Du 24 mai au 11 juin 2011
12e Carrefour international de théâtre
CarrefourMise en vente des abonnements et ouverture de la billetterie : mercredi 20 avril à 10 h

Mise en vente des billets à l'unité :  lundi 2 mai

Le Carrefour international de théâtre produit à Québec chaque printemps un festival exaltant dans une ville unique. Le festival propose le meilleur de la création nationale et internationale et se veut un carrefour professionnel, un carrefour de découvertes, d’échanges et d’expression pour les artistes et le public.

Blogue du festival

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Voici un aperçu de ce qui vous attend cette année.

* les textes et les images proviennent du site www.carrefourtheatre.qc.ca

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Entre le 24 mai et le 11 juin, plusieurs événements prendront part au festival, dont des tables rondes, des conférences, des lectures et des entretiens avec les artistes.
Nous vous invitons à visiter le site du Carrefour pour avoir accès à ces événements

Programmation

El final de este estado de cosas, redux - Séville
Vidéo
24 mai à 20 h
Durée : 1 h 40
Salle Albert-Rousseau
Un spectacle de Compañía Israel Galván

...la suite + critique d'Odré Simard

Seul dans une arène ceinturée par une douzaine de musiciens et chanteurs, un ténébreux bailaor embrase les planches. Martelant le sol de son pas fougueux, exécutant les plus téméraires figures chorégraphiques avec une grâce toute magnétique, il symbolise l’ardeur andalouse dans ce qu’elle a de plus ensorcelant.

El flamenco, vibrant hommage à la culture traditionnelle gitane… D’abord, il y eut l’expression conjuguée de la danse (el baile), du chant (el cante), des claquements de mains (palmas) et de la guitare (el toque). Puis vint Israel Galván, et la danse flamenca fut propulsée d’un coup dans l’ère moderne.

Avec El final de este estado de cosas, redux, le danseur et chorégraphe sévillan renouvelle le genre avec l’audace de celui qui en maîtrise rigoureusement les techniques. Impétueux dans ses mouvements, sculptural dans ses immobilismes, Galván se tient constamment en équilibre entre le sublime et le grotesque, ne reculant devant aucun excès: le profil aiguisé, le corps tendu comme un arc, il se pare d’élans tauromachiques avec autant de ferveur qu’il se tord dans une gestuelle empruntée au butô japonais. Multipliant les références culturelles –la chorégraphie propose une lecture libre de l’Apocalypse selon saint Jean et son titre renvoie au film de Coppola, dans sa version 2001, Apocalypse Now Redux–, le spectacle relève résolument de l’œuvre d’art total.

Alors que le monde flambe et s’écroule autour de lui, Israel Galván danse comme si sa vie en dépendait, comme si par lui un terrible sort devait être conjuré, comme s’il cherchait, en dansant «au-dessus du risque», à annoncer l’imminente «fin de cet état de choses».

Un spectacle de Compañía Israel Galván

Chorégraphie et interprétation Israel Galván
Direction Artistique Pedro G. Romero - Máquina Ph
Mise en scène Txiki Berraondo
Chant Inés Bacán + Juan José Amador
Guitare Alfredo Lagos
Percussions José Carrasco
Danse Bobote
Violon Eloísa Cantón
Basse Marco Serrato (« Orthodox »)
Guitare Ricardo Jimenez (« Orthodox »)
Batterie Borja Díaz (« Orthodox »)
Percussions Antonio Moreno (« Proyecto Lorca »)
Saxophones Antonio Bocanegra (« Proyecto Lorca »)
Photo: Ana Palma

Production A Negro Producciones
Production en collaboration avec Agence andalouse pour le développement du flamenco - Junta de Andalucia + Union européenne

Présentation en collaboration avec Carrefour international de théâtre de Québec + Place des Arts

Création au Teatro de la Maestranza, Séville, en septembre 2008


critique par Odré Simard

C’est en danse et sous le signe de la virtuosité que s’ouvre en grand le 12e Carrefour international de théâtre de Québec. Israel Galván accumule les prix depuis sa jeunesse et sa renommée est maintenant internationale. Fils d’un couple de danseurs flamenco, il a dû tailler sa place dans cet univers espagnol terriblement rigoureux, sans pourtant dévier de sa propre vision des choses ; il a fait de sa discipline un univers qui transcende les limites d’un pays et qui touche l’humain. Le flamenco devient alors un langage étonnant pour s’expliquer la vie et tous les sujets semblent à la portée de ce fougueux danseur et chorégraphe. Il traite ici, dans El final de este estado de cosas, redux, de l’apocalypse selon Saint-Jean, où divers versets se transforment sur scène en tableaux très diversifiés, mais où transparaissent la douleur, la rage et la destruction avec certains moments ponctués d’humour. Il danse d’abord pieds nus dans le sable et masqué, puis on voit une projection d’une danseuse libanaise livrant un flamenco brûlant sur des sons de bombardement. Vient ensuite un numéro impressionnant où Galván se livre à un véritable combat sur une plateforme de bois supportée par des ressorts. Succèdent à cela encore quelques tableaux très éloignés d’un flamenco plus traditionnel, tel que Galván arborant une poitrine de femme qui danse sous une boule disco ou encore la scène finale où les percussions se jouent sur un cercueil de bois, là où le danseur termine le spectacle.

Mélange de genres, mélange d’esthétiques, Galván combine divers styles musicaux - de la tarentelle italienne au heavy métal - et propose un flamenco s’appuyant sur les fondements du style classique, mais bifurquant vers une danse contemporaine empruntant même, au passage, à la danse Butô japonaise. Il en fait une danse personnelle, étrange et fascinante. D’un point de vue personnel, bien que ce fut un événement à ne pas manquer, il me semble discutable l’idée que le Carrefour de théâtre propose un tel spectacle en ouverture de son festival. Malgré une certaine théâtralité, El final de este estado de cosas, redux se situe clairement du côté de la danse.

26-05-2011


Mille anonymes - hommage aux sociétés disparues - Québec
Du 25 au 28 mai 19 h
Durée : 1 h 20
En français
Un spectacle de Daniel Danis, arts/sciences
Salle Multi de Méduse

...la suite + critique d'Odré Simard

Les Anonymes. Une société archaïque d’âmes abandonnées dans une ville minière fantôme qui fut autrefois active et prospère. Mille personnages de résistants dont l’existence est si étroitement reliée à la mine désertée qu’ils en viennent graduellement à s’empierrer jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle. Une colonie entière de pétrifiés qui, entre quelques éternuements et autant de bâillements, se secouent pour reprendre momentanément vie et raconter leur histoire, de la fermeture de leur ville jusqu’à leur immobilisation finale.

Avec Mille Anonymes, hommage aux sociétés disparues, l’auteur et metteur en scène Daniel Danis revisite l’un de ses premiers textes dont l’écriture remonte à près d’une quinzaine d’années, s’ingéniant à y explorer le potentiel dramatique de la parole lacunaire. Fait d’éclats et de fragments, le langage dans lequel les statues de pierre s’expriment est tronqué, comme si leur voix était « hachurée par un grésillement venu d’une tempête sidérale ». Vestige d’une mémoire éphémère qui s’efforce de se libérer de l’engourdissement, la parole de Danis renvoie tour à tour au surgissement et à l’effacement, deux socles sur lesquels sa dramaturgie s’érige. Texte à la fois énigmatique, fugitif et aérien, Mille Anonymes suit les hommes sur le chemin de la disparition.

En cadrant soigneusement ses images scéniques et en les incrustant dans un dispositif monochrome éclairé de l’intérieur, Danis ouvre de fascinantes perspectives sur un imaginaire nordique hautement poétique, berceau d’une nature hostile et lieu d’émergence de puissantes forces primitives. Par son théâtre rituel, il redonne préséance au sacré, nous conviant à participer à l’expérience du mystérieux.

Un spectacle de Daniel Danis, arts/sciences

Projet et texte Daniel Danis
Interprétation Sylvio Arriola, Frédérick Bouffard, Jean-Pierre Cloutier, Marianne Marceau, Alexandrine Warren Artisans Lionel Arnould, Nadia Bellefeuille, Stéphane Caron, Jean-Pierre Cloutier, Vincent Leclerc (ESKI), Véronique Massé, Mathieu Thébaudeau
Direction technique et régie François Leclerc
Direction de production Nadia Bellefeuille et Christiane Vadnais
Photo: Gaetan Gosselin
Production Daniel Danis, arts/sciences
Coproduction Les Productions Recto-Verso, Ex Machina La Caserne Dalhousie, Carrefour international de théâtre de Québec, Festival TransAmériques
En collaboration avec ESKI

Coproduction Festival TransAmériques + Les Productions Recto-Verso + Ex Machina La Caserne Dalhousie + Carrefour international de théâtre de Québec


critique par Odré Simard

La pièce Mille anonymes est ce qu'on pourrait appeler un objet mystérieux. Dans un village isolé, la mine qui employait la plupart des villageois ferme ses portes et ces derniers se font fortement conseiller de quitter l'endroit, puisqu'aucun service de base ne leur sera fourni dorénavant. Quelque mille personnes demeurent malgré tout et entrent progressivement en symbiose avec la nature qui les entoure. Suite à la trouvaille d'une énorme cloche de bronze située dans la mine, une joie sereine se mêle à l'angoisse grandissante lorsque l'imposant objet finit par «empierrer» les villageois un à un.

Le texte, premier élément déstabilisant, est écrit de façon hachurée et certains mots seulement en sont proférés. Second élément peu habituel : la pièce est conçue pour ne présenter aucun personnage défini. La plupart du temps, les acteurs revêtent le visage d'un de ces anonymes qui ont choisi de rester, un de ces visages oubliés. La pièce est constituée de 33 planches, ou sections, et chacune est annoncée par un narrateur nous faisant part également des didascalies, présentant un résumé de l'action qui suivra. La scénographie suit un peu cette idée : une dizaine de planches trouées sont disposées sur des cordes et sont sans cesse déplacées d'un côté à l'autre de la scène, révélant de temps à autre un personnage.

Daniel Danis confiait après la représentation que de participer au Carrefour international de théâtre est pour lui une chance inouïe. Cette présence au festival lui permet de créer dans une optique de recherche, et ainsi de tester devant un public intéressé certains chemins moins souvent empruntés. Il a travaillé sa mise en scène de façon très instinctive et sensorielle, par essais et erreurs de concert avec les expérimentations des comédiens. L'écriture scénique de Danis se déploie donc dans la synergie de la petite troupe qui a soumis sans cesse des propositions, guidée par l'oeil averti du metteur en scène. Mentionnons également l'agencement réussi de la trame sonore et de l'aspect vidéo avec l'action scénique. Félicitations et merci au Carrefour d'appuyer des projets aussi particuliers qui osent s'aventurer vers des chemins inconnus.

