité recyclé en symbole de haine : le svastika. Créé en 2011, Ganesh Versus the Third Reich présente en alternance les scènes où évolue le personnage mythique et celles où l’on assiste au travail de création. Au fil des répétitions, les relations au sein du groupe se tendent, sous l’influence d’un metteur en scène dont l’autorité verse peu à peu dans la tyrannie.

Ganesh Versus the Third Reich amalgame avec aplomb des atmosphères opposées. La pièce plonge tantôt dans la fable, univers mystérieux d’une beauté envoûtante, que créent instantanément musique et décor, pour ensuite refaire surface dans le réalisme des répétitions et des questions crues qu’elles posent, où se mêlent humour et rapports de force.

Réflexion sur les préjugés et l’abus de pouvoir, tour à tour hilarante et bouleversante, la pièce est interprétée en majorité par des comédiens ayant un handicap intellectuel; leur talent et leur apparence de vulnérabilité confèrent au texte pertinence et profondeur inattendues. Le spectacle sonde également les limites entre fiction et réalité, par un éblouissant jeu de miroir d’une trame à l’autre.

La compagnie australienne Back to Back, depuis sa fondation en 1987, a vu son travail salué de nombreux prix; chacune de ses pièces, audacieuse, crée l’événement. Ganesh Versus the Third Reich, par son propos vaste et très riche et sa brillante cohérence, intrigue, déstabilise et séduit.


Section vidéo
une vidéo disponible


Lumières Andrew Livingston
Scénographie Mark Cuthbertson
Animation Rhian Hinkley
Musique Jóhann Jóhannsson
Masques Sam Jinks + Paul Smits
Costumes Shio Otani
Photo Jeff Busby
Photo Back to Back Theatre

Création au Malthouse Theatre, Melbourne, le 29 septembre 2011

Durée : 1h40

Tarif régulier : du 36$ à 46$
Foubrac : 26$
Accro : 30$
Béguin : 34$

En parallèle
Rencontre avec l'équipe de Ganesh Versus the Third Reich, jeudi 6 juin, 21h45 sur place

Back to Back Theatre est soutenu par le Gouvernement australien, par le Conseil de l'Australie, par son financement des arts et son service conseil, ainsi que par le gouvernement de Victoria, par Arts Victoria, et par la Ville du Grand Geelong. Les services d'assistance-emploi pour les personnes ayant un handicap sont financés par le gouvernement australien dans le cadre de Disability Employment Assistant Program. Le développement de Ganesh Versus the Third Reich a été soutenu par le Melbourne Festival, Malthouse Theatre, Keir Fondation, Sidney Myer Fonds, la ville de Melbourne et le National Theatre Studio (Londres).


CarrefourThéâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne

 
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 Critique
Critique

par Odré Simard


Crédit photo : Jeff Busby

Le Carrefour international de théâtre frappe fort avec cette prise surprenante qu'est la pièce Ganesh versus the Third Reich, de la compagnie australienne Back to Back Theatre. Un moment fort de vie, un moment d'art incomparable. La troupe remet en question le rapport entre réalité et fiction, nous faisant assister à un amalgame de scènes présentant, d'un côté, une fable sur le dieu Ganesh à la recherche de son symbole galvaudé par le régime nazi (le svastika devenant la croix gammée), et de l'autre, le groupe en répétition, en plein processus de création de cette même fable.

Le résultat est bouleversant, les acteurs atteints de déficience intellectuelle sont tellement investis par leur vérité qu'ils nous emmènent dans leur monde de façon drastique. Nous finissons par presque croire que nous sommes en Australie en train d'assister aux répétitions, les phrases semblant émerger soudainement et véritablement des acteurs, et non pas des personnages. La ligne est toujours mince, puisqu'ils se jouent eux-mêmes... en train de jouer.

Le résultat de cette aventure est d'une part parsemé de réflexion sur la liberté et sur les rapports de force, car rien n'est simple dans cette équipe colorée où l'on montre un personnage-metteur en scène dur et trop rigide dans sa recherche d'un idéal, et ce, au détriment des émotions des acteurs. Le parallèle entre le Dieu des obstacles Ganesh et les personnes avec un handicap est particulièrement touchant, ces derniers devant nécessairement emprunter une trajectoire parsemée d'embuches afin de cheminer dans la société. D'autre part, les tableaux de la fable sont d'une beauté envoûtante, tant du côté des décors constitués de maintes toiles de plastique, créant un univers onirique impressionnant, que celui de la musique, enivrante, de l'Islandais Johan Johansson.

Une pièce dense, qui nous fait rire franchement et qui tire des larmes, nous envoûte et nous confronte. Une pièce dont nous pourrions parler longuement, mais qui demande à être vue, vécue. Point à la ligne.

07-06-2013