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Carrefour - 30 mai 2012, 19h, 31 mai, 20h, 1er et 2 juin, 21h
El viento en un violin
Spectacle
En espagnol, surtitré en français
Texte et mise en scène Claudio Tolcachir
Avec Araceli Dvoskin, Inda Lavalle, Miriam Odorico, Claudio Tolcachir, Paula Ransenberg, Gonzalo Ruiz

Léna et Céleste désirent un enfant afin de sceller leur union. Elles jettent leur dévolu sur Dario que même son psychanalyste ne supporte plus. L’étudiant de 29 ans est empêtré dans une relation malsaine avec une mère dominatrice. Toute aussi névrosée que lui, cette grande bourgeoise mène la vie dure à ceux qui l’entourent, y compris sa bonne qui, de son côté, désapprouve le mode de vie de sa fille lesbienne.

Sur un même plateau encombré de meubles dépareillés, El viento en un violin (Le vent dans un violon) fait donc se croiser des êtres agités ou négatifs que tout sépare. Peu à peu, ces individus dissemblables vont reconstituer une famille non conventionnelle à l’écart des normes habituellement admises. Cette famille sera soudée non par des liens de sang, mais par l’amour que peuvent se vouer ceux et celles que la vie a bafoués, confondus ou trompés.

Après Le cas de la famille Coleman en 2011, Claudio Tolcachir revient au Carrefour avec un deuxième spectacle. Et El viento en in violin est une pièce toute aussi débordante de vie que la première. En fait, le metteur en scène argentin et directeur du Teatro Timbre 4 y poursuit son exploration des relations humaines en compagnie d’un noyau d’acteurs d’une intensité volcanique.

Caractérisée par la flamboyance de son jeu d’ensemble, ce collectif de Buenos-Aires réunit des acteurs qui travaillent sous la direction de Tolcachir depuis dix ans. Par le biais d’improvisations, ses comédiens l’aident à créer des personnages complexes, ambigus, en un mot, humains. À ce jour, il a mis en scène sept spectacles et écrit trois textes dramatiques, qui ont immédiatement connu un immense succès auprès du public. Ses mises en scène ont notamment circulé en Europe et en Amérique latine. Partout, Tolcachir étonne par l’indomptable pulsion de vie qui irrigue son théâtre.

« Le théâtre que j’essaie de faire, affirme Claudio Tolcachir, s’appuie principalement sur les acteurs. Pour moi, c’est cela la magie du théâtre : chaque acteur invente un espace singulier. […] Ce qui m’intéresse, c’est que le spectateur puisse compléter cet espace, se projeter à l’intérieur. Je ne veux pas lui donner un produit fini, mais lui laisser une place pour inscrire sa propre histoire. »

Installé au cœur de Boedo, un des quartiers typiques de Buenos Aires, Timbre 4 est une compagnie atypique. Depuis 1999, année de sa formation, la troupe réunit un groupe d’acteurs d’origines et de formations différentes. D’ailleurs, Timbre 4 vient de s’agrandir et réunit dorénavant sous un même toit une salle du circuit indépendant de la capitale argentine et une école de théâtre réputée.

Tout comme la création précédente montrée au Carrefour, El viento en un violin a suscité l’enthousiasme partout où elle a été présentée. Pourtant, ce n’est pas le caractère sombre des histoires racontées par Claudio Tolcachir qui attire, mais plutôt les situations très contemporaines, son rythme enlevé et la truculence de ses dialogues. Cette esthétique un brin mal léchée et cette écriture très concrète n’ont pas manqué d’obtenir l’adhésion des nombreux spectateurs.

Semblable au son déchirant de l’instrument à vent du titre, El viento en un violin est une comédie dramatique à l’humour grinçant. Tout en présentant un monde déjanté, son auteur ne renonce pas à l’espoir que celui-ci puisse être transformé et rendu plus humain. Qu’importe si « la vie n’a aucun sens », comme le hurle la mère de Dario, les personnages de Claudio Tolcachir nous invitent à croire qu’il est encore possible de lui en donner un.

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Assistance à la mise en scène Melisa Hermida – Gonzalo Córdoba Estévez
Scénographie Gonzalo Córdoba Estévez
Lumières Omar Possemato
Photo Andres de Gabriel

Entretien avec les artistes après la représentation
mercredi 30 mai

Tarif : 35$

Production Timbre 4 / Maxime Seugé, Jonathan Zak


CarrefourThéâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne

 
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 Critique
Critique

par Chloé Legault


Crédit photo : Magali Hirn

À l’occasion du 15e Carrefour international de théâtre, le Périscope reçoit la compagnie argentine Timbre 4, qui nous présente une création du metteur en scène Claudio Tolcachir (qui signe également le texte), El viento en un violin, que l’on pourrait traduire par« le vent dans un violon ». C’est la deuxième fois que le Carrefour accueille Tolcachir, qui nous avait offert La omisión de la familia Coleman l’année dernière, et parions que, cette année encore, son œuvre sera remarquée.

Amalgamant le comique au tragique, El viento en un violin, raconte l’histoire de quelques personnes peu conventionnelles. Il y a d’abord Léna et Céleste, un couple de lesbiennes qui désirent avoir un enfant plus que tout ; la stratégie qu’elles déploient pour y arriver est d’ailleurs tout à fait étonnante. Il y a aussi Dario, un homme de 29 ans apparemment sans avenir, et sa mère, Mécha, une bourgeoise despotique. C’est Dora, la mère de Céleste, qui unit tout ce beau monde, car elle travaille comme bonne chez Mécha. Un sixième personnage s’ajoute à eux, soit Santiago, le psy de Dario. L’action est donc campée dans un univers réaliste ; la pièce nous montre le côté grinçant de la vie, et ce, avec beaucoup d’humour.

Bien que ce soit en espagnol (surtitré en français), il est facile de se laisser emporter par le rythme exalté de ce spectacle, car les six comédiens jouent avec éloquence. Si l’on ne comprend pas toujours les mots qu’ils prononcent, on comprend très bien leur langage corporel expressif et très fluide. Il ne faut donc pas s’empêcher de voir El viento en un violin, simplement parce qu’il s’agit d’une pièce jouée dans une autre langue.

L’apprentissage du violon, comme celui de la vie, demande de la patience et de la persévérance. Le son peut s’avérer grinçant et désagréable, ou encore, doux et harmonieux, il en va de même pour les épreuves que l’on rencontre sur notre chemin. Parfois, un bon coup de vent suffit pour repartir à neuf!

30-05-2012