27-05-2011


La nuit juste avant les forêts - Montréal
vidéo
Du 26 au 30 mai au et du 1er au 5 juin 21 h
Durée : 45 minutes
Un spectacle de Sibyllines
195, chemin Sainte-Foy (ancien Garage Bérubé)

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

La nuit. Il pleut des cordes sur un Paris lugubre et inquiétant. Dans la rue, un étranger accoste un passant anonyme, lui demandant asile pour quelques heures. Transi de froid, mais brûlant d’un feu mal contenu, le jeune homme se livre sans partage à l’inconnu, pris aux tripes par une solitude sans fin qui l’amène à mobiliser les faibles moyens dont il dispose pour retenir son interlocuteur, déversant sur lui un flot de paroles frénétiques. Dans un lyrisme troublant, l’homme dit à l’Autre son manque, crache sa rage de vivre, dénonce l’injustice de sa condition, l’hostilité de sa terre d’accueil et son inconfort d’être étranger dans un pays qui l’oppresse.

L’Autre, cet « ange au milieu du bordel », c’est nous. Paris, c’est un garage désaffecté de Québec. L’invective, c’est ni plus ni moins que le plaidoyer de tous les révoltés en faveur d’une plus grande compassion envers les laissés-pour-compte et les exclus qui, comme eux, rêvent d’une vie meilleure.

Dix ans après l’avoir monté une première fois avec le comédien James Hyndman, la metteure en scène Brigitte Haentjens propose une nouvelle lecture fiévreuse et incarnée de l’un des plus grands textes contemporains de la francophonie. Interprété avec une intensité physique peu commune, le soliloque est livré d’un seul trait et sur un rythme haletant par Sébastien Ricard. Dramaturgie de l’urgence, théâtre de l’« ici et maintenant », La nuit juste avant les forêts laisse jaillir une parole débridée d’une densité vertigineuse et une langue d’une richesse inépuisable.

Un spectacle de Sibyllines

De Bernard-Marie Koltès
Avec Sébastien Ricard
Mise en scène Brigitte Haentjens
Assistance à la mise en scène et régie Colette Drouin
Lumière Guy Simard
Costume Julie Charland
Maquillage et coiffure Angelo Barsetti
Collaboration à la scénographie Anick La Bissonnière
Direction technique Jean-François Landry
Direction de production Sébastien Béland
Photo: Angelo Barsetti


critique par Sophie Vaillancourt Léonard

Un garage à l'abandon, avec pour seul éclairage celui venant d'un projecteur placé dans le stationnement extérieur ; acculé au coin d'un mur, Sébastien Ricard nous livre une prestation coup-de-poing. Pendant les quarante quelques minutes que dureront son soliloque, jamais il ne bougera de là, et loin de nous l'envie qu'il le fasse ; l'énergie et l'intensité sont telles que les spectateurs, dont la première rangée n'est qu'à quelques pieds du comédien, seront subjugués du début à la fin.

Avec La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, la metteure en scène Brigitte Haentjens revisite avec brio, intelligence et pertinence un texte écrit il y a plus de trente ans, mais qui est loin d'avoir perdu ses échos dans la société d'aujourd'hui. Le monologue effréné de trois quarts d'heure est livré sans silence, sans point ni pause, comme on lancerait un cri d'alarme ; tel un animal traqué, le dos vouté et les yeux exorbités, Sébastien Ricard incarne, dans tout son être et dans chacun de ses souffles, de plus en plus courts au fur et à mesure que ce solo déjanté avance, un être perdu dont la voix n'est jamais entendue. La radicalité et la rudesse du texte de Koltès plonge le spectateur dans cet univers duquel tous ont déjà détourné les yeux : celui des étrangers, des exclus du monde, de ceux pour qui l'inhumanité des autres devient quotidienne et le regard posé sur soi quasi toujours une menace.

La nuit juste avant les forêts : du grand théâtre, dans ce qu'il a de vrai et d'incarné, de fracassant et de dérangeant, de fin et de juste.

26-05-2011


Où tu vas quand tu dors en marchant... 2 - Québec
26, 27, 28 mai / 21 h à 23 h en continu
Un spectale de Frédéric Dubois, assisté de Caroline Martin
Gratuit
Quartier St-Roch

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

Six nouvelles équipes de concepteurs – six nouveaux lieux

Avec plus de 180 artistes sous la coordination artistique de Frédéric Dubois

Une nouvelle aventure dans le quartier Saint-Roch!

En 2010, plus de 40 000 spectateurs ont participé à la déambulation nocturne du Carrefour international de théâtre. Trois soirs durant, les parcs et les artères du centre-ville ont retenti des éclats de voix de marcheurs euphoriques qui se sont délectés de leur balade sous les étoiles. À la demande générale, ce grand succès public revient galvaniser la basse-ville dans une toute nouvelle mouture. Où tu vas quand tu dors en marchant…2 invite les publics à investir le quartier Saint-Roch pour découvrir ce qui s’y trame une fois le soleil couché. Encouragé à circuler comme bon lui semble dans les dédales du nouveau tracé, le promeneur peut alors explorer un coin de la cité qui, il n’y a pas si longtemps, semblait inaccessible, voire interdit.

Visitez le site du Carrefour pour visualiser le plan déambulatoire ; survolez le plan du spectacle déambulatoire pour tous les renseignements sur les tableaux

Lors des représentations, délestez-vous d’un objet qui évoque quelqu’un que vous avez aimé et qui n’est plus présent dans votre vie. Par vengeance, par épuisement, par amour, par hommage, pour qu’il porte malheur à un autre ou qu’il voyage. Une photo, un bijou, une carte, un vêtement. N’importe quoi. Alors commencera la Vente de nuit... (tu n’es plus là, je ne sais plus quoi faire de tes choses, qu’est-ce que tu veux que je fasse)

Coordination artistique Frédéric Dubois, assisté de Caroline Martin
Éclairages Laurent Routhier
Environnement musical Mathieu Campagna
Directrice de production Marie-Josée Houde, assistée de Gilbert Gagné, Pierre Gagné et Geneviève Thibault
Production Carrefour international de théâtre

Jardin intérieur
Conception Nancy Bernier
Avec Véronique Aubut, Anne-Fay Audet Johnson, Nicolas Bellemare, Danièle Belley, Josiane Bernier, David Bonneville, Odette Bouchard-Lampron, Caroline B. Boudreault, Maude Boutet, Claude Breton, Carol Cassistat, Marilou Castonguay, Jean-François Duke, Catherine Hugues, Simon Larouche, Jacques Lessard, Brice Noeser, Katrine Patry, Stéphanie Perreault, Mary-Lee Picknell, Patric Saucier, Paule Savard, Caroline Stephenson, Mélanie Therrien, Claire-Alexie Turcot, Ariane Voineau
Scénographie Bernard White
Conception des accessoires Arianne Sauvé
Conception des costumes Sébastien Dionne
Assistance à la conception des costumes
Chorégraphie Harold Rhéaume
Conception musicale Fabrice Tremblay
Conception sonore Marc Doucet
Sonorisation Jacques Boucher
Conception des éclairages Bernard White et Laurent Routhier
Photo: Renaud Philippe

Vente de nuit
Conception Steve Gagnon
Avec Marie-Josée Bastien, Guillaume Boisbriand, Joelle Bond, Frédérique Bradet, Sylvie Cantin, Lise Castonguay, Gabrielle Côté, Lorraine Côté, Véronique Côté, Éva Daigle, Simon Dépot, Jean-Michel Déry, Krystel Descary, Sophie Dion, Chantal Dupuis, Philippe Durocher, Marie-Ève Fortier, Laurie-Ève Gagnon, Marie-Hélène Gendreau, Marc Auger Gosselin, Denis Lamontagne, Maryse Lapierre, Éliot Laprise, Valérie Laroche, Catherine Larochelle, Olivier Lépine, Kevin McCoy, Jean-René Moisan, Noémie O'Farell, Anne-Marie Olivier, Jean-Sébastien Ouellette, Maxime Perron, Claudiane Ruelland, Marie-Josée Samson, Klervi Thienpont, Réjean Vallée
Scénographie et conception des costumes Dominic Thibault
Assistance à la conception des costumes Élyane Martel
Conception musicale Uberko

Nichés
Conception Christian Fontaine
Avec Laura Barbeau, Maxime Beauregard Martin, Mélissa Bolduc, Maude Bouchard, Jeanne Gionet-Lavigne, Louis Morin, Guillaume Pépin, Martin Perreault, Katia Talbot
Conception sonore et visuelle Philippe Lessard-Drolet
Conception des éclairages Laurent Routhier

La Pêche miraculeuse
Conception Cooke-Sasseville
Avec Jean Bélanger, Jessica Ruel-Thériault, Sophie Thibeault
Texte Fabien Cloutier

Pour de vrai
Conception Marie Gignac et Alexandre Fecteau
Scénographie Marie-Renée Bourget-Harvey
Conception des vidéos Marilyn Laflamme
Projections Catherine Guay
Chorégraphie Chantale Bonneville

Lecture aléatoire (shuffle;-)
Conception Frédéric Dubois, Yasmina Giguère et Pascal Robitaille
Responsable du groupe d'élèves Marie-Amélie Dubé
Conception sonore et musicien Pascal Robitaille
Conception des costumes Yasmina Giguère
Environnement musical Mathieu Campagna

Collaborateurs : Bureau du développement touristique et des grands événements de la Ville de Québec, Université du Québec, Société Parc-Auto du Québec (SPAQ), l'artiste Florent Cousineau, le photographe Éric Côté, Fanamanga, Carrefour familial des personnes handicapées, Maison Gilles-Kègle, Bar Le Dauphin, Épicerie A. Rouleau, Galerie Morgan Bridge, Le Lieu - centre en art actuel, école secondaire De Rochebelle.


critique par Sophie Vaillancourt Léonard

Le 12e Carrefour international de théâtre a vu juste en répétant l'incroyable aventure de son spectacle ambulatoire, Où tu vas quand tu dors en marchant ... 2 ; fort de son succès en 2009 et 2010, la mission d'orchestrer cette grande fresque multidisciplinaire a une fois encore été confiée au metteur en scène Frédéric Dubois qui, une fois de plus, a su ravir les spectateurs.

Si le principe demeure le même, amener les gens à se promener d'un tableau à l'autre, cette année dans le coeur du quartier Saint-Roch, les concepteurs desdits tableaux, eux, ont changé. Accueillis par le Jardin intérieur de Nancy Bernier, les spectateurs se retrouvent aux très beaux jardins Saint-Roch et deviennent tour à tour témoins de scènes d'intimité quotidienne. S'en suit la Vente de nuit de Steve Gagnon, où les marcheurs se retrouvent mêlés à la foule typique des marchés aux puces, celui-ci se distinguant par son incitation à se débarrasser de souvenirs oppressants. Puis, l'impressionnante mise en scène de Christian Fontaine : Nichés. Des personnages, seuls sur des plateformes faisant office de balcons, suspendus au-dessus du vide, semblent connectés sur le monde grâce à leurs cellulaires. Quelques pas plus loin, l'installation spectaculaire de Pierre Sasseville et Jean-François Cooke surprend. Avec La pêche miraculeuse, ce duo d'artistes remporte définitivement la palme du tableau le plus saisissant visuellement par son ciel de leurres et d'hameçons. Puis, tout au long du chemin qui mène la foule vers le tableau final se trouve Pour de vrai de Marie Gignac et Alexandre Fecteau ; sur la rue du Pont, derrière ce qui fut jadis le mail Saint-Roch, les concepteurs rendent hommage à la diversité sociale et commerciale du quartier. Nous levons d'ailleurs notre chapeau à la danse des fauteuils roulant, aussi belle que touchante.

