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30 avril, 1er et 2 mai 2015, 20h
Paradoxe mélodieParadoxe mélodie
Direction artistique et chorégraphie Danièle Desnoyers
Avec Tal Adler, Karina Champoux, Molly Johnson, Jason Martin, Brice Noeser, Pierre-Marc Ouellette, Nicolas Patry, Clémentine Schindler, Anne Thériault, Élise Vanderborght

Après des années de travail interdisciplinaire avec des compositeurs, Danièle Desnoyers avait choisi, en 2010, de replacer le mouvement au cœur de ses créations. Et elle avait si bien atteint son but dans Dévorer le ciel, coproduite par Danse Danse et programmée au Centre Pierre-Péladeau, que les codirecteurs de la série s’étaient tout de suite engagés à répondre au grand besoin d’espace de sa danse en lui offrant le plateau du Théâtre Maisonneuve pour une prochaine création. La promesse devient réalité avec Paradoxe Mélodie, offerte en première mondiale en juin 2014 au Festival Canada Danse.

« Comment la danse peut-être être projetée dans la vie et comment la vie, en retour, peut-elle trouver écho dans un corps qui danse? » Les créations de la chorégraphe évoquent toujours un subtil mouvement de va-et-vient entre l’ordre et le chaos. Méditation sur la dualité du monde, son art oscille entre rigueur et extravagance, tension et relâchement, délicatesse et énergie débridée.

Si son écriture continue de prendre de l’ampleur avec de longs phrasés qui viennent débusquer l’émotion dans les tréfonds du corps, la chorégraphe ramène la musique live avec la présence sur scène de la harpiste Éveline Grégoire-Rousseau qui interprète la composition du directeur musical de l’œuvre Nicolas Bernier, manipulée en direct par le sonorisateur et complétée d’une partition électroacoustique préenregistrée. En réveillant nos mémoires auditives et affectives avec ses sonorités légères, et des manipulations en direct la harpe fait surgir un désir d’élévation et des clichés que la fondatrice du Carré des Lombes dévoie avec une bonne dose d’humour. Les arpèges sont délicieusement pervertis par le travail électroacoustique et la danse, solidement ancrée dans la contemporanéité, vient défier l’instrument et toute l’imagerie qu’il trimballe.

Danièle Desnoyers débute sa carrière en 1986 avec Des héros désaffectés où elle sonde déjà l’expressivité du corps. Elle fonde Le Carré des Lombes en 1898 et s’impose dans les années 90 comme l’une des Québécoises dont la sensibilité et l’originalité participe à l’émergence de nouvelles perspectives en danse. Ses projets chorégraphiques singuliers se distinguent par la conception de dispositifs scéniques et d’environnements sonores qui agissent fortement sur le langage du corps.

Volubile et généreux, son langage se caractérise par une oscillation permanente entre la rigueur et la folie. Toujours empreint d’humour et de sensualité, il se décline dans Paradoxe Mélodie en dentelle ciselée, en duos vigoureux et en explosions d’énergie.

L’œuvre marque la quatrième présence de la compagnie à la série Danse Danse après Concerto grosso pour corps et surface métallique et Play it again! (respectivement coprésentée avec l’Agora de la danse en 1999 et en 2005) et Dévorer le ciel.


Section vidéo


Direction des répétitions Sophie Corriveau
Composition musicale Nicolas Bernier
Harpiste Éveline Grégoire-Rousseau
Conception lumières Marc Parent
Conception costumes Denis Lavoie / Le Carré vert
Conception maquillages et coiffures Angelo Barsetti
Aménagement scénique Danièle Desnoyers
Direction technique et sonorisation Guillaume Cavaliere-Beranek
Régie lumières Gonzalo Soldi.

Rencontre après spectacle : 1er mai

Tarif : 63,00 $ | 55,50 $ | 48,50 $ | 34,00 $
Billets à prix d’abonnement : disponibles jusqu’au 1er novembre 2014.
Tarif jeunesse (30 ans et moins) disponible à partir de la Section B : 20 % de réduction sur le prix courant (preuve d’âge exigée, en personne seulement).
Les prix des billets réguliers sont sujets à changement sans préavis

Paradoxe Mélodie est une production de la compagnie Le Carré des Lombes en coproduction avec le Théâtre National de Chaillot (Paris), le Cultuurcentrum (Bruges), le Centre National des Arts (Ottawa), le Festival Danse Canada (Ottawa), le Théâtre Centennial (Sherbrooke), Danse Danse (Montréal), le réseau CanDance (Toronto), le Département de danse de L’UQÀM et la Faculté des Arts de l’UQÀM (PAFARC).

Présentation de Danse Danse


Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112
 
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 Critique
Critique

par Sara Thibault


Crédit photo : Luc Senécal

Pour terminer sa saison 2014-2015, Danse Danse présentait jusqu’au 2 mai Paradoxe Mélodie, de la chorégraphe Danièle Desnoyers. Depuis 25 ans, sa compagnie Le Carré des Lombes a produit une quinzaine de créations marquantes au Canada et aux États-Unis, mais aussi en Asie et en Europe.

Depuis son spectacle Discordantia, Danièle Desnoyers poursuit un cycle de création qui provoque un dialogue entre la danse et des environnements sonores parfois discordants. Cette fois, c’est autour de la harpe que la chorégraphe cristallise sa création, en la faisant dialoguer avec la musique électroacoustique de Nicolas Bernier. Pour ce faire, elle a fait appel à la harpiste Éveline Grégoire-Rousseau, fondatrice du groupe Plumes, dont la démarche vise justement à démystifier son instrument en le confrontant à des répertoires aussi classiques que populaires.

Les dix interprètes de Paradoxe Mélodie forment une microsociété hétérogène. Desnoyers excelle dans les chorégraphies de groupes, qui donnent lieu à de très beaux tableaux oscillant entre énergie brute et relâchement. Le poids du nombre était savamment exploité par la chorégraphe pour créer des mouvements à la fois chaotiques et raffinés. Toute la scène du Théâtre Maisonneuve s’est transformée, le temps de quelques soirs, en un grand terrain de jeu où les interprètes roulaient sur le sol, couraient et dansaient, alors que la musique était retravaillée en direct sur scène.

On reconnaît bien dans Paradoxe Mélodie la griffe de Danièle Desnoyers, avec ses chorégraphies plus près du mouvement que de la danse et avec l’attention particulière qu’elle porte à la musique. Toutefois, sa nouvelle création n’arrive pas à tracer un fil conducteur assez fort pour donner l’unité qui manque au spectacle. Plusieurs tableaux s’intégraient mal à l’esthétique globale et affaiblissaient le spectacle. C’est le cas notamment d’un passage plus théâtral où les danseuses Anne Thériault et Molly Johnson déambulaient sur la scène en robe de soirée en évoquant la folie féminine d’une manière plutôt ludique.

Outre quelques bémols, l’originalité et l’audace de la proposition expliquent bien le succès que la chorégraphe remporte à l’étranger. Alors que le Paradoxe Mélodie part pour l’Europe dans les prochaines semaines, Danièle Desnoyers planche déjà sur sa prochaine création, Anatomie d’un souffle, un spectacle pour orgue et danseurs qui sera présenté à la Maison symphonique au printemps 2016.

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