Finalement, c'est à la marina que les spectateurs terminent leur route avec Lecture aléatoire de Frédéric Dubois, Yasmina Giguère et Pascal Robitaille. Des adolescents, dans un ordre de scènes aléatoires et déterminées par un mp3, nous font part de leurs états d'âme.

Où tu vas quand tu dors en marchant... 2 est sans contredit un incontournable du Carrefour et nous lui souhaitons longue vie, beau temps, mauvais temps !

26-05-2011


Wolfe - Moncton / Ottawa
31 mai 20h, 1er et 2 juin 19h
Durée : 1 h 40
Salle Multi de Méduse
Un spectacle de Théâtre l'Escaouette / Centre national des Arts



...la suite + critique d'Odré Simard

Wolfe est une réappropriation poétique et historique d’un fait réel. Le « fait » en question, c’est l’affligeante controverse qui entoure la création du parc national Kouchibouguac au Nouveau-Brunswick à la fin des années 60, entreprise qui a entraîné l’expropriation musclée de plus de 220 familles. La « réappropriation poétique et historique » relève quant à elle de l’imaginaire tout en finesse de la jeune auteure Emma Haché qui fait montre ici d’une démarche dramaturgique mature en s’approchant de son explosif sujet avec circonspection et délicatesse.

À l’origine de l’oeuvre, on retrouve l’histoire de Jackie Vautour, l’homme qui est monté aux barricades afin de clamer haut et fort son indignation face à l’injustice, véritable légende vivante et héros de la résistance acadienne. Ses démêlés avec le fourbe Wolfe, symbole de la répression gouvernementale, puis sa rencontre avec la douce Apolline vont l’amener à se confronter à son propre mythe et à questionner son aptitude à transcender les épreuves.

Il ne faudrait cependant pas s’y tromper : Wolfe n’a rien d’une œuvre biographique ou documentaire, mais tout d’une extrapolation fantaisiste où réalité et fiction s’entremêlent. Il y est question de révélation de soi dans l’adversité, de la force de l’engagement et de l’épineux rapport au combat qu’entretiennent les hommes d’honneur. « Quels seraient les héros de nos mythes s’il n’y avait pas les épreuves pour nous les révéler ? », demande l’auteure... Par sa mise en scène symbolique pétrie d’images fortes, Emma Haché dévoile les parts d’ombre et de lumière qui habitent ses mystérieux personnages.

Texte et mise en scène Emma Haché
Interprétation
Albert Belzile – Gonzague
Kevin Doyle – Wolfe
Diane Losier – Rosilda
André Roy – Jackie
Caroline Sheehy – Apolline
Marie-Pierre Valay-Nadeau – Yvonne
Scénographie et costumes Luc Rondeau
Éclairage Marc Paulin
Conception sonore Jean-François Mallet
Régie Justin Gauvin
Direction de production Daniel Castonguay
Costumières Lynn Losier et Nicole Gallant
Construction des décors Décor Action Inc.
Photo : Francine Dion

Une création du théâtre l’Escaouette de Moncton en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts.


critique par Odré Simard

La nouvelle pièce d'Emma Haché, Wolfe, est une relecture personnelle des événements historiques entourant Jackie Vautour, un Acadien qui depuis plus de 40 ans résiste seul sur ses terres avec sa famille malgré l'expropriation de villages complets par le gouvernement pour la création du parc Kouchibouguac. Nous retrouvons donc, dans la pièce, Vautour et sa femme Yvonne, tentant du mieux qu'ils peuvent de se tenir debout dans l'adversité, malgré la misère qui bouscule leur univers. Nous suivons également Gonzague et Rosilda, couple assez âgé et ô combien charmant, se faisant la voix de tous les expropriés en racontant leurs anciens bonheurs sur leur terre adorée. Puis, viennent deux personnages des plus ambigus : Apolline et Wolfe. Apolline est une jeune fille qui cherche à rencontrer Vautour, rêvant de se dégager de sa détresse et de son trouble hors du commun. Wolfe, quant à lui, devient à la fois un agent du gouvernement venant braver Vautour, ainsi qu'une personnification de la partie enfouie et noire qui se retrouve en chacun de nous et contre quoi les personnages doivent se battre. Il est la colère que l'on nourrit, la rage qui ronge.

Mentionnons tout d’abord : quels beaux moments de théâtre nous avons droit avec le couple d'habitants expropriés, joués par Albert Belzile et Diane Losier ! Que ce soit dû au ton juste, au rythme bien ponctué ou encore à l'écoute et à la complicité admirable, leur duo est touchant et solide. Pour le reste de la distribution, force est d'admettre que le jeu est plutôt inégal et sonne parfois carrément faux. Élément qui n'aide peut-être pas, la ligne entre le français normatif et un langage plus québécois ne semble pas avoir été établie clairement. D'ailleurs, on regrette quelque peu de ne pas entendre davantage un accent bien acadien qui aurait pu aider à camper plus solidement les personnages, mais il s'agit bien sûr d'un choix de mise en scène découlant de raisons certaines. Cet écart de langage se retrouve particulièrement dans le personnage d'Apolline, joué par Caroline Sheehy. Totalement à part des autres, qui contraste véritablement dans le tableau d'ensemble, son personnage ne semble certes pas aisé à interpréter. Avec un costume sorti dirait-on d'un film de Tim Burton, un langage des plus poétiques et une quête que l'on comprend difficilement, elle se situe en porte à faux face au réalisme des autres personnages (mis à part Wolfe, qui est aussi difficile à saisir). Au cours de l'entretien avec l'auteure après la représentation, nous comprenons qu'Apolline est en fait son alter ego dans la pièce et que, tel Vautour qui se révèle à lui-même face aux obstacles, elle cherche Vautour qui pourrait l'aider à se révéler à elle-même. De plus, elle nous confie qu'en fait, bon nombre de ses envolées lyriques font référence à la démarche artistique qui cherche à s'épanouir, mais qui est bloquée. Il est tout à fait louable que Mlle Haché ait souhaité aborder le mythe de Vautour dans une optique plus intime, plus personnelle, mais il en ressort finalement une incompréhension assez prononcée face à ce personnage quasi mystique qu'est Apolline et, à mon sens, son rôle demeure des plus flous quant au désir de l'auteure de nous partager sa réflexion sur « l'obstacle qui révèle l'être ». Au niveau du texte lui-même, la plume est tout à fait jolie, mais elle ne sert peut-être pas toujours l'histoire.

Nous ne pouvons passer sous silence la délicieuse scénographie de Luc Rondeau, toute en poésie et en simplicité. De véritables troncs d'arbres suspendus pour une forêt bien tangible, de la terre sur le sol et quelques petites maisons de bois manipulables, venant à la fois nous donner une vue d'ensemble du voisinage, mais aussi venant assumer une fonction symbolique. Comme quoi bouger des maisons du paysage n'est pas si difficile...

Le sujet, ainsi que le questionnement que soulève Wolfe, sont très intéressants, d'autant plus que ce genre de luttes n'est pas terminé. Peut-être n'y a-t-il plus d'expropriations en tant que telles, mais nous pouvons citer par exemple M. Arthur Picard, un Innu de Betsiamites qui a décidé de résister contre le gouvernement et l'absence de consultation des communautés autochtones dans l'implantation de ce fameux « plan nord » chérit par M. Charest. Qu'est-ce qui pousse des gens à se lever et à vouloir se battre au lieu de baisser les bras?

26-05-2011


Striptease - Paris
vidéo
1er, 2 juin 21 h, 3, 4 juin à 19h
Durée : 55 minutes
Théâtre Périscope
Avis : Le spectacle contient des scènes de nudité.
Un spectacle de La Traversée

...la suite + critique de Chloé Legault

Avec leur Striptease, la comédienne Céline Milliat-Baumgartner et le metteur en scène Cédric Orain redonnent leurs lettres de noblesse aux cabarets érotiques des années 20 dans un spectacle solo en hommage à l’effeuillage suggestif et racoleur.

Inspirée par la voluptueuse artiste burlesque Mae Dix que l’anecdote désigne comme étant la « mère du striptease » (elle l’aurait inventé par inadvertance!), la jeune, jolie et infiniment naïve Miss Mae rêve de roulements d’épaules, de moues boudeuses, de talons aiguilles et de « pole dance ». Avec ses yeux de biche, Miss Mae tombe la robe pour attiser l’imagination cependant qu’elle s’interroge. Quel plaisir prend-on à se dévêtir ? Quelle jouissance le voyeurisme provoque-t-il chez le spectateur ? La nudité serait-elle autre chose qu’affaire de fantasme, de désir et d’excitation ?

Dans la peau de la charmante Miss Mae, Céline Milliat-Baumgartner, actrice à qui l’on a maintes fois demandé de se dénuder à la scène, pose un regard aiguisé sur un divertissement qui relève à la fois de l’industrie du sexe et du monde du spectacle. À la différence du « show de drag » qui revendique sa nature festive et exubérante, le striptease recèle pour sa part une forme de tristesse qui n’est pas sans lien avec l’exploitation consentante, quoiqu’un peu glauque du corps féminin.

Étonnamment pudique, la prestation coquine de Miss Mae n’est en rien vulgaire, provocatrice ou pornographique, bien qu’elle flirte allègrement avec l’érotisme. Au-delà de l’exhibitionnisme, Striptease est un spectacle de variétés humoristique où théâtre, danse et chanson se rencontrent sur un ton tantôt léger, tantôt grave. Un spectacle plein de surprises... malgré sa finalité annoncée !

Création et jeu Céline Milliat-Baumgartner
Texte et mise en scène Cédric Orain
Scénographie Denis Arlot
Création lumière Jean-Claude Fonkenel
Création son Samuel Mazzotti
Bureau de production et diffusion Made In Productions
Photo: Frédéric Iovino
Production La Traversée

Avec le soutien du Théâtre de la Bastille, de la Compagnie de L’Oiseau-Mouche et de l’Arcal.
Avec l’aide à la diffusion d’Arcadi.


critique par Chloé Legault

« Bienvenue à mon striptease »

L’art de l’effeuillage remonte sur les planches des théâtres grâce à Striptease, un spectacle qui mêle harmonieusement les formes du théâtre et de la danse érotique, sans tomber dans la vulgarité ou la facilité. C’est sur une note burlesque teintée d’humour que la pièce commence et, tout de suite, on tombe sous le charme de l’affriolante Miss Mae, rôle que campe à merveille Céline Milliat-Baumgarther. Elle le dit d’emblée, elle veut faire un striptease, on sait donc tous déjà comment elle va finir : à poil. Consciente qu’elle est devant un public, Miss Mae n’hésite pas à l’interroger, ses yeux de velours braqués droit sur lui : « Ça t’a plu ? », brisant ainsi la convention classique du quatrième mur au théâtre.

Au fur et à mesure que le spectacle avance, l’humour laisse place au corps, mais aussi à l’art et au questionnement. La finale est intense et pudique, malgré le fait que Miss Mae se soit dénudée. Le corps de la danseuse est théâtralisé, le striptease n’allume plus, il bouleverse.

Si la pièce nous apprend que l’art de l’effeuillage est né accidentellement, une chanteuse des années 1920 étant trop pressée de changer de robe, il faut dire que le spectacle auquel on est convié en est un bien rodé. Musique, éclairage et pas de danse sont en symbiose. C’est d’ailleurs à Cédric Orain, auteur de la pièce, que l’on doit cette mise scène. Tout y est : la barre, le boa, les talons hauts et le maquillage. Il ne manque plus que vous!

02-06-2011


Lipsynch - Québec
vidéo
3, 4, 5 juin à 13 h
Durée : Comme le spectacle est d'une durée de près de 9 heures, il y aura un entracte pour le repas et quatre pauses.
Des repas et des collations seront en vente sur place pendant l'entracte et les pauses.
Aréna Patrick-Poulin - 220, avenue du Chanoine-Côté
En français, anglais, allemand et espagnol
Surtitré en français
Un spectacle de Ex Machina et Théâtre Sans Frontières

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

En s’intéressant aux imaginaires et aux technologies liés au plus ancien instrument de musique du monde – la voix – Robert Lepage a créé Lipsynch, dernière grande saga multiculturelle et intergénérationnelle depuis La Trilogie des dragons et Les Sept branches de la rivière Ota.

Neuf heures. C’est le temps que dure l’épopée, soit à peine plus longtemps que le vol Frankfort/Montréal avec lequel l’histoire s’amorce et se boucle. En neuf heures, les destins de neuf personnages à la fois sombres et lumineux se croisent et se relaient en une formidable mosaïque de rencontres tantôt émouvantes, tantôt tragiques, tantôt férocement drôles. Au-dessus de l’océan Atlantique, une jeune femme meurt en silence, tenant dans ses bras un petit enfant. Alertée par les pleurs, une chanteuse d’opéra partageant le même vol recueille le bébé qui, une fois adulte, cherchera à retracer ses origines. L’incident provoquera un « effet papillon » qui aura des conséquences déterminantes sur les vies de personnages aux origines variées, issus de quatre générations différentes, dont on suit les pérégrinations sur trois continents.

Oeuvre fascinante qui confronte la fragilité humaine aux préoccupations les plus contemporaines, Lipsynch, depuis sa création au Northern Stage de Newcastle en 2007, a été présentée aux îles Canaries, au Royaume-Uni, en Espagne, en France, en Australie, aux États-Unis, en Autriche, en Italie, à Taïwan, ainsi qu’à Montréal. Le Carrefour international de théâtre est heureux d’accueillir Robert Lepage pour une huitième collaboration depuis la création du festival en 1992.

Mise en scène Robert Lepage Texte Frédérike Bédard, Carlos Belda, Rebecca Blankenship, Lise Castonguay, John Cobb, Nuria Garcia, Marie Gignac, Sarah Kemp, Robert Lepage, Rick Miller, Hans Piesbergen
Interprétation
Frédérike Bédard (Marie & autres)
Carlos Belda (Sebastian & autres)
Rebecca Blankenship (Ada & autres)
Lise Castonguay (Michelle & autres)
John Cobb (Jackson & autres)
Nuria Garcia (Lupe & autres)
Sarah Kemp (Sarah & autres)
Rick Miller (Jeremy & autres)
Hans Piesbergen (Thomas & autres)

Conseillère à la dramaturgie Marie Gignac
Assistance à la mise en scène Félix Dagenais
Scénographie Jean Hazel
Conception des éclairages Étienne Boucher
Conception sonore Jean-Sébastien Côté
Conception des costumes Yasmina Giguère, assistée de Jeanne Lapierre
Conception des accessoires Virginie Leclerc
Réalisation des images Jacques Collin
Perruques Richard Hansen
Participation au processus de création Sophie Martin
Photo: Érick Labbé

Agent du metteur en scène Lynda Beaulieu
Direction de production Louise Roussel
Direction de production (tournée) Marie-Pierre Gagné
Direction technique Paul Bourque
Régie générale Judith Saint-Pierre
Régie des éclairages Renaud Pettigrew
Régie son Stanislas Elie
Régie vidéo David Leclerc
Régie des costumes Sylvie Courbron
Régie des accessoires Virginie Leclerc
Chef machiniste Anne Marie Bureau
Machinistes Simon Laplante, Éric Lapointe
Consultants technique Catherine Guay, Tobie Horswill
Collaboration à la scénographie - partie Thomas Carl Fillion

Musiques
Bist du bei mir de J.S. Bach
Do you know the way to San José? & The Look of Love de Bacharach / David
Le petit berger de Debussy
April in Paris de Duke / Harburg
Symphony # 3 d'Henryk Mikolaj Górecki
Every Mother's Son de Rick Miller, arrangements de Jean-Sébastien Côté
Transmission de Joy Division
All the things you are de Kern / Hammerstein
Bunte Blätter, Opus 9, Fünf Albumblätter I, II, III, IV, V de Robert Schumann
Interprétation de la Symphonie #3 de Gorecki
Quatuor Cartier, Martin Gauthier, Jean-Sébastien Côté
Poèmes
Les Boucliers Mégalomanes # 3 & Les Boucliers Mégalomanes # 78 de Claude Gauvreau, utilisés avec la permission de M. Pierre Gauvreau
Monumenta Linguae de Juan Hidalgo
Voix enregistrées Adrian Egan, Philip Graeme, Mary Harris, Helen King, Rick Miller
Réalisation des décors Astuce Décors, Les Conceptions visuelles Jean-Marc Cyr
Réalisation des costumes Janie Gagnon, Annie Simard, Sophie Royer
Production des clips vidéo Ciné-Scène.ca

Production Ex Machina et Théâtre Sans Frontières
En collaboration avec Cultural Industry Ltd et Northern Stage
Coproduction
Arts 276/Automne en Normandie
barbicanbite08, London
Brooklyn Academy of Music
Cabildo Insular de Tenerife
Chekhov International Theatre Festival, Moscow
Festival de Otoño Madrid
Festival TransAmériques, Montréal
La Comète (scène nationale de Châlons-en-Champagne)
Le Théâtre Denise-Pelletier, Montréal
Le Volcan Scène nationale du Havre
Luminato, Toronto Festival of Arts & Creativity
Napoli Teatro Festival Italia
The Sydney Festival
Wiener Festwochen

Producteur délégué, Europe, Japon Richard Castelli
Adjoints au producteur délégué, Europe, Japon Florence Berthaud, Rossana Di Vicenzo, Pierre Laly
Producteur délégué, Royaume-Uni Michael Morris
Producteur délégué, Amériques, Asie (sauf Japon), Océanie, NZ Menno Plukker
Producteur pour Ex Machina Michel Bernatchez


critique par Sophie Vaillancourt Léonard

Neuf tableaux, neuf personnages principaux, neuf comédiens, neuf heures, soit presque la durée d'un vol Frankfort-Montréal où débute et s'achève cette véritable épopée signée Robert Lepage. Résumer ou tenter de raconter ce qui se déroulera devant les spectateurs, dont aucun ne quittera le spectacle pendant ces neuf heures, serait maladroit compte tenu de la densité du contenu. Non pas que l'histoire comme telle soit compliquée, au contraire ; facile à suivre, elle nous plonge littéralement dans un quotidien parfois banal, parfois sauvage, mais dans tout ce qu'il a de petits gestes, de silences, de maladresse. Lipsynch raconte tout simplement la vie de neuf personnages dont la route se croisera.

Le titre le sous-entend, Lipsynch est un hommage à la voix. Celle que l'on a perdue, celle que l'on cherche : la sienne, celle des autres, celle qu'on l'on tente d'oublier, celle que l'on cherche à tout prix. Pendant neuf heures, entrecoupées d'entractes rassurez-vous, c'est une véritable saga familiale qui se dévoilera sous nos yeux dans tout ce qu'elle peut avoir d'humain : la beauté, la violence, l'amour. La voix est ici traitée, au sens propre comme au sens figuré ; liant les personnages les uns aux autres, c'est aussi la voix créant l'enracinement, la voix poétique, technique, scientifique, instrumentale, etc. Inutile de rajouter sans doute que Lepage et son équipe ont réellement réussi le mandat de pousser l'exploitation de cette voix/voie au maximum.

Si sur la durée totale du spectacle, seulement quelques moments peuvent sembler longs (notez ici qu'il s'agit peut-être de moins d’une heure en tout sur neuf), le choix de la salle, l’Aréna Patrick-Poulin, paraît un peu inapproprié : les gradins, trop peu élevés, ne permettent qu'aux premières rangées de profiter pleinement de ce qui se passe sur scène, celle-ci se trouvant au parterre. Nombreux seront les spectateurs qui n'hésiteront pas à se lever durant la représentation, faute de voir assis, ce qui se passe sur scène. Choix surprenant de Lepage et son équipe si l'on prend en considération tout le pouvoir donné au visuel dans leurs représentations, visuel somme toute absolument brillant et à la hauteur de leur talent. Encore une fois, le metteur en scène québécois aura su éblouir son public et encore une fois, celui-ci était au rendez-vous. En sortant de ces neuf heures de ravissement, nous n'avons qu'une seule envie et c'est de lui dire : à bientôt !

04-06-2011


Gardenia - Gand, Belgique
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6 et 7 juin à 20h
Durée : 1 h 45 sans entracte.
En français
Un spectale de Les ballets C de la B
Salle Albert-Rousseau

...la suite + critique de Chloé Legault

Que reste-t-il aux drag queens lorsque leur fraîcheur s’est estompée et que le charme de la jeunesse n’agit plus? Avec Gardenia, cabaret burlesque des illusions perdues, le chorégraphe belge Alain Platel rend hommage à ces «fleurs blanches qui ne vivent qu'un jour».

Sur des musiques d’Aznavour, Ravel, Dalida et Schubert, six ex-travestis sexagénaires se joignent à l’artiste transsexuelle Vanessa Van Durme pour un ultime tour de piste avant la tombée définitive du rideau. Chacun se présente tel qu’il est, avec ses rides, ses chairs guère plus désirables et ses espoirs d’un autre âge, dégageant une profonde et très touchante humanité.

La cohabitation du masculin et du féminin au sein même des interprètes donne lieu à des tableaux troublants renvoyant à la douloureuse déchirure de ces êtres qui tentent de concilier l’identité qu’ils affectent à la ville et celle qu’ils revêtent à la scène. Sous leurs chics complets-vestons, ces hommes fragiles cachent petites robes fleuries et costumes de scène clinquants qu’ils arborent avec une démarche aussi digne qu’hésitante, se confrontant à la présence à leurs côtés d’une femme et d’un jeune éphèbe qui accentuent d’autant plus le contraste, l’une par sa féminité toute naturelle, l’autre par sa provocante beauté. Au delà du rapport au spectacle, c'est du vieillissement humain en général qu'il est question.

Après avoir connu la consécration au Festival d’Avignon l’été dernier, Alain Platel a depuis exhibé son cabaret de la dernière chance sur les plus prestigieuses scènes d’Europe. Pour le Carrefour international de théâtre, la présentation de Gardenia constitue une troisième collaboration avec les Ballets C de la B, après Iets op Bach (1999) et Allemaal Indiaan (2001).

Un spectacle de Les ballets C de la B

Mise en scène : Alain Platel + Frank Van Laecke
D’après une idée de Vanessa Van Durme
Création et interprétation : Gerrit Becker + Griet Debacker + Andrea De Laet + Richard "Tootsie" Dierick + Timur Magomedgadzhiev (remplacé par Hendrik Lebon) + Danilo Povolo + Rudy Suwyns + Vanessa Van Durme + Dirk Van Vaerenbergh
Musique : Steven Prengels
Éclairage : Kurt Lefevre
Son : Sam Serruys
Scénographie : Paul Gallis
Costumes : Marie Lauwers
Photo : Luk Monsaert

Coproduction : NTGent + La rose des vents (Villeneuve d’Ascq) + TorinoDanza + Biennale de la danse de Lyon + Tanz im August (Berlin) + Théâtre National de Chaillot (Paris) + Brighton festival + Centro Cultural Vila Flor Guimarães + La Bâtie-Festival de Genève + Festival d’Avignon.

Avec l’appui des Autorités Flamandes + ville de Gand + Province de la Flandre-Orientale.

En collaboration avec le FTA

Création au NT Gent (Gand, Belgique) en juin 2010


critique par Chloé Legault

C’est à Vanessa Van Durme, comédienne transsexuelle belge, désireuse de faire entendre la différence, que l’on doit le spectacle Gardenia. Cette dernière a su convaincre ses amis, pour la plupart d’anciens travestis amateurs ou semi-professionnels (aujourd’hui âgés de 57 à 69 ans), de remonter sur les planches pour un ultime numéro, après leur avoir fait visionner le film espagnol Yo soy asi, portant sur la fermeture d’un cabaret de drag-queens. Si ces travelos d’hier acceptent de revêtir une dernière fois leurs robes à paillettes et leurs talons hauts, ce n’est pas tant pour « faire un show », que pour présenter un spectacle dense et troublant sur le vieillissement, sur les années qui passent et qui ne reviennent pas, sur les beaux moments déjà loin et sur les espoirs que chacun porte en lui.

Gardenia, c’est l’histoire d’un cabaret qui ferme ses portes, laissant plus de quarante années derrière lui. Les artistes font donc un dernier tour de piste, permettant cette fois-ci au spectateur d’accéder aux coulisses : à la transformation de l’homme en femme. Le tout se déroule sur une trame sonore belle et touffue, qui ne s’arrête qu’à la fin du spectacle; on y amalgame bruits, musiques instrumentales et chansons. Bien que Gardenia comporte des longueurs, peut-être à cause du rythme lent de la pièce et de certaines scènes plus métaphoriques, elle n’en demeure pas moins intéressante. Plusieurs idées de mise en scène semblent avoir été choisies pour le plaisir de nos yeux, notamment des arrêts sur images tout à fait réussis.

Hybride, peu importe l’angle par lequel on l’approche, Gardenia mêle les genres, autant sexuels qu’artistiques.

07-06-2011


Cinq jours en mars - Tokyo, Japon
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6 juin 20h, 7 et 8 juin 19h
Durée : 1 h 30 avec entracte
En japonais surtitrés en français
Théâtrre de la Bordée
Un spectacle de chelfitsch

...la suite + critique d'Odré Simard

Cinq jours en mars 2003. Les cinq premiers jours de la guerre en Iraq, mais surtout, cinq jours pendant lesquels Minobe et Yukki s’enfermeront dans une chambre d’un « love hotel » bon marché de Tokyo, Yasui et Ishihara participeront à une manifestation pacifiste, Miffy prendra la décision de déménager sur Mars... Cinq jours à la fois décalés et empreints d’une banalité dérisoire, racontés par sept jeunes Japonais de 25 ans qui cherchent, entre indolence et conscientisation affectée, à donner un sens à leur vie.

Objet insolite qui va à l’encontre des clichés habituellement véhiculés sur le Japon, Cinq jours en mars, de l’auteur et metteur en scène Toshiki Okada, rend compte d’une démarche de création résolument originale, à des années-lumière des formes baroques inspirées du courant manga qui caractérisent une importante part de l’art nippon contemporain. Ici, la fraîcheur de l’œuvre réside autant dans l’universalité de son propos que dans la singularité de sa facture. Polaroïd d’une génération qui aspire à la « coolitude » afin de tromper l’ennui, la pièce renvoie plus largement à la réalité d’une jeunesse planétaire qui s’agite nonchalamment sur fond de crise politique internationale.

Dans cette petite bombe de modernité, les narrations décousues se télescopent pour former un récit chaotique mené par des personnages qui reconstituent en accéléré des actions suggérées, mettant l’imaginaire du spectateur à contribution. S’inscrivant dans le corps avec insistance, ce récit donne à voir une déroutante stylisation du geste à travers laquelle on devine l’influence du nô japonais. Spectacle inclassable, Cinq jours en mars est un ovni sympathique et étonnant.

Texte et mise en scène Toshiki Okada
Avec Taichi Yamagata, Shoko Matsumura, Riki Takeda, Izumi Aoyagi, Hideaki Washio, Shuhei Fuchino, Shingo Ota
Régie Koro Suzuki
Lumière Tomomi Ohira
Son Norimasa Ushikawa
Productrice Akane Nakamura
Direction de production Tamiko Ouki
Production chelfitsch
Production associée precog
Avec le soutien de Agency for Cultural Affairs Government of Japan in the fiscal 2011, Saison Foundation
Remerciements Steep Slope Studio


critique par Odré Simard

De jeunes Japonais nous racontent les cinq jours en mars où Minobe et Yukki, s'étant rencontrés dans un concert, s'adonnent aussitôt à une relation intense et de courte durée. Au même moment, commence la guerre en Irak et une manifestation pacifiste est organisée dans le quartier où se trouvent les deux jeunes. On suit alors le parcours d'un duo de manifestants qui parlent de tout et de rien. Un autre jeune confie à un ami sa rencontre avec une fille étrange au cinéma et cette dernière nous dit comment elle aimerait s'enfuir sur Mars après avoir vécu une situation gênante.

Toshiki Okada ne passe pas inaperçu avec sa pièce Cinq jours en mars. Créée depuis déjà sept ans, la création de la troupe chelfitsch s'est fait voir un peu partout sur la planète et a récolté de nombreux prix. Ce n'est pas l'histoire qui surprend, mais on louange le caractère plus que contemporain de la pièce elle-même ainsi que la provocation qu'engendre le bouleversement des codes théâtraux, obtenant l'étiquette d'anti-théâtre.

Le spectacle débute sans tambour ni trompette, l'éclairage de la salle ne diminue même pas. Un acteur entre et nous annonce qu'il va commencer le récit de « Cinq jours en mars ». Aucune musique ou ambiance sonore n'accompagne les comédiens et on aperçoit sur scène qu'un seul mur blanc faisant office de décor. Les acteurs parlent si vite que l'on peine à suivre le texte japonais surtitré en français sur ledit mur immaculé. Les personnages exécutent des gestes banals, chorégraphiés de façon très répétitive, à la manière d'automates. Il est dit que les mouvements seraient inspirés de la danse Butô, mais je n'ai pas ressenti pour ma part la présence physique et la rigueur normalement impliquées dans ce type de danse. Trois ou quatre moments d'éclairages isolés viennent divertir l'oeil, sans signification apparente. Il n'y a pas non plus de jeu d'acteur auquel s'accrocher puisqu'à nos oreilles, le ton est monocorde, sans trop d'intonation. De plus, nous offrant un clin d'oeil de distanciation brechtienne, la narrativité tangue sans cesse entre l'acteur-personnage et l'acteur-narrateur et d'un point de vue comme de l'autre, ils ne jouent pas les évènements, ils nous les racontent.

Au premier degré, ce spectacle ne fut pas un divertissement des plus réussis. Bien que comique à certains moments, on sent que quelque chose nous échappe. Il y a entre autres que Okada a écrit sa pièce en voulant jouer avec le langage dit « pauvre » des jeunes japonais d'aujourd'hui, puis le mettre en jeu dans une pièce où il deviendrait un code riche et intéressant. Il est donc impossible pour nous de capter cette dimension, puisque nous n'accédons pas à la pièce dans sa langue originale, à moins de parler japonais. Par contre, à un deuxième degré, le symbole que cette pièce représente est beaucoup plus profond que ce qu'en disent les apparences. Il est question de contraste entre les évènements internationaux graves qui se produisent autour du nombrilisme des personnages. Les situations que vivent ses jeunes sont quelque peu surprenantes sans être exceptionnelles, mais la dichotomie présente entre les enjeux graves de la guerre et leurs petits enjeux personnels nous emmènent à questionner le désillusionnement et l'apathie d'une génération qui croit avoir tout vu et tout vécu.

11-06-2011


Cabaret Gainsbourg, musique et marionnettes - Québec
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7, 8, 9 juin 21h, 10, 11 juin 22h
Durée : 1 h 10
Théâtre Périscope
Un spectacle de Théâtre Pupulus Mordicus

...la suite + critique d'Odré Simard

En reprenant l’impertinent Cabaret Gainsbourg qui avait fait un tabac le printemps dernier, le Carrefour international de théâtre offre un bonbon savoureux à tous les amateurs de théâtre festif et ludique, ainsi qu’à tous les inconsolables en cette année du 20e anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg. Une œuvre à voir – ou à revoir – pour sa poésie tout en légèreté et... l’espièglerie de ses irrévérencieuses marionnettes pour adultes !

Dans un style cabaret qui sied si bien aux productions du Théâtre Pupulus Mordicus, le quatrième mur tombe et le spectateur se voit propulsé dans le Paris des années 60 et 70, à l’époque où le grand Serge titillait son public avec ses créations de jeunesse aux accents jazzés. Entre séduction et érotisme, entre profondeur et humour, entre rêve et cauchemar, Gainsbourg flirte avec l’indécence sur une scène enfumée, cigarette au bec et verre de whisky à la main.

Mais au-delà de l’image archiconnue du prince de la provocation projetant sur son auditoire son arrogance et ses fragilités, c’est l’artiste que Pupulus Mordicus nous invite à découvrir avec Cabaret Gainsbourg. Celui qui rêvait de devenir peintre, mais dont l’immense talent musical a tout éclipsé. Ici, le metteur en scène Martin Genest et son équipe s’inclinent devant l’imaginaire de Gainsbourg et se projettent à travers ses chansons, interprétant avec sensibilité une quinzaine de ses plus grands succès, principalement issus de la compilation. Sur scène, six performeurs – acteurs, musiciens, chanteurs, danseurs, marionnettistes – donnent vie aux multiples personnalités du chanteur à travers des tableaux alternant hommages, pastiches et imitations, délires fantaisistes et numéros affriolants.

Idée originale et mise en scène Martin Genest
Chansons Serge Gainsbourg
Chansons additionnelles Anne-Marie Olivier et Martien Bélanger
Collaboration à la dramaturgie Anne-Marie Olivier
Avec Martien Bélanger, Stéphane Caron, Mathieu Doyon, Patrick Ouellet, Valérie Laroche, Pierre Robitaille
Collaboration à la mise en scène Véronique Côté
Consultant en scénographie Christian Fontaine
Éclairages Projetblanc/Laurent Routhier
Concepteurs des marionnettes et des accessoires Pierre Robitaille et Vano Hotton
Costumes Huguette Lauzé
Concepteur multimédia Lionel Arnould
Direction musicale Martien Bélanger
Arrangements musicaux Martien Bélanger, Stéphane Caron, Mathieu Doyon, Patrick Ouellet
Direction technique Luc Vallée
Sonorisation Patrick Paquet
Régie plateau Roger Jacob
Direction de tournée Jo-Anne Sanche
Photo: Denis Baribault
Agente de tournée Chantal Cimon (Pla’C’Art)


critique par Odré Simard

Il y a maintenant 20 ans que s'est éteint ce curieux et impressionnant personnage que fut Serge Gainsbourg. Évènement plus que pertinent, la reprise du cabaret-hommage qu'a présenté l'an dernier l'épatante troupe Pupulus Mordicus au théâtre Périscope était alors un véritable cadeau offert par le Carrefour en clôture du festival. À des lieues d'un spectacle biographique visitant la vie de l'artiste, nous sommes plutôt invités à dériver dans l'univers créatif de près de quinze chansons connues et méconnues qui marquèrent le parcours de l'artiste. Une libre relecture poétique des pièces et une interprétation mise au goût de la troupe font de ce spectacle un assemblage mirobolant de petits mondes à l'imaginaire débridé.

Le style cabaret permet une approche « variétés » laissant toute la latitude possible sans lien nécessaire entre chaque chanson. Cabaret Gainsbourg est un spectacle où la musique et le théâtre s'embrassent au point où nous ne savons plus lequel prime et nous n'en sommes pas plus malheureux. La direction musicale assurée par Martien Bélanger est impeccable, les musiciens-chanteurs-manipulateurs tout aussi rigoureux, la mise en scène de Martin Genest est imaginative, les marionnettes et la manipulation de Pierre Robitaille sont à couper le souffle et Véronique Laroche est resplendissante, tant par sa voix à découvrir que son jeu rafraîchissant. Il serait difficile de rester impassible face à tant d'énergie et de dynamisme, surtout lorsque le plaisir des artistes révèle un véritable feu d'artifice sur scène. À quand un troisième rendez-vous à Québec avec Cabaret Gainsbourg?

13-06-2011


La omisión de la familia Coleman - Buenos Aires, Argentine
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Du 9 au 11 juin à 20 h
Durée : 1 h 30
En espagnol, surtitré en français
Théâtre de la Bordée
Un spectacle de Teatro Timbre 4

...la suite + critique de Sophie Vaillancourt Léonard

Dans un appartement vieillot d’un quartier pauvre de Buenos Aires vit l’atypique et joyeusement dysfonctionnelle famille Coleman. Composée de la grand-mère, de la mère et de ses quatre grands enfants nés de pères absents, la tribu Coleman est constamment au bord de l’éclatement. Visiblement inaptes à s’inscrire dans la normalité, ses membres affichent, en l’absence d’autorité parentale, des comportements tous plus disjonctés les uns que les autres.

Il faut dire qu’entre eux s’est depuis longtemps installée une dynamique attraction/répulsion qui les amène à entretenir une crise perpétuelle. S’il se dégage de leurs rapports familiaux une anarchie certaine et un manque évident de retenue – coups de gueule et taloches sont leur pain quotidien – l’amour inconditionnel qui les unit saute aux yeux. Incapables de cohabiter harmonieusement, ils sont tout aussi incapables de s’affranchir les uns des autres... jusqu’à ce qu’un événement inopiné survienne, fragilisant l’équilibre déjà précaire de la famille au point de provoquer l’effondrement de l’ordre établi.

Comédie grinçante et jouissive, La omisión de la familia Coleman de l’auteur et metteur en scène argentin Claudio Tolcachir traite, sur un ton jubilatoire, de l’instinct de survie et des faillites de la famille comme institution. Les dialogues incisifs et les répliques explosives qu’il donne à dire à ses irrévérencieux comédiens s’inscrivent dans une frénésie ambiante faite de délires absurdes et de non-dits loufoques. L’omission dont il est question dans le titre, plus qu’une absence réelle, constitue le modus vivendi de cette famille : ne pas se parler, ne pas dialoguer, ne pas résoudre les conflits. Transposée sur scène en un réalisme des plus éclectiques, la cacophonie qui règne dans l’univers Coleman appelle une esthétique de « broche à foin » que les spectateurs sont appelés à côtoyer intimement, devenant, face à ce théâtre du quotidien, des « intrus privilégiés ».

Texte et mise en scène Claudio Tolcachir
Assistante à la mise en scène Macarena Trigo
Avec
Araceli Dvoskin (Grand-mère)
Miriam Odorico (Néné)
Inda Lavalle (Veronica)
Claudio Tolcachir (Mario)
Tamara Kiper (Gabi)
Gerardo Otero (Damian)
Gonzalo Ruiz (Hernan)
Jorge Castaño (Le Médecin)
Lumière Omar Possemato
Direction de production Maxime Seugé et Jonathan Zak
Production Teatro Timbre 4
Photo: Giampaolo Samà

Remerciements Gobierno de la Ciudad de Buenos Aires


critique par Sophie Vaillancourt Léonard

La 12e édition du Carrefour international de théâtre clôt cette année sa programmation avec, entre autres, une saga familiale venue tout droit de Buenos Aires. La omisión de la familia Coleman, écrite et mise en scène par Claudio Tolcachir, roule sa bosse depuis 2005 et s'est vue décerner un nombre impressionnant de prix, tant dans son pays d'origine qu'ailleurs. La pièce étant présentée dans sa langue originale, l'espagnol, les spectateurs québécois ont droit aux surtitres épurés, considérant la quantité de texte qui sera dite du début à la fin, mais permettant d'en saisir l'essentiel. Si bien des répliques ne sont pas traduites intégralement, il est tout de même délicieux de les entendre dans leur langue maternelle ; assister à une traduction édulcorerait sans aucun doute le ton décapant et le rythme effréné de ceux que l'on a surnommés, les « Bougons » argentins.

Bougons peut-être dans leur image de tare sociale : sans emploi, sales, les Coleman profitent de toutes les occasions possibles — comme le séjour à l'hôpital de la grand-mère — pour utiliser ce qui est à leur disposition. Mais les Coleman sont plus que ça : ils sont complètement fous. La grand-mère, matrone de la maison qui les prend tour à tour sur ses genoux, la mère, dont l'attitude s'apparente à celle d'une fillette de huit ans, son fils, Mario, souffrant d'une déficience intellectuelle et qu'il ne faut pas laisser sans surveillance, donc encore moins seul avec sa mère, les jumeaux Gabi et Dami, peut-être les deux plus « sains » de la famille, mais rendus terriblement amères face à leur vie et Véronica, seule rescapée de cette hécatombe familiale, son père l'ayant sortie de la maison alors qu'elle était bébé. D'ailleurs, des pères, il n'y en a aucun. Ici, c'est principalement un univers de femmes et de toute évidence, les hommes manquent. Dans cette famille bancale, ou chacun se défile de ses responsabilités et où la fuite devient le seul point de salut, les personnages, à la fois hilarants et bouleversants d'humanité, font autant rire que réfléchir sur ceux pour qui la société ne semble pas faite sur mesure.

Avec La omisión de la familia Coleman, le Carrefour international de théâtre termine sa programmation à la hauteur de ce qu'il aura été au cours de ces deux dernières semaines : avec énergie, émotion, réflexion et sourire. Vivement le printemps 2012 !

10-06-2011



Les Chantiers

Réminiscence - Laboratoire
30 mai à 19 h
Durée : 1 h
Théâtre Périscope
Face à la mer, des hommes et des femmes font l’inventaire de leur vie. Que reste-t-il de leur mémoire ? Qu’ont-ils perdu, qu’ont-ils préservé ? Ils se dépouillent du superflu, de ce qui les encombre. Une plongée en douceur pour toucher à l’essentiel, là où l’intime rejoint l’universel. Ce qu’on trouve en soi, on le reconnaît en l’autre.
Texte Jean-Philippe Joubert
Avec Danièle Belley, Laurie-Ève Gagnon, Valérie Laroche, Sonia Montminy, Olivier Normand-Laplante ainsi que Jean-Philippe Joubert et Mathieu Campagna
Conception Michelle Bouchard, Claudia Gendreau, Mathieu Campagna, Jean-Philippe Joubert et Julie Morel
Production Nuages en pantalon
Photo: Engloutis No 56 de Rafael Sottolichio

Crise de confiance
Le théâtre et la danse ne font plus qu’un. Et cette union symbiotique est au cœur d’une œuvre brillante, troublante et criante d’actualité. TRUST, tableau vivant aussi caustique que vigoureux sur fond de crise financière, pose une question essentielle, urgente : à l’heure où les couples se forment et se disloquent aussi vite que les valeurs boursières grimpent, puis chutent, peut-on encore croire en quelque chose, en quelqu’un ?

Au sein de ce chaos idéologique, l’individu, isolé, désarmé, ne sait que faire. C’est ce désarroi engourdissant, cette funeste incapacité à se secouer et à agir que décrivent le cinglant auteur allemand Falk Richter et l’éloquente chorégraphe néerlandaise Anouk van Dijk. Lui, par des monologues directs et des échanges corrosifs ; elle, par des enchevêtrements de corps en constant déséquilibre, mais tentant de se soutenir mutuellement jusqu’à ce que, inéluctablement, l’un ou l’autre se défile. Un superbe et saisissant spectacle de la mythique Schaubühne de Berlin.

Un spectacle de Schaubühne Am Lehniner Platz
Mise en scène et chorégraphie Falk Richter + Anouk Van Dijk
Avec Peter Cseri + Anouk Van Dijk + Lea Draeger + Jack Gallagher + Vincent Redetzki + Judith Rosmair + Kay Bartholomäus Schulze + Stefan Stern + Nina Wollny + Malte Beckenbach (Musicien)
Scénographie Katrin Hoffmann
Costumes Daniela Selig
Musique Malte Beckenbach
Dramaturgie Jens Hillje
Lumières Carsten Sander
Vidéo Julia Elger

Avec le soutien de Fondation néerlandaise des arts vivants + Communauté d’Amsterdam + Ambassade du Royaume des Pays-Bas
Coproduction Anoukvandijk dc
Présentation en collaboration avec Place des Arts + Goethe Institut + Ministère des Affaires étrangères de l'Allemagne
Création à la Schaubühne Am Lehniner Platz de Berlin en octobre 200


La faute à Persée - Lecture
4 juin à 11 h
Durée : 1 h 45
Premier Acte
Il pleut des météores en cette nuit des perséides. Deux d'entre eux terminent leur vol céleste ici, sur Terre. Pour Félix et Henri, ce météorite aurait pu réaliser leur rêve : les tuer d'un coup. Pour Ludwig et Maurice, il provoque la mort d'un vieillard, les empêchant de réaliser l'ultime souhait de ce dernier. Pourquoi ? À cause de qui ? Est-ce la faute à Persée?
Texte Marc Auger Gosselin
Avec Gabriel Fournier, Israël Gamache, Jean-René Moisan et Marc Auger Gosselin
Production Concerto pour Pendrillons

Party chorégraphique
Sylvain Émard persiste et signe une nouvelle création de son continental réinventé. Porté par le succès électrisant de ses deux premières expériences au Festival TransAmériques, ce pilier de la danse contemporaine québécoise a osé rêver encore plus grand pour la réalisation du Continental XL. Il réunit 200 personnes et fait déferler sur la place des Festivals une immense vague de passion, de fougue et de joie de vivre. Un chassé-croisé où la danse contemporaine contamine la populaire danse en ligne. Un tsunami de bonne humeur.

Âgés de 12 à 72 ans, étudiants en danse ou purs amateurs, les interprètes du Continental XL sont tous atteints par un même virus. Terriblement contagieux. Celui du plaisir viscéral de la danse en ligne qui atteint ici des sphères insoupçonnées. Guidés par une poignée de danseurs professionnels et accompagnés en direct par DJ Mini, ils nous invitent au rendez-vous le plus festif et le plus rassembleur du FTA.

Un spectacle de Sylvain Émard Danse
Chorégraphie Sylvain Émard
Conception sonore Martin Tétreault
Musique en direct DJ Mini
Lumières Bruno Rafie
Assistanat-interprétation Nathalie Blanchet + Maryse Carrier + Mark Eden-Towle + Geneviève Gauvreau + Jean-François Légaré + Alexandre Parenteau + Julie Siméon + Catherine Viau + 200 danseurs amateurs

Coproduction Festival TransAmériques
Coprésentation Quartier des spectacles

Création le jeudi 26 mai 2011 à la Place des Festivals, Montréa


Martine à la plage - Spectacle
4 juin à 21 h
Durée : 1 h 30
Premier Acte
Martine voit flou. Elle se découvre une passion dévorante pour Gilbert Marcel, son optométriste albinos et nouveau voisin. Dès lors, elle s’acharne à ruiner sa vue, afin de voir Gilbert le plus régulièrement possible. Martine à la plage, c’est l’histoire d’une Lolita en swim-aids, une érotomane de 14 ans peu gracieuse, mais terriblement attachante.
Texte et mise en scène Simon Boulerice
Avec Sarah Berthiaume
Direction de production et régie Tania Perno-Viau
Direction technique et éclairages Maxime Clermont-Michaud
Costumes et scénographie Julie Pelletier
Production Abat-Jour Théâtre

La peur au ventre
Inversion des rôles. Ce n’est pas le mouvement qui est à l’avant-plan de cette performance, c’est le son. Il nous prend par les sens pour nous faire vivre l’aventure d’une femme prisonnière de la nuit. Il creuse son chemin de l’oreille au cerveau pour nous glacer le sang. Malaxant la noirceur d’un espace troué par des lumières de fortune, il sculpte minutieusement les contours d’un décor dans nos imaginaires mis en alerte par un étrange dispositif scénique. Concentration extrême. Suspense. Révélé dans ses moindres bruissements, littéralement placé sous la loupe du son, le geste semble si proche qu’il pourrait être nôtre. Là, juste là, Derrière le rideau, il fait peut-être nuit.

Conçue par le compositeur-performeur Martin Messier et la chorégraphe-interprète Anne Thériault, cette courte pièce est un petit bijou de précision et d’inventivité qui abolit la distance entre la salle et la scène, et exalte le lien entre son et mouvement. Poignant.

Interprétation et dramaturgie Anne Thériault
Composition, traitement sonore et dramaturgie Martin Messier
Oeil extérieur Simon-Xavier Lefebvre

Présentation en collaboration avec Société des arts technologiques [SAT]
Création auFestival Akousma, Conservatoire de musique de Montréal, novembre 200


Il n'y a pas d'amours impossibles sauf les amours impossibles [fugues] - Lecture
5 juin à 11 h
Durée : 1 h 15
Premier Acte
Trois époques, trois histoires d'amour. Berlin en plein milieu. Ce qui nous lie et ce qui nous sépare. Ce que ça veut raconter, en fait, c'est que tout n'est pas perdu.
Texte Véronique Côté
Mise en lecture Frédéric Dubois, assisté d'Adèle St-Amand
Avec Marie-Josée Bastien, Jean-Michel Déry, Olivier Normand-Laplante, Steve Gagnon, Catherine-Amélie Côté, et trois autres interprètes.
Environnement sonore Pascal Robitaille
Production Théâtre des Fonds de Tiroirs

La peur mise à mort
Irréductible conquérant d’une identité chorégraphique ibérique libre et affirmée, le prodigieux Israel Galván réitère ses audaces sur les terres encore vierges du flamenco. Il en extrait la substantifique moelle et en magnifie le geste dans de fulgurantes ruptures et suspensions. Il en injecte l’essence dans une arabesque nerveuse, un pas léger de tarentelle, une grimace de butô. Toujours authentique, toujours juste dans ce qu’il incarne.

Après avoir marqué le Festival avec Arena (2007), il revient cette fois-ci entouré de 11 musiciens de flamenco, heavy metal et musique contemporaine pour se livrer à une variation sur L’Apocalypse dans El final de este estado de cosas, redux. De la catin de Babylone au conflit israélo-libanais, en passant par la confrontation avec ses propres démons, une danse endiablée pour combattre la peur. La fin de cet état de choses. C’est ce que signifie le titre. De fait, après cet exorcisme, rien ne sera plus comme avant. Ni le flamenco. Ni ce génial danseur-chorégraphe. Ni son public.

Un spectacle de Compañía Israel Galván

Chorégraphie et interprétation Israel Galván
Direction Artistique Pedro G. Romero - Máquina Ph
Mise En Scène Txiki Berraondo
Chant Inés Bacán + Juan José Amador
Guitare Alfredo Lagos
Percussions José Carrasco
Danse Bobote
Violon Eloísa Cantón
Basse Marco Serrato (« Orthodox »)
Guitare Ricardo Jimenez (« Orthodox »)
Batterie Borja Díaz (« Orthodox »)
Percussions Antonio Moreno (« Proyecto Lorca »)
Saxophones Antonio Bocanegra (« Proyecto Lorca »)

Production A Negro Producciones
Production en collaboration avec Agence andalouse pour le développement du flamenco - Junta de Andalucia + Union européenne

Présentation en collaboration avec Carrefour international de théâtre de Québec + Place des Arts

Création au Teatro de la Maestranza, Séville, en septembre 200


Projet Hänsel & Gretel - Laboratoire
5 juin à 19 h
Durée : 1 h 15
Premier Acte
Un homme et une femme abandonnent leurs deux enfants au coeur de la forêt. Le conte Hänsel et Gretel dépouillé de ses fioritures. L’humain face à son animal, sa nature véritable, combative, viscérale. La forêt, profonde et inconnue, la Nature et ses lois cruelles, absolues. Hänsel et Gretel, un conte sans fée.
Texte Texte collectif
Conception Ariane Sauvé
Avec Caroline B.-Boudreau, Danièle Belley, Claude Breton-Potvin, Philippe Durocher, Simon Larouche
Production Le Monstre Sacré

Les eaux de Babel
Pororoca. Le mot désigne le puissant corps à corps entre les flots rugissants de l’Amazone et les courants de l’océan Atlantique où il se jette. Pour Lia Rodrigues, il devient métaphore de la rencontre des différences. Elle agite la scène d’une houle incessante, dresse ses 11 danseurs en une fougueuse vague multicolore, masse fluide d’énergie compacte qui se gonfle, roule, se brise et se reforme dans une nouvelle étreinte des corps. Un nouveau choc avant la prochaine accalmie. Une nouvelle tentative de trouver le point de bascule qui va transformer le chaos en harmonie. Les gestes sont nerveux ; les souffles, rauques. Trouver sa place dans le frottement des chairs. Être. Être ensemble. Un défi de toujours.

Après avoir maculé le Festival du sang-ketchup d’Incarnat (2007), la chorégraphe brésilienne vient l’éclabousser d’une beauté crue nourrie de rage, d’espoir et d’animalité. Une fois encore, dans le silence le plus total. Un silence d’une rare éloquence.

Un spectacle de Lia Rodrigues Companhia De Danças

Création Lia Rodrigues
Création et interprétation Jamil Cardoso + Francisco Cavalcanti + Thais Galliac + Ana Paula Kamozaki + Lidia Larangeira + Amália Lima + Gabriele Nascimento + Calixto Neto + Leonardo Nunes + Paula De Paula + Bruna Thimotheo
Participation à la création Allyson Amaral + Carolina Campos + Volmir Cordeiro + Priscill A Maia + Clariss A Rego
Dramaturgie Silvia Soter
Costumes João Saldanha + Marcelo Braga
Lumières Nicolas Boudier

Coproduction Centre national de danse contemporaine (Angers) + Théâtre le Quai
Avec Théâtre Jean Vilar (Vitry-sur-Seine) + Théâtre de la Ville - Festival d’automne (Paris) + Kunstenfestivald Esarts (Bruxelles)

Avec le partenariat de Redes de Desenvolvimento Da Maré
Avec le soutien de Espaço Sesc (Rio de Janeiro) + Fondation Prince Claus pour la culture et le développement + Petrobrás
Présentation en collaboration avec Usine C

Création au Théâtre le Quai, Paris, en novembre 200


Labo M - Laboratoire
6 juin à 21 h
Durée : 1 h 10
Premier Acte
Labo M met en scène un quatuor de jeunes artistes passionnés, mais coincés dans des boulots alimentaires sécurisants, qui font le pacte de vivre selon les principes de la bohème du XIXe siècle : ils abandonnent leur emploi pour se consacrer désormais – et exclusivement – à leurs ambitions artistiques.
Texte Alexandre Fecteau et les acteurs du spectacle
Mise en scène Alexandre Fecteau
Assistance à la mise en scène Stéphanie Hayes
Avec Francesca Bárcenas, François Bernier, Anne-Valérie Bouchard, Frédérique Bradet, Anne-Marie Côté, Israël Gamache, Eliot Laprise, Hubert Lemire, Martin Perreault, Sophie D. Thibeault
Production Nous sommes ici (Québec) et DuBunker (Montréal)

Périple initiatique
Dans une nuit profonde pulsant du souvenir lointain des origines du monde, deux individus se dépouillent des oripeaux d’humains civilisés et retrouvent leur essence animale. Ils s’enfoncent dans la forêt, renaissent, font corps avec la terre. Ils s’affrontent, ils s’allient, respirent avec la terre. Courageux prospecteurs en recherche d’équilibre, ils libèrent leur vision des filtres de l’ordinaire quand le bois révèle son mystère et partage avec eux sa mémoire millénaire.

Dans o deer!, la chorégraphe montréalaise Chanti Wadge révère la puissance de la nature sauvage et ce qu’elle a de précieux. Passant d’une réalité concrète à une imagerie onirique empreinte de rituels chamaniques, elle traduit l’importance pour chaque être vivant de rester connecté à soi, aux autres et à l’environnement. Une idée qui filtre tout naturellement à travers un objet chorégraphique teinté d’humour et d’une grande poésie visuelle et sonore. Spirituel et écologique.

Un spectacle de Chanti Wadge

Chorégraphie, direction artistique Chanti Wadge
Interprétation David Rancourt + Chanti Wadge
Répétitrice et conseillère artistique Karine Denault
Musique, conception sonore Alexander Macsween
Scénographie et costumes Linda Brunelle
Lumières Lee Anholt

Coproduction Festival TransAmériques
Présentation en collaboration avec Agora de la danse

Création à Lille (France), Festival « Les Reperages », en mars 2010


Que l’inoubliable se pende - Laboratoire
7 juin à 19 h
Durée : 55 minutes
Premier Acte
Trois blondes sur un plateau... L’une fait de la musique. Une autre projette des images de Bonnie and Clyde. La troisième veut devenir Lady Macbeth. Une création « performative » sur la rupture et la quête de l’oubli. Une écriture scénique sensible portée par une recherche et un désir du dialogue entre les disciplines.
Extrait de Macbeth de William Shakespeare
Traduction
Jules Lacroix (1840)
Mise en scène
Elaine Juteau

Avec
Sur scène
Elaine Juteau, Andrée-Anne Giguère, Nicolas Longpré
Sur vidéo Gabriel Fortin et Elaine Juteau

Collaboratrice vidéo Andrée-Anne Giguère
Collaborateur musical Nicolas Longpré
Réalisation des images Gabriel Fortin, Andrée-Anne Giguère et Elaine Juteau
Montage Andrée-Anne Giguère et Elaine Juteau
Paroles du karaoké Elaine Juteau
Musique du karaoké Nicolas Longpré
Conception de l'éclairage Andrée-Anne Giguère et Elaine Juteau
Photo : Andrée-Anne Giguère

D’homme à homme
Pas de tabous, pas de faux-semblants. La relation de Guilherme Garrido et Pieter Ampe est tissée de pulsions contradictoires que le tandem luso-belge expose sans pudeur dans Still Standing You. Sont-ils amis, amants, frères, rivaux ? On ne saurait jurer de rien, si ce n’est de la vigueur de leurs affrontements. De tapes dans le dos en coups de ceinture claqués sur la peau nue, de jeux de pouvoir en actes de rébellion, ils éprouvent la force de leur lien et se poussent mutuellement dans les cordes d’un ring imaginaire. Mais la violence est mâtinée d’un humour ravageur. Dans les corps suants et haletants s’enracinent avant tout complicité, confiance et tendresse partagée.

À l’aube de la trentaine, ce duo atypique de créateurs européens poursuit une recherche engagée voilà quelques années. Déchirant le silence et l’espace nu d’une puissance virile à l’état brut, ils renouvellent le regard sur la masculinité et sur la danse. 100 % testostérone !

Un spectacle de Campo

Chorégraphie et interprétation Pieter Ampe + Guilherme Garrido
Dramaturgie Rita Natálio
Oeil extérieur Louise Van den Eede
Coproduction Stuk (Louvain) + Buda (Courtrai)

Création à Gand, Belgique en avril 2010.


La Maladie de la mort - Laboratoire
9-10 juin à 19 h
Durée : 40 minutes
Premier Acte
La Maladie de la mort, c’est la quête désespérée d’un homme à la recherche du sentiment amoureux qu’il espère trouver à travers une relation tarifée. Un spectacle multimédia entre performance électro-théâtrale et chorégraphie sous vidéo-surveillance. Une expérience à partager en salle et en direct sur Internet.
Texte Marguerite Duras
Mise en scène Christelle Derré
Avec Bertrand Farge, Lydie O'krongley (danseuse), David Couturier (création musicale), Martin Rossi (Création multimédia)
Chorégraphie Odile Azagury Réalisateur web Gyomh
Production La Tarte aux plumes

Double inconstance
Deux femmes clouées sur place en pleine action. Le feu des projecteurs les a figées comme deux lapins surpris par une voiture au beau milieu de la nuit. La première image de Road Trip (je ne regrette rien) laisse supposer que quelque chose de grave est arrivé. Son intrigue palpitante et subtilement déstructurée amplifie ce sentiment sans jamais l’éclaircir. La seule grande évidence est le lien viscéral entre les personnages. Un lien rongé par l’ambivalence et par l’irrésoluble rivalité féminine. Complexité de la nature humaine. Engagement absolu des corps dans les montagnes russes d’un face-à-face tragicomique.

Concoctée par Susie Burpee et Linnea Swan, jeunes créatrices basées à Toronto, cette courte pièce porte la marque d’une signature affirmée qui conjugue danse contemporaine et art du bouffon. Burlesque et tension dramatique se fondent naturellement dans un scénario qui superpose les univers de David Lynch et des Monty Python. Délicieusement extravagant.

Création et interprétation Susie Burpee et Linnea Swan
Conseil artistique Marie-Josée Chartier
Musique Rachel’s
Présentation en collaboration avec Monument-National

Création au Canada Dance Festival, Ottawa, Ontario, juin 2010


Batailles sans guerre - Performance in situ (à l’extérieur)
10 juin à 4 h (lever du soleil) et 20h
Durée : 1 h 20
Premier Acte
Batailles sans guerre puise sa matière dans notre mémoire des contestations, des catastrophes et des échecs politiques de Québec. Le spectacle tente de dresser un bilan de notre passé afin de comprendre notre présent et d’inventer notre futur, à travers des événements historiques revécus par le personnage de Faust, et dont le Sommet des Amériques constituera le moment clef.
Dramaturgie et mise en scène Hanna Abd El Nour
Conseillère dramaturgique
Émilie Martz-Kuhn
Avec Sylvio Arriola
Espace, scénographie et costume
Élise Dubé et Danielle Boutin
Lumière Martin Sirois
Espace sonore Érick D’Orion
Photographie, cinéma Élias Djemil
Directrice de production Élise Coulombe
Production Théâtre de l’Urd
Photo: Elias Djemil

Confrontation percussive
L’attaque est explosive. Le son claque dans l’espace et impose sa loi. Le mouvement s’y bute comme contre une porte vitrée. Il y puise sa force et y trouve sa perte. Hit and fall. Le compositeur-performeur Martin Messier et la chorégraphe-interprète Caroline Laurin-Beaucage se lancent à corps perdus dans un ardent échange autour d’une batterie. Un combat sans merci entre la chair et le son. Pas de balais pour caresser les peaux ni de roulements de tambour pour annoncer la couleur. Démembrée et à terre, la bête percussive se laissera peut-être amadouer. Mais pour un temps seulement. Invincible, impassible, elle regardera la danseuse s’abîmer dans une lutte aussi furieuse que vaine.

À partir de leur connexion corporelle à la batterie, les deux créateurs québécois poussent leurs recherches respectives sur le lien puissant entre musique et danse dans cette courte pièce construite en quatre tableaux frénétiques. Des percussions en perfusion qui font monter l’adrénaline.

Chorégraphie et interprétation Caroline Laurin-Beaucage
Composition musicale et interprétationMartin Messier
Oeil extérieur Sarah Hanley

Présentation en collaboration avec Monument-National
Création au Bain Saint-Michel, Montréal, juin 200


Déluge - Lecture
11 juin à 11 h
Durée : 1 h
Premier Acte
Solange se voit confier d’urgence pour la journée, par une voisine qu’elle connaît à peine, un très jeune enfant. Dans un déluge de mots, la pièce raconte la douce folie de cette femme incapable de s’accrocher au rythme effréné de la vie moderne et dont la fiction intérieure l’amène inconsciemment à commettre l’irréparable.
Texte Anne-Marie White
Mise en lecture Marie-Josée Bastien
Avec Geneviève Couture, Pierre Antoine Lafon Simard et Isabelle Roy
Production Le Théâtre du Trillium

Une énigme à résoudre
Pourquoi une chorégraphe dirigerait-elle ses danseurs sans jamais voir comment leur corps habite l’espace ? Marie Béland s’est imposé cette folle contrainte pour calibrer au millimètre près une audacieuse expérience. Dans Behind : une danse dont vous êtes le héros, elle nous invite, en quelque sorte, à regarder la chorégraphie par le trou de la serrure. À nous de la deviner en observant les ombres portées des danseurs et le reflet diffus de leurs silhouettes sur le tapis de danse. À nous de mettre en images les échanges de plus en plus musclés d’un invisible couple, en s’accrochant aux indices sonores et visuels distillés au compte-gouttes. Quand s’ouvriront donc ces foutus panneaux qui obstruent la vision ?

Chorégraphe parmi les plus dynamiques de la génération montante, Marie Béland radicalise ici son questionnement sur les codes de la représentation et sur la relation au spectateur. Une expérience sensorielle et fantasmatique aussi inattendue que jouissive.

Création Marie Béland
Collaboration à la création et interprétation Rachel Harris + Peter Trosztmer
Dramaturgie Katya Montaignac
Musique Avec Pas d’Casque (Stéphane Lafleur + Nicolas Moussette + Joël Vaudreuil)
Lumières Frédérick Gravel
Décor Frédérick Gravel + Jonathan Inksetter

Présentation en collaboration avec Monument–National

Création à Tangente, Montréal, décembre 201